le blog de l'athénée

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Pleins feux

"C'est un règlement de compte, une explication, une scène de ménage."

Posté le : 19 mai 2010 09:44 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Une Maison de Poupées

D’Une maison de poupées, il y a eu sur le blog les répétitions aux Lilas, à Niort et à Dijon.

Voici aujourd’hui une représentation à Paris dans ce diaporama de deux minutes.
NB: quasiment toutes les photos ont été prises des coulisses.

 

 

Si vous ne pouvez pas lire la vidéo, cliquez pour aller sur YouTube.

 

Ce soir, Nils Öhlund, le metteur en scène d’Une maison de poupées, sera en ligne sur le tchat de l’Athénée pour discuter en direct avec vous: connectez-vous sur le site de l’Athénée entre 19h et 20h !

Une maison de poupées continue jusqu’à samedi.

La corde verte du lapin qui siffle

Aux feux !

Posté le : 18 mai 2010 08:10 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Une Maison de Poupées

Xavier Carré est le créateur des lumières d’Une maison de poupées, et il a également été régisseur du spectacle lorsqu’il était en tournée.
On ne le voit pas beaucoup sur la photo, parce qu’un créateur/régisseur lumière est rarement sous les projecteurs: son boulot, c’est plutôt d’être derrière, ou sur sa console, ou… bon, pas souvent sous les projecteurs quoi.

Depuis qu’Une maison de poupées se joue à l’Athénée, ce sont Jano et Mano, régisseurs du théâtre, qui ont pris la relève comme c’est le cas sur toutes les pièces accueillies à l’Athénée.

Xavier est actuellement à Aix-en-Provence où il officie en tant que régisseur général adjoint au Théâtre de l'Archevêché en prévision du Festival d’Art Lyrique, mais il a pris le temps de m’envoyer le plan de feux qu’il a établi pour les représentations d’Une maison de poupées à l’Athénée.

Qu’est-ce qu’un plan de feux?
Tout simplement un schéma indiquant le type de chaque projecteur utilisé ainsi que son emplacement et son orientation dans le théâtre.
Vous reconnaîtrez ici la scène arrondie et la salle de l’Athénée ainsi que, pour ceux qui ont vu le spectacle, le tracé du décor conçu par Virginie Leforestier.

 

(Désolée pour les puristes, j’ai dû couper le plan en deux pour raisons techniques)


Après les deux concerts de Claire-Marie Le Guay hier, Une maison de poupées reprend ce soir et se joue jusqu’à samedi.

Demain, vous pourrez dialoguer avec Nils Öhlund, metteur en scène du spectacle, via le tchat (ou conversation instantanée par internet) de l’Athénée: rendez-vous demain sur le site de l’Athénée entre 19h et 20h!

Bonne journée.

Entretien

Cigares, billets doux et boules de Noël

Posté le : 17 mai 2010 08:02 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Une Maison de Poupées

Dans Une maison de poupées, Nora aime faire les décorations de Noël et mange du chocolat en cachette, Torvald vante l’esthétique de la broderie et ramène du travail à la maison, Kristine fait du tricot, Rank fume le cigare et Krogstad écrit beaucoup de lettres.

Et les acteurs du spectacle?


«Oui, j’ai fait de la broderie quand j’avais vingt-cinq ans, dans les années soixante-dix… J’étais bien entendu dans la mouvance “Flower Power”, et je brodais le dos de mes vestes en jean avec des panneaux bouddhiques: j’avais des tambours de différentes dimensions qui me permettaient de faire un travail ciselé; je faisais des grands Bouddhas assis sur des fleurs de lotus avec, de chaque côté, les quatre premiers disciples. Chaque dos de veste me prenait entre quatre et six mois de travail...»

«J’adore faire les décorations de Noël. Je n’ai pas eu de noël lorsque j’étais enfant, alors aujourd’hui je fais des noëls comme ceux que j’ai vus au cinéma. Je commence à chercher des cadeaux des mois avant, et chacun de mes enfants a sa couleur de papier cadeau pour visualiser immédiatement quels paquets sont à lui ou non. Mon compagnon me regarde avec des yeux ronds et fait un peu son Torvald à dire qu’on dépense peut-être trop de sous !...
J’ai été élevée à la campagne par des gens pas très riches, et je me souviens d’un noël où j’avais juste eu une clémentine et le livre du Petit Poucet. Et puis je passais Noël sans mes parents, parce que mes parents étaient divorcés, ce qui était rare dans les années 1960: j’étais la seule de ma classe dans ce cas...
À Noël, je fais semblant de laisser les enfants décorer, ou plutôt je replace les décorations derrière parce que ce n’est pas toujours très bien réparti dans le sapin…»

«Ah ah, bien sûr que je ramène du travail à la maison… Je ne peux pas faire autrement. Ce n’est même pas à la maison d’ailleurs, c’est 24h sur 24! Je travaille en dormant, en promenant les enfants, en faisant les courses... Oui, évidemment.
Être comédien, c’est un travail permanent —c’est d’ailleurs pour cette raison que l’on est arrivé à calculer que si l’on compte tout le travail que nous avons à faire en dehors des répétitions et des représentations, nous les interprètes, nous sommes rémunérés entre 1,75 et 2,25 euros de l’heure en moyenne…»

«Ah non! J’ai mon jardin secret, mais je n’achète pas de chocolat en cachette, jamais! J’assume même complètement ce genre de choses, à ce niveau-là je suis même plutôt provoc’ comme femme…»

«Oui, j’écris des lettres à plein de gens, j’adore écrire. On a toute la place que l’on veut… En général, j’écris quatre ou cinq feuillets recto-verso. Hier par exemple, j’ai écrit à quelqu’un à qui j’écris souvent, parce que j’avais besoin de lui écrire. Pour moi, écrire est l’une des choses les plus importantes; j’arrive à écrire des choses que je n’aurais pas pu écrire avant.
Je n’écris pas pour me dissimuler, dans le sens où je n’écris pas des choses que je n’arriverais pas à dire dans la vie, mais c’est sûr que je ne formule pas les choses de la même manière à l’écrit ou à l’oral. L’écriture, c’est une musique, un rythme, un souffle, une ponctuation, le vent, l’herbe, l’espace, les bruits, le hors-champ… C’est important le hors-champ, l’endroit où tu écris:  quand il y a de l’orage, j’écris très bien par exemple, j’adore cette ponctuation du claquement ou des roulements du tonnerre.
J’écris à la main: je déteste écrire avec un ordinateur parce que je mets quatre heures à trouver une touche... Par contre, qu’est-ce que j’écris mal... Il y a des gens qui ont une belle écriture, j’en suis très jaloux. Mes destinataires prennent parfois du temps pour répondre aux premières lettres que je leur envoie car ils mettent quinze jours à tout défricher —je dis bien “défricher”, comme un jardin… Mais ensuite, il s’habituent à ma manière de ne pas fermer les voyelles (je ne ferme pas mes a, on dirait des u), de mettre des grandes barres aux t, de mal mettre les pieds de mes p… Je ne sais pas si cela signifie quelque chose.
Hier, il m’est arrivé un truc incroyable: installé à une terrasse au soleil, je me suis rapidement aperçu que la jeune femme à côté de moi était ostensiblement en train de lire ce que j’écrivais. Alors je lui demande: “vous lisez ce que j’écris?” et elle me répond avec une voix très douce:  “oui je m’en excuse, je ne peux pas m’en empêcher... Mais je ne lis pas ce que vous écrivez, je regarde votre main écrire...” Du coup, on a parlé écriture et littérature arabe, parce qu’elle était marocaine.»

«Oui, cela m’est arrivé de tricoter pour mon beau petit-fils. J’ai commencé à lui tricoter une couverture très colorée, mais je n’ai pas fini d’assembler les carrés. Le pauvre, il a déjà deux mois et demi et il n’aura sa couverture que pour cet été...
J’avais aussi tricoté pour ma fille, un truc qu’elle n’a jamais mis, ce sont ses poupées qui l’ont porté… Et je l’avais tricoté en bleu parce que je pensais que ce serait un garçon. Parfois j’ai des accès d’instinct maternel où je suis contente de faire quelque chose avec amour, où je choisis la laine, où je passe du temps… Mais je n’aime pas spécialement tricoter non, je préfère écrire.»

«Je ne fume jamais le cigare, j’ai horreur de ça. Même l’odeur de la fumée de cigare, ça me fait vomir. En revanche je n’ai pas de problème avec la cigarette, ni avec le whisky d’ailleurs. Et après le spectacle, quel bonheur de boire un très bon vin !»

 

Ce soir, les acteurs d'Une maison de poupées font relâche pour laisser place à la pianiste Claire-Marie Le Guay pour son concert Piano Sostenuto où elle interprétera Brahms, Chopin et Karol Beffa.

Bon lundi!

Entretien

Le metteur en scène est-il un acteur comme les autres?

Posté le : 13 mai 2010 08:18 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Une Maison de Poupées

La suite de l’interview de Nils Öhlund, metteur en scène d’Une maison de poupées (vous pouvez retrouver la première partie dans le billet d’hier, ici).

 

— Pourquoi avoir traduit le texte d’Ibsen toi-même?
— En comparant les traductions existantes, j’ai constaté que certains endroits, souvent névralgiques d’ailleurs, étaient traduits très différemment: le sens n’était pas toujours le même, il fallait faire un choix. Je suis donc allé à la source norvégienne pour voir quel était le mot original et essayer de comprendre pourquoi il avait été traduit comme ci ou comme ça.
Avec mes notions d'anglais, d'allemand et de suédois, le norvégien m'a paru assez accessible: je me suis alors décidé à me faire envoyer un dictionnaire norvégien-français pour traduire le texte mot à mot et réaliser ma propre adaptation.
Finalement, je ne voulais pas passer par le prisme d’un autre traducteur et ai décidé de mettre la traduction au service du sens du projet: le travail de dramaturgie commence en effet dès la traduction. La langue d’Ibsen est sèche, directe et répétitive, loin de la richesse de la langue française. Je tenais à restituer ce côté brut. Je ne suis pas universitaire, je n’ai pas de vérité d’Ibsen à restituer, j’ai peut-être fait des erreurs: mais nous ne jouerons que quelques mois alors qu’Ibsen, lui, restera. Je cherche juste à dialoguer avec lui. Cela passait aussi par le filtre de l’acteur que je suis: le jeu est forcément lié à la langue...
Le seul problème, c’est peut-être que ce texte est très connu et qu’il est monté quatre fois cette saison à Paris: la majorité des spectateurs viennent donc avec une certaine idée de la pièce et non pas avec la virginité ou la fraîcheur que l’on pourrait attendre. J’aurais sans doute aimé que le public fasse une découverte innocente de notre histoire et que nous subissions pas forcément la comparaison…

— Tu viens de le rappeler, tu es d’abord acteur, et Une maison de poupées est ta première mise en scène. As-tu eu la tentation de jouer dans le spectacle?

— Non, car j’ai aussi choisi cette pièce en pensant à des acteurs précis. J’aimerais jouer ce texte, évidemment, j’adorerais, même les rôles féminins. Mais la mise en scène décuple aussi le plaisir car, au-delà du fait que je préfère les répétitions aux représentations, quelque part, elle permet de vivre tous les rôles.

— Prenons le rôle de Torvald par exemple, puisque tu lui donnes une place essentielle dans ta mise en scène. En quoi est-il intéressant à jouer pour un acteur?

— C'est un rôle magnifique, complexe, attachant et repoussant en même temps. La difficulté est de créer de la sympathie en même temps que de l’antipathie, ce qui provoquera de l’empathie au final.
[Silence] Enfin là, je suis en train de te dire ce que j’aimerais que le public ressente… Je fais la traduction et la mise en scène, je joue tous les personnages et puis je fais le public aussi, quel mégalomane…

— Tu viens de me dire que tu préfères les répétitions aux représentations. Les acteurs disent plutôt habituellement le contraire!
— Pour moi, les moments de grâce ont toujours lieu en répétition. Tu vis quelque chose en répétition que tu essaies de retrouver lors de la représentation. En répétitions, les acteurs sont détachés du désir de plaire: on est simplement dans l’instant, dans l’écoute, et l’“aimez-moi” qui est inhérent à tout acteur en représentation est absent. J’estime qu’il faut se libérer de cela et ne pas essayer de séduire le public.

— Cela signifie-t-il que tu es déçu par les représentations lorsque tu les compares aux répétitions, que cela soit en tant qu’acteur ou que metteur en scène?

— Non, car si les moments de grâce ont lieu en répétitions, ils se font par instant. Après ces moments décousus, la représentation crée une unicité grâce à la présence du public. Je ne suis donc pas déçu par les représentations, je cherche simplement à retrouver la fluidité, la liberté et le détachement des répétitions. Les soirées complètement magiques arrivent, mais elles sont rares et donc très précieuses. Jouer, c'est être en quête de la représentation idéale, ne pas oublier que rien n'est jamais acquis...

— Il y a un an presque jour pour jour, nous avions un entretien à propos des Justes et des Mains sales où tu me disais que “tout ce qu’on fait, c’est pour être moins seul”: es-tu toujours d’accord avec cela?
— Oui, plus que jamais. Voir toute une équipe, acteurs, techniciens, administratifs, costumiers, scénographes, etc. défendre ton projet et prendre charge ce dont tu as rêvé, c’est tellement vertigineux! Et encore plus si le public nous rejoint! Cela m’émeut beaucoup: nous ne sommes pas seuls, nous ne sommes pas seuls… Notre nature nous pousse à la recherche de l’autre alors que l’on ne pourra jamais faire l’expérience de l’autre.
D’ailleurs, dans Une maison de poupées, en interrogeant le couple, on pose également la question de l’individualisme! Est-il nécessaire? Comment exister à l’intérieur d’un couple, quelle part de liberté laisser à l’autre?
[Silence]
C’est formidable, tu m’écoutes… Et puis comme on se connaît, c’est bien, je n’ai pas besoin d’essayer de me faire passer pour quelqu’un d’intelligent…

— Il y a aussi la thérapie pour ça, si tu veux.
— Ah ah, mais je n’ai pas besoin, le théâtre est aussi l’endroit où tu peux mettre des mots sur des émotions. C’est l’endroit où tout est possible, où tu peux tout exprimer dans un cadre très protecteur. Il y a une adrénaline qui me fait retrouver ce que je ressentais lorsque je pratiquais le rugby en compétition: j’étais souvent capitaine d’équipe et me devais donc d’emmener le groupe, comme aujourd’hui en tant que metteur en scène…
Le rugby est une belle école de la vie où tu gagnes un esprit de solidarité, et j’y ai parfois atteint un tel état de transcendance que j’aurais été prêt à me faire piétiner pour faire gagner l’équipe! Enfin je ne parle pas de cela aux acteurs, parce que le sport a parfois mauvaise presse auprès d’eux… D’ailleurs, de se retrouver en "compétition" avec d’autres Maisons de poupées mises en scène par Stéphane Braunschweig, Jean-Louis Martinelli ou Michel Fau où jouent Audrey Tautou, Chloé Réjon ou Marina Foïs me donne l’impression d’être un club de troisième division à qui on permet de participer à la coupe d’Europe…»


Pour voir le petit club d’Une maison de poupées composé de Nils Öhlund, Féodor Atkine, Olivia Brunaux, Alexis Danavaras, Emmanuelle Grangé et Bernard Mazzinghi, c’est jusqu’au 22 mai à l’Athénée !

Bonne journée.

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