le blog de l'athénée

Retrouver les billets du blog postés de 2008 à 2018

Ils ont blogué pour l’athénée pendant 10 ans
Pleins feux

Shaga bien ?

Posté le : 15 nov. 2011 10:19 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Le Shaga

Contrairement à la grande salle de l'Athénée qui dispose d'assez de recoins pour que je puisse m'y planquer, la salle Christian-Bérard où se joue Le Shaga ne me permet pas de prendre discrètement des photos pendant une répétition générale ou une représentation (la salle était en photo hier sur le blog).

C'est pour que je puisse tout de même avoir des images du Shaga que Claire Deluca, Jean-Marie Lehec et Karine Martin-Hulewicz ont pris une quinzaine de minutes pour me jouer quelques extraits de la pièce avant une représentation.

Et, parce que par définition en photo on n'a que l'image et pas le son, ils ont interprété le texte de manière assez fantaisiste (oui, plus fantaisiste que le texte lui-même, c'est possible) en reproduisant surtout les expressions du visage et déplacements.

Ils avaient raison, la différence ne se voit pas sur les photos. Mais les voir en se souvenant qu'ils ne disaient pas toujours du Marguerite Duras (voire tout sauf du Marguerite Duras) leur donne un petit côté décalé tout à fait raccord avec l'esprit du Shaga.

 

Karine Martin-Hulewicz

 

Jean-Marie Lehec, Karine Martin-Hulewicz et Claire Deluca

 

Jean-Marie Lehec et Claire Deluca

 

 

Claire Deluca

 

 

Le Shaga se joue jusqu'au 26 novembre, tout comme Savannah Bay mis en scène par Philippe Sireuil. Ce soir après la représentation, vous pourrez rencontrer Philippe Sireuil pour une discussion au foyer-bar.

Bonne journée !

La corde verte du lapin qui siffle

Et mes fresques, tu les aimes mes fresques ?

Posté le : 14 nov. 2011 07:02 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Le Shaga

Deux pièces sont actuellement données en même temps à l'Athénée, car il y a deux salles : la grande, celle que vous avez souvent vue en photo sur le blog, et la petite, que beaucoup ne connaissent pas puisque l'Athénée n'y avait pas donné de spectacle depuis 2008.

 

 

Décorée de fresques en trompe l'oeil du plus pur style euh…. (en fait je ne me prononcerai pas sur le style), la petite salle était d'abord un grenier qui servait à entreposer les costumes et accueillait les répétitions du cours de théâtre Jean Périmony.

C'est Pierre Bergé, directeur de l'Athénée de 1977 à 1981, qui a décidé que ce petit espace sous les combles deviendrait une salle de spectacle principalement destinée au théâtre d'essai : pour en assurer la régie générale, il recruta Dominique Lemaire, aujourd'hui directeur technique adjoint de l'Athénée, pour ce qui devait être son premier poste d'une longue carrière dans ce Théâtre.

Nommée Christian-Bérard en hommage au décorateur de Louis Jouvet (qui dirigea l'Athénée jusqu'en 1951), la petite salle fut vidée de ses costumes qui furent restaurés par les ateliers Yves Saint Laurent : issus pour la plupart des spectacles mis en scène par Louis Jouvet, ils se trouvent toujours aujourd'hui à la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent.

Un fidèle lecteur du blog m'a fait remarquer une bizarrerie concernant cette salle, mais cela sera l'occasion d'un prochain billet.

En attendant, vous pouvez la découvrir en vrai avec Le Shaga de Marguerite Duras mis en scène par Claire Deluca et Jean-Marie Lehec.

Bon début de semaine !

Pleins feux

Excusez-moi pour ce contretemps

Posté le : 09 nov. 2011 06:54 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Le Shaga

Lundi, je vous posais une question concernant Le Shaga et Savannah Bay, deux pièces de Duras actuellement jouées à l'Athénée : "Une personne travaillant sur l'un des deux spectacles a étroitement collaboré avec Marguerite Duras de son vivant: de qui s'agit-il ?"

La plupart des répondants ont trouvé : il s'agit de Claire Deluca, metteure en scène et comédienne du Shaga.

Claire Deluca fut une fidèle collaboratrice de Duras : jouant dans la plupart de ses pièces, d'ailleurs mises en scène par Duras elle-même (Le Shaga, La Musica, Eaux et Forêts, Yes peut-être), elle adapta également Hiroshima mon amour au théâtre et participe régulièrement à des colloques et articles consacrés à Marguerite Duras.

Claire Deluca m'a justement communiqué une lettre que lui a envoyée Marguerite Duras en 1974 et dont voici la photocopie :

 

(si vous ne voyez pas l'image, cliquez sur "charger/afficher les photos" en haut de la sous-fenêtre de ce message dans votre messagerie)

 

Je vous retranscris le contenu :

"Marguerite Duras, le 21 juillet 74

Chère Claire,
Impossible de trouver un instant pour vous téléphoner. Je viens de finir le tournage d'India Song.
Ce mot pour vous dire que Le Shaga tient toujours mais qu'il est remis à plus tard. J'ai cru pouvoir faire deux films à la file mais c'est impossible.
Je vous téléphonerai bientôt pour vous demander vos dates de liberté —en fin août —ou septembre —ou octobre.
Excusez-moi pour ce contre-temps.
Très tendrement,
Votre amie Marguerite."



Après avoir créé Le Shaga en 1968 dans la mise en scène de Marguerite Duras, Claire Deluca propose sa version de la pièce dans la salle Christian-Bérard de l'Athénée : c'est en ce moment jusqu'au 26 novembre.

Au même moment, dans la grande salle, vous pouvez découvrir Savannah Bay de Duras mis en scène par Philippe Sireuil.

Pleins feux

"Ça commencera comme ça, par une indiscipline"

Posté le : 08 nov. 2011 06:25 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Le Shaga

En faisant quelque recherches sur Marguerite Duras sur le blog, je suis tombée sur une vidéo surprenante : en septembre 1985, Michel Drucker interrogeait Marguerite Duras sur l'an 2000.

Retranscription de la conversation :



Michel Drucker : "Les hommes ont toujours eu besoin de réponses, même si un jour elles s'avèrent fausses ou seulement provisoires. Alors en l'an 2000, où seront les réponses ?


Marguerite Duras
: Il n'y aura plus que ça. La demande sera telle qu'il n'y aura plus que des réponses. […] Je crois que l'homme sera littéralement noyé dans l'information, dans une information constante […]. Ce n'est pas loin du cauchemar. Il n'y aura plus personne pour lire. Ils verront de la télévision, on en dépose partout […].
On ne voyagera plus, ça ne sera plus la peine de voyager : quand on peut faire le tour du monde en huit ou quinze jours, pourquoi le faire? Dans le voyage, il y a le temps du voyage : ce n'est pas voir vite, c'est voir et vivre en même temps. Vivre du voyage, ça ne sera plus possible.
Tout sera bouché ; tout sera investi. Il restera la mer quand même, les océans. Et puis la lecture. Les gens vont redécouvrir ça. Un homme un jour lira, et puis tout recommencera. On repassera par la gratuité, c'est-à-dire que les réponses à ce moment-là seront moins écoutées.
Ça commencera comme ça, par une indiscipline : un risque pris par l'Homme envers lui-même. Un jour il sera seul de nouveau avec son malheur et son bonheur, qui lui viendront de lui-même. Peut-être que ceux qui se tireront de ce pas seront les héros de l'avenir. C'est très possible. Espérons qu'il y en aura encore…
Je me souviens d'avoir lu le livre d'un auteur allemand de l'entre-deux-guerres, je me souviens du titre, Le dernier civil d'Ernst Glaeser. Ça, j'avais lu ça, que lorsque la liberté aura déserté le monde, il restera toujours un homme pour en rêver. Je crois que c'est déjà commencé."

La vidéo est visible sur le site de l'INA ici.


À l'Athénée, deux textes de Marguerite Duras sont actuellement donnés : Savannah Bay dans la mise en scène de Philippe Sireuil et Le Shaga dans celle de Jean-Marie Lehec et Claire Deluca. Bonne journée !

voir plus de billets