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Perspective

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Posté le : 13 nov. 2009 09:54 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : La Cantatrice chauve | Au Temps des croisades | Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne | Entre nous - café débats

...estiment que les bonnes manières sont importantes? Ce chiffre date d’une enquête d’opinion réalisée en 1999 ; il était de 21% en 1981.

À quoi ressemble la politesse d’aujourd’hui? À dire “s’il vous plaît” en demandant quelque chose, faire deux bises en disant bonjour à quelqu’un de proche à Paris mais plutôt trois si l’on habite dans les environs d’Avignon, ne pas saucer son assiette avec son pain ou ne pas couper sa salade.

Mais au 19e siècle, le savoir-vivre consistait à ne pas sortir sans ses gants, à ne pas porter de pierres précieuses lorsqu’on était une jeune fille ou, si vous étiez un homme, à offrir systématiquement son bras gauche à une femme qui vous accompagnait en promenade.
La cravate et la canne permettaient de se distinguer et, pour les hommes, l’habit noir était de rigueur.


C’est qu’il existe en effet non seulement une géographie des bonnes manières (la politesse est loin d’être internationale et n’est même parfois pas la même entre deux régions françaises) mais surtout une histoire: parfait reflet de la société qu’elles régentent, les règles de civilité témoignent de la conception des relations humaines d’une époque donnée.
Si révélatrice, la bienséance, que les Révolutionnaires tentèrent d’ailleurs de l’atomiser en tant que signe persistant de l’Ancien Régime nauséabond: incompatible avec l’idée de démocratie, la politesse serait le signe de l’hypocrisie, de la hiérarchie, voire de l’arbitraire -il est vrai en effet que l’émergence et la perpétuation de telles règles seraient impossibles sans l’existence de groupes sociaux solides et bien distincts.

Aujourd’hui, la politesse aurait davantage la fonction de sécuriser nos relations avec l’autre en canalisant l’agressivité de chacun, ou de rétablir un peu de civilité dans une société où l’on a voulu détruire les inégalités sociales, les distances ou les liens de subordination.

Alors, la politesse, relent de l’aristocratie, règne de l’arbitraire ou règle indispensable à la vie en commun?
Explosée par Ionesco dans La Cantatrice chauve, moquée par Jean-Luc Lagarce dans Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne (à l’Athénée en décembre), la civilité est aussi le sujet du dernier livre de Frédéric Rouvillois, Histoire de la politesse de 1789 à nos jours, dont je tire mon billet d’aujourd’hui.

Frédéric Rouvillois sera justement l’un des invités du café-débat de demain, “Besoin d’ordre, envie de désordre”, en partenariat avec Philosophie Magazine: autour de trois spectacles programmés à l’Athénée (La Cantatrice chauveLes Règles du savoir-vivre dans la société moderne et Au Temps des croisades), Christophe Bourseiller, Mireille Herbstmeyer, Frédéric Rouvillois et Fred Tousch débattront des règles et de leur transgression dans une discussion modérée par Lola Gruber, rédatrice des programmes et brochures à l'Athénée.

Pour y assister, c’est à partir de 17h demain au foyer-bar de l’Athénée: l’entrée est libre!
Côté spectacle, La Cantatrice chauve continue jusqu'à samedi prochain!


Pour ma part, je serai au bord du lac Léman dès ce soir et ne pourrait donc vous faire de compte-rendu de ce café-débat: si, dans le cadre des billets du blog ouverts aux spectateurs, l’un d’entre vous assistant à cette discussion souhaitait me livrer ses impressions (en texte, vidéo, dessin ou photo), qu’il n’hésite évidemment pas!

Bon week-end à tous.