le blog de l'athénée

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Entretien

Jouer dans du carton

Posté le : 29 sept. 2010 07:09 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Oh les beaux jours

Depuis quelques années, l'Athénée programme aussi de la musique. Cette année, le cycle "4 concerts pour 4 quatuors" (en partenariat avec l'Orchestre de Paris) propose des concerts en lien avec les pièces de théâtre programmées.

Le premier concert aura lieu ce samedi à 15h. Les œuvres choisies par les musiciens, tous percussionnistes, sont en rapport avec Oh les beaux jours de Beckett et seront interprétées dans le décor de la pièce imaginé par Robert Wilson.


Conversation avec Éric Sammut et Nicolas Martynciow, membres de ce quatuor de percussionnistes et musiciens à l'Orchestre de Paris :

« — On vous a passé commande d'un concert en rapport avec Oh les beaux jours de Samuel Beckett actuellement à l'Athénée. Pourquoi avoir choisi ces œuvres de Bartok, Berio et Cage ?
Éric Sammutt : — Au départ, nous étions partis pour faire un concert à quatre : on réfléchissait chacun de notre côté et John Cage (1912-1992) est apparu comme étant le principal compositeur du concert : on joue ainsi deux de ses pièces. Peu de compositeurs de cette époque ont composé pour percussions : tout cela date de moins de trente ans… Mais l'on voulait tout de même y associer d'autres compositeurs, et en particulier Berio et Bartok dont l'esthétique nous semble répondre à celle de Beckett : on interprétera donc leurs duos pour violons, mais avec des percussions. Et nous avons complété avec des œuvres de Nicolas et moi-même : je compose plutôt pour claviers et Nicolas plutôt pour les peaux, nous sommes complémentaires…

— Je suis un peu surprise que l'on puisse interpréter des œuvres pour violons aux percussions…
Éric Sammut : — Les tessitures du violon correspondent aux instruments de percussions ! On peut jouer toutes les notes, seul le son est différent. Le but n'est pas d'imiter le violon, seulement de profiter d'autres compositions : on prend une pièce et on la transcrit dans un autre univers. Des artistes chinois ont monté Carmen de Bizet en chinois par exemple : on transforme l'esthétique, mais pas l'idée qui reste la même. On garde l'esprit musical, on essaie de le laisser intact : cela est possible avec certaines musiques, comme les œuvres de Bach par exemple, qui est le compositeur le plus transcrit —on peut le jouer sur des cailloux ou des morceaux de bois, ça marche ! C'est le compositeur universel. Alors qu'avec Chopin cela fonctionne moins, parce qu'il est plus pianiste que musicien : c'est l'esthétique du piano qui l'a rendu génial, tandis que le génie de Bach réside plus dans la musique que dans l'instrument… Bartok et Berio sont des musiciens de cet ordre là.

— Vous dites que John Cage vous est apparu tout de suite, pouvez-vous expliquer pourquoi ?

Nicolas Martynciow : — Je cherchais un rapport entre Beckett et la musique, je ne sais pas trop. J'avais déjà vu Oh les beaux jours : j'ai eu l'impression que l'esthétique de Cage était très proche du style de Beckett… Dès qu'on nous a proposé ce concert à l'Athénée, cela m'a paru évident. Je suis incapable de l'intellectualiser, c'est… C'est évident quoi.

— Disons, pour davantage expliciter votre choix, qu'effectivement les styles de Beckett et Cage mettent tout deux en œuvre la variation (c'est-à-dire la répétition d'un motif en le modifiant légèrement) et une certaine économie de moyens ; peut-être qu'il y a également chez les deux artistes une forme de conscience de l'absurdité de l'existence.
Vous allez jouer dans le décor d'Oh les beaux jours : qu'est-ce que cela vous inspire ?

Éric Sammut : — Il y a le monticule au milieu alors qu'on a besoin de place… C'est très risqué pour nous, car les percussions nécessitent bien plus d'espace et de temps d'installation que des violons ! Nous allons donc jouer avec l'espace du théâtre et peut-être utiliser les loges d'avant-scène pour y mettre des instruments.
Mais nous avons l'habitude de jouer dans des endroits insolites : nous avons donné des concerts dans des décors d'opéras, dans une usine de carton et même à Castorama, où l'on nous avait demandé de jouer de la musique avec leur matériel ! On a donc joué du Bach, entre autres, avec des perceuses, des marteaux, des tournevis…  Mais ce qui nous intéresse, c'est surtout la lumière : l'atmosphère lumineuse est très importante car elle change toujours l'ambiance. Si elle est dans des tons plutôt froids, on va essayer de réchauffer l'ambiance, car je trouve qu'il faut mettre de la couleur dans la percussion, que cela soit un son chaud, que l'on donne envie aux gens de voyager…
On a souvent l'occasion de jouer à l'étranger, mais très peu à Paris, alors pour nous ce concert est vraiment important, et nous espérons que beaucoup de gens viendront nous écouter...

— On a surtout parlé de vous en tant qu'instrumentistes alors que deux de vos compositions font aussi partie du programme. Pouvez-vous évoquer votre démarche de compositeur ?

Nicolas Martynciow : — J'essaie de mettre très peu d'instruments pour essayer d'utiliser au maximum les possibilités sonores de chacun : il n'y a pas d'instrument mélodique dans mes œuvres qui font ainsi entendre le rythme pur. Je joue beaucoup avec mes influences qui sont le jazz et la musique contemporaine, avec des clins d'oeil à Bartok et à Stravinski.
Quant à Éric, c'est un musicien très cultivé qui connaît énormément de musiques : il a l'oreille absolue et, quand il écoute un morceau, il le mémorise avec une facilité déconcertante, ce qui lui permet sans doute aussi d'agréger bon nombre de styles dans ses œuvres... Contrairement à moi, il utilise principalement des claviers dans ses œuvres où l'on retrouve aussi beaucoup d'influences et même de citations, qu'elles soient cinématographiques (le titre Lost in the ocean évoque ainsi deux films, Lost in translation et Ocean's eleven) ou musicales : il est passionné par le jazz et la chanson française par exemple. »


Variations sur percussions aura lieu ce samedi 2 octobre à 15h à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet dans le décor d'Oh les beaux jours.
Le programme musical est composé de 3e construction et She is asleep de John Cage,  de transcriptions de duos pour violon de Bartok et Berio, de Lost in the Ocean d'Éric Sammut et de Sweet Swaff de Nicolas Martynciow.
Le concert rassemblera quatre percussionnistes, Nicolas Martynciow, Eric Sammut, Emmanuel Curt  et Florent Jodelet.



PS : nous avions déjà évoqué ce genre de sujet sur le blog : Pierre, lecteur du blog et percussionniste de son état, m'avait envoyé un texte fort drôle sur la condition du percussionniste moyen à lire ici.

Coulisses

Démaquillez-moi

Posté le : 28 sept. 2010 07:28 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Oh les beaux jours

La loge maquillage d'Oh les beaux jours

 

Ce soir à l'Athénée, les acteurs d'Oh les beaux jours auront-ils retiré leur maquillage avant de venir vous rencontrer ?

Ce soir après la représentation, rendez-vous au foyer-bar pour un Ensuite où vous pourrez discuter avec les artistes du spectacle. La rencontre sera animée par Lola Gruber, qui écrit les programmes et brochures à l'Athénée.

Bon mardi !

Coulisses

À la porte !

Posté le : 27 sept. 2010 07:27 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Oh les beaux jours

Pour le blog, je suis bien évidemment obligée de m'incruster dans les loges, traîner dans les pattes des régisseurs, rôder pendant les répétitions et tendre l'oreille au bar.
Mais il y a des jours où je sens aussi que ce n'est pas le moment, que je vais déranger, qu'il ne faut pas ajouter une fouineuse au stress ni déranger les équipes dans leur travail.

Il n'empêche que j'ai toujours un billet à écrire, et qu'il faut que je trouve la matière coûte que coûte. Heureusement, l'on peut toujours prendre des photos dans des entrebâillements de portes, à travers des vitres ou face aux écrans de retour qui permettent de voir la scène des coulisses.

Voici donc les répétitions d'Oh les beaux jours vues de partout, sauf de la salle :

 

Oh les beaux jours dans les retours
(les écrans de télévision permettant de suivre la pièce lorsqu'on est en coulisses)

 



Les coulisses côté cour d'Oh les beaux jours vues des coulisses côté jardin
NB : le côté cour est le côté droit quand on est face à la scène, et le côté jardin hé bien… c'est l'autre.

 

Oh les beaux jours vu à travers les vitres violettes des portes qui mènent à la salle.

 

Oh les beaux jours vu dans l'entrebâillement des portes à battants qui mènent à la salle (celles qui claquent n'importe comment quand vous essayez de sortir discrètement)



Pour voir Oh les beaux jours mis en scène par Robert Wilson dans des couleurs et des angles de vue normaux, vous avez jusqu'au 9 octobre.

Pleins feux

Brava !

Posté le : 24 sept. 2010 07:24 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Oh les beaux jours

C'est Adriana Asti qui interprète le rôle principal d'Oh les beaux jours : vous l'avez peut-être déjà vue au cinéma dans Rocco et ses frères de Visconti, Accatone de Pasolini ou Nos meilleures années de Giordana, et vous la verrez peut-être bientôt dans Terminus des anges, le prochain film d'André Téchiné.

Adriana Asti est italienne : et puisque le mot français "bravo" vient de l'italien, voici un extrait des applaudissements que l'on a pu entendre hier à la première d'Oh les beaux jours :

 

Si vous ne pouvez pas lire la vidéo, cliquez ici pour aller la voir sur le blog ou pour la voir sur YouTube.

 

Oh les beaux jours de Samuel Beckett dans la mise en scène de Robert Wilson se joue à l'Athénée jusqu'au 9 octobre.

Bon week-end et à lundi !

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