Tu reviendras me voir ?
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L’Athénée commence à rouvrir ses portes ! Vous l’avez peut-être vu si vous êtes connecté : le théâtre annoncera sa saison 2016-2017 ce jeudi 2 juin.
Les travaux étant toujours en cours, vous ne serez que cinquante chanceux à pouvoir entrer pour assister à la présentation de saison sur la base arbitraire du premier arrivé, premier servi (n’insistez pas, c’est déjà complet).
Pour les autres, la vidéo de la présentation de saison sera diffusée en direct sur le site internet de l’Athénée.
Quant aux très impatients, sachez en avant-première qu’en 2016-2017, l’Athénée sera français,
italien,
suédois,
tchèque,
autrichien,
britannique
et grec.
Il sera lyrique,
théâtral,
symphonique,
tragique,
chambriste,
soliste
et comique.
On y croisera un Pierrot,
un asticot,
des chevaliers,
un homme ridicule,
un phare,
Phèdre,
Dracula,
des animaux
et un couple qui ne donne pas envie de se marier.
À sa réouverture en septembre, l’Athénée sera surtout rénové !
@Clémence Hérout
Vous avez suivi les étapes du chantier sur le blog, mais vous faites peut-être partie de ceux qui pensent qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même : pour bénéficier d’une visite privée du chantier réalisée par l’architecte et son équipe, rendez-vous les 4 et 5 juin pour les journées portes ouvertes !
Les horaires des visites et modalités d’inscription figurent sur le site du Théâtre. J’y serai et espère bien vous y voir nombreux !
À très vite.
Clémence Hérout
Les travaux parent l’Athénée de voiles nuageux,
quand ce n’est pas d’une mer huileuse.
Si l’on entrevoit une porte de sortie
ou la lumière du jour perçant par les planchers à claire-voie,
on veille où l’on pose ses pieds de peur de se faire serrer la vis,
ou de se retrouver chez les blouses blanches après une chute.
On essaie parfois d’espionner,
pour finalement se heurter à un mur, même en démolition.
Au final, ce qu’on a gagné à traîner ses guêtres sur le chantier, c’est de pouvoir aller se rhabiller.
Clémence Hérout
Il y a quelques jours, j’ai rouvert le Dictionnaire philosophique de Voltaire. L’ouvrage est paru en 1764, mais son article sur le fanatisme, à l’heure de Beyrouth, Paris, Bamako ou la Syrie, semble avoir été écrit hier :
« Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend ses songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances ; il pourra bientôt tuer pour l’amour de Dieu. [...]
Il y a des fanatiques de sang-froid : ce sont les juges qui condamnent à la mort ceux qui n’ont d’autre crime que de ne pas penser comme eux ; et ces juges-là sont d’autant plus coupables, d’autant plus dignes de l’exécration du genre humain, que, n’étant pas dans un accès de fureur [...], il semble qu’ils pourraient écouter la raison.
Il n’est d’autre remède à cette maladie épidémique que l’esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les mœurs des hommes, et qui prévient les accès du mal ; car dès que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l’air soit purifié.
Les lois et la religion ne suffisent pas contre la peste des âmes ; la religion, loin d’être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l’esprit l’exemple d’Aod qui assassine le roi Églon ; de Judith qui coupe la tête d’Holopherne en couchant avec lui [...], etc. Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l’Antiquité, sont abominables dans le temps présent : ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne.
Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage : c’est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l’esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu’ils doivent entendre.
Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. [...]
Ce sont presque toujours les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains ; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu’ils iraient assassiner tous ceux qu’il leur nommerait.
Il n’y a eu qu’une seule religion dans le monde qui n’ait pas été souillée par le fanatisme, c’est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède ; car l’effet de la philosophie est de rendre l’âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité.
Si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c’est à la folie des hommes qu’il faut s’en prendre. »
Dictionnaire philosophique, Voltaire, 1764
J’espère que les événements nous laisseront parler davantage de l’Athénée la semaine prochaine : car les travaux se mettent en place doucement, mais sûrement !
Bonne semaine.
Clémence Hérout