le blog de l'athénée

Retrouver les billets du blog postés de 2008 à 2018

Ils ont blogué pour l’athénée pendant 10 ans
Coup de théâtre

Carmen moche et méchante

Posté le : 15 nov. 2017 12:30 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie :

Notre Carmen, qui se joue jusqu’à la fin de la semaine à l’Athénée, est une déconstruction de l’opéra de Bizet par un collectif allemand : nous avions ainsi évoqué sur le blog les différents avatars de Carmen en littérature, peinture ou à l’écran, dont certains se retrouvent d’ailleurs dans le spectacle.

Maria Buzhor, dramaturge et actrice dans le spectacle, m’indiquait au passage qu’en plus des extraits directement diffusés sur scène, l’équipe s’est aussi beaucoup inspirée du film Prénom Carmen de Jean-Luc Godard, qui a lui aussi brisé le mythe.

Dans Notre Carmen, le rôle principal est interprété par différents acteurs et actrices : il s’agit d’exploser et d’exagérer à la fois cette image paradigmatique de la femme dans l’opéra.

Maria explique être partie de l’idée du monstre, en utilisant la monstruosité comme outil d’exagération : « je suis fascinée par l’idée d’une Carmen monstrueuse, une Carmen vieille, moche, méchante, ennuyeuse… Cette contradiction m’intéresse. Nous avons gardé aussi la notion de destin : la fatalité est toujours au centre de la tragédie. Sauf qu’ici, la fatalité est collective : on voit sur le plateau un groupe de freaks portant une douleur collective et prêts à se battre ensemble, résonant ainsi avec certains mouvements militants issus de minorités opprimées. »

Franziska Kronfoth, la metteure en scène, complète : « La liberté évoquée dans Carmen de Bizet est imaginaire ; de fait, elle n'existe pas. Il n'en est pas autrement aujourd'hui, car nous ne sommes pas exempts de carcans systémiques et sociaux.
Comment donc parler de cette liberté, y aspirer, alors même qu’elle est impossible ? Dans notre adaptation, hommes et femmes interprètent le rôle de Carmen, à travers leur individualité, et sans jamais l’incarner entièrement. Ce jeu intime permet, dans une vie qui n'est pas libre, de sonder les voies de la liberté, sans embellir la réalité.  »

Parlant de monstruosité, vous avez aimé le Carmen de Beyoncé la semaine dernière ?
Maria vous recommande Carmen on Ice par la patineuse Katarina Witt, qui est peut-être encore mieux : « tout y est étrange. Je crois que c’est précisément que cette étrangeté que nous cherchons ».


Si vous ne voyez pas la vidéo, vous pouvez la voir ici sur YouTube.
 
 
Notre Carmen se joue jusqu’à dimanche, en même temps que L'Aile déchirée dans la petite salle.
 
Clémence Hérout