le blog de l'athénée

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Pleins feux

Coincé dans le mamelon

Posté le : 08 oct. 2010 10:10 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Oh les beaux jours

Concernant Oh les beaux jours, l'on parle très souvent du décor imaginé par Beckett, son auteur : un mamelon où s'enfonce inexorablement Winnie, le personnage principal.

Si certains d'entre vous ont vu le mamelon côté public, que voit-on lorsqu'on interprète Winnie et que l'on est coincé dans le dit mamelon, ou dissimulé derrière dans le cas de Willie, le second personnage ?

Voici le mamelon conçu par le metteur en scène Robert Wilson vu de l'intérieur :

 

Oh les beaux jours se joue encore ce soir à 20h et demain à 15h et 20h.

Bon week-end.

Pleins feux

À ne pas lire en mangeant, sauf si vous êtes endurants.

Posté le : 07 oct. 2010 10:05 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Oh les beaux jours

Ceux qui ont déjà vu Oh les beaux jours à l'Athénée auront sans doute reconnu la photo d'hier, qui représente le maquillage arboré à la tête par Giovanni Battista Storti, l'interprète de Willie.
On ne saura jamais quelle est la véritable origine de cette blessure (quoique le revolver manié par sa femme, Winnie, pourrait nous donner un indice), mais elle fait en tout cas écho au sort subi par le corps dans les pièces de Beckett.

Au théâtre, le corps n'est souvent que celui de l'acteur, un intermédiaire destiné à incarner le texte : chez Beckett, il fait partie intégrante du personnage, quitte à se retrouver sacrément empêché, malmené voire mutilé.

Dans Oh les beaux jours, le personnage de Winnie est enserré dans la terre où elle s'enfonce au fur et à mesure de la pièce : femme-tronc au début du spectacle, elle n'est plus qu'un visage à la fin. Plus ça va et plus son moyen d'expression s'amenuise, car le visage de Winnie ne représente pas vraiment son corps tout entier : mutilé, le corps de Winnie nous apparaît par morceaux au point d'oublier qu'elle pourrait en posséder un entier...

Le corps n'étant pas intégralement présent, l'identité de Winnie n'en est que plus difficile à définir : comment savoir qui on est (et même ce qu'on est) lorsqu'on n'a pas d'enveloppe charnelle définie et entière ? Winnie est entièrement prise dans le mamelon qui est à la fois une extension de son corps et une prison, au point que l'on ne distingue plus la frontière entre son corps et le décor.

Disloqué, indéterminé, le corps de Winnie est aussi en mauvaise santé. Elle a mal au bras et au cou et ne peut qu'assister à sa lente décrépitude… Winnie vieillit, son corps dépérit, et elle ne peut rien y faire à part rester digne. Mieux (ou pire), il semblerait qu'elle accepte son châtiment avec résignation (voire avec joie), sans que l'on sache de quoi elle peut bien être punie : « l’homme-christ beckettien est crucifié jusqu’à la fin des temps pour rien, sans espoir de Rédemption », écrit ainsi Évelyne Grossman dans La Défiguration. La mort serait-elle une délivrance ?

Objet du châtiment, le corps de Willie et de Winnie rappelle aussi la trivialité de l'humain, et Oh les beaux jours regorge ainsi d'allusions sexuelles plus ou moins visibles : le nom de Willie, homme-accessoire, évoque ainsi le sexe masculin en argot anglais (je vous laisse faire le lien que vous souhaiterez entre "sexe masculin" et "accessoire").
La vulgarité vient aussi du côté des excrétions corporelles : Willie se mouche et tousse très bruyamment (et encore, je ne vous raconte pas ce qu'il fait ensuite avec son mouchoir) tandis que Winnie crache, se plaint de ne plus transpirer et perd la vue —si le corps est traité en dérision, il crée donc aussi une dépendance.

La délivrance est cependant possible : presque aveugle, Winnie est aussi un sorte de voyante à la prescience apaisée. Winnie est consciente de tout et en premier lieu de son inéluctable vieillissement, sans que l'angoisse prenne le dessus. Dans la délivrance du corps pour accéder à l'esprit, Oh les beaux jours pourrait alors, selon l'expression de G. Chevallier, se rebaptiser « le gai savoir de Winnie ».



Oh les beaux jours mis en scène par Robert Wilson avec Adriana Asti et Giovanni Battista Storti se joue à l'Athénée jusqu'à samedi.

 

Sources :
Arnaud Beaujeu, « Corps beckettiens »,
Loxias n° 27, 20 décembre 2009.
Geneviève Chevallier, « Le gai savoir de Winnie »,
Loxias n°27, 20 décembre 2009.
Évelyne Grossman,
La Défiguration. Artaud, Beckett, Michaux, Paris, Minuit, 2004.
Marie-Claude Hubert,
Corps et voix dans le théâtre de Beckett à partir des années soixante, Cahiers de l'Association internationale des études françaises n°46, mai 1994.

Coup de théâtre

"En r'tard, en r'tard, J'ai rendez-vous que'que part"

Posté le : 06 oct. 2010 17:10 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Oh les beaux jours

Je suis malade aujourd'hui (hier et avant-hier aussi, mais j'avais réussi à dissimuler), d'où l'heure tardive de la publication de cet article. J'avais prévu quelque chose d'un peu trop compliqué pour mon état actuel, mais que, grâce à la magie de l'Efferalgan, vous aurez demain.

D'ici-là, voici ce qu'en cinéma on appelle un teaser ou, si vous préférez, une sorte d'avant-goût :

 

 

Ceux qui ont déjà vu Oh les beaux jours mis en scène par Robert Wilson reconnaîtront sans doute ce dont il s'agit. Les autres devront attendre demain !

Bonne soirée à tous.

 

PS : la citation d'hier, "je ne pense qu'à ça : l'argent" n'est pas extraite d'Oncle Vania  mais de La Cerisaie de Tchekhov. J'attends toujours vos photos des affiches de l'Athénée détournées !

Perspective

Je voulais vous demander...

Posté le : 30 sept. 2010 06:30 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Oh les beaux jours

En ce moment, l'Athénée accueille la pièce Oh les beaux jours de Samuel Beckett mise en scène par Robert Wilson.

Oh les beaux jours a été un spectacle très prisé dès l'ouverture de la billetterie, et il est quasiment plein jusqu'au 9 octobre (mais il reste encore quelques places, pour ceux que cela intéresse).

À chaque début de saison, je me demande souvent quel spectacle va attirer tout de suite les spectateurs, ou pour quel autre l'équipe devra travailler davantage. Je pense que vous pourriez m'aider à répondre à ma question :

Sur quel critère principal choisissez-vous d'acheter des places pour un spectacle ?

1 - Je connais / j'aime les artistes (acteurs, metteur en scène, musiciens etc.)
2 - Je connais / j'aime l'œuvre (pièce de théâtre, opéra, œuvre musicale)
3 - On me l'a conseillé / je vais au théâtre avec une personne qui choisit pour nous deux
4 - Je ne connais ni l'œuvre, ni les artistes, mais je fais confiance dans la programmation de ce théâtre et j'aime découvrir de nouvelles choses.

J'ai mis un sondage en place sur le blog : pour répondre à la question, cliquez ici et regardez à droite de l'écran.

Et bien entendu, puisque le propre du sondage est de proposer des réponses fermées, n'hésitez pas à laisser un commentaire à ce billet pour développer…

Bonne journée.

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