le blog de l'athénée

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Perspective

Des sous !!!

Posté le : 02 oct. 2009 08:33 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Partenariat et mécénat

“Culture et communication : un budget en forte hausse”, c’est le titre d’un article actuellement en première page du site du Ministère de la Culture.

En effet, selon les chiffres fournis avant-hier par le Ministère des Finances, le projet de budget pour la Culture progresse de 5% par rapport au projet de loi de finances 2009, soit une hausse de 433 millions d’euros pour l’année 2010.

Le Ministère de la Culture ayant choisi d’investir tout particulièrement sur l’entretien et la restauration du patrimoine historique, c’est le “programme patrimoine” qui bénéficie le plus de cette hausse de crédit avec une progression de 10%, soit 100 millions d’euros supplémentaires.
Côté spectacle vivant, 15 millions d’euros supplémentaires avaient été exceptionnellement alloués au secteur pour accompagner le processus de discussion des Entretiens de Valois : cette mesure extra-budgétaire a été consolidée, et la hausse des crédits pour le spectacle vivant s’élève à 0,4%.

Le Ministère de la Culture n’est pas le seul concerné par cette hausse budgétaire, les Ministères de l’Emploi, de l’Écologie, de la Recherche et de l’Éducation bénéficiant également d’une progression de leur crédit (ce qui n’est pas forcément synonyme de créations d’emplois, la suppression de 16000 postes d’enseignants pour 2010 étant prévue), tandis que le plan de relance géré par le tout nouveau Ministère du même nom s’élève à 33 milliards d’euros.

Ce projet de budget repose sur un déficit de l’État de 116 milliards d’euros (contre, par exemple, 60 milliards en 2003) avec une dette publique représentant environ 84% du Produit Intérieur Brut.

Dans le cas du Ministère de la Culture, favoriser le patrimoine correspond à choisir une politique économique d’investissement de l’État au prix d’un déséquilibre des finances publiques afin de relancer l’activité économique et donc les créations d’emploi et la consommation.
En effet, en particulier selon les théories de l’économiste John Maynard Keynes décédé en 1946, la variation initiale d’un investissement entraînerait un effet final plus important : autrement dit, il existerait un effet multiplicateur qui ferait que l’argent au départ investi par l’État se retrouverait multiplié à ses passages dans le circuit économique. Rénover le château du Haut-Koenigsbourg ou engager des travaux dans le Musée du Louvre créerait ainsi des emplois qui favoriseraient la hausse de la consommation qui elle-même encouragerait l’augmentation de la production.
Cet effet multiplicateur doit cependant être tempéré par le coût de l’emprunt public (en empruntant de l’argent, l’État est redevable d’intérêts), l’importance de l’importation (importer des produits étrangers freine la production dans le pays concerné) et enfin la tendance des ménages à épargner (l’épargne est considéré comme une fuite parce qu’elle correspond à un revenu non consommé qui n’a donc aucune incidence sur la production).
L’économie n’étant pas une science mais plutôt liée à des choix bien politiques, notons que l’efficacité de l’investissement et l’effet multiplicateur sont contestés par d’autres économistes.

Pour connaître le détail du budget du Ministère de la Culture, retrouvez le communiqué de presse du jeudi 1er octobre 2009 ici.

N’étant pas économiste de formation (on s’en doutait) et ayant l’obligation de faire court, il est possible que j’aie commis quelques approximations. Que les économistes n’hésitent pas à apporter leurs précisions!

Bon vendredi et bon week-end à tous.

Perspective

À l'insu de notre plein gré

Posté le : 06 janv. 2009 09:28 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Partenariat et mécénat

Ce fut donc hier soir la première soirée sans publicité chez les chaînes de télévision publiques. Je ne sais pas ce que cela a donné, je n'ai pas la télé.

Ce qui est plus amusant en revanche, c'est que le spectacle prend une direction inverse et que le mécénat a tendance aujourd'hui à apparaître à la pointe de la gestion culturelle pour toute direction qui se respecte.

Précisons que le mécénat, qui est un soutien apporté en théorie sans contrepartie, se différencie du sponsoring, qui est clairement un investissement publicitaire. Dans les faits, il est évident qu'une entreprise ne devient pas mécène par unique philanthropie mais bien parce qu'elle espère aussi pouvoir communiquer sur la question : si le mécénat se signale de manière discrète dans les théâtres, il apparaît bien plus clairement sur les supports de  communication de l'entreprise.
Rien à voir donc, ou presque, avec le sponsoring qui consiste à s'afficher largement sur un événement, et vous vous doutez bien que les matchs de la coupe du monde de football sont davantage concernés par la question que les pièces de théâtre qui se jouent cinq fois devant six cents personnes par représentation -et encore, là on parle des chiffres de l'Athénée, car il y a des structures moins bien loties.

Nous avions déjà évoqué le travail effectué par Amandine Gougeon, directrice du développement à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet : je ne reviendrai donc pas sur la question éthique de l'apport de fonds privés à une culture subventionnée. J'espère seulement pour l'audiovisuel public que la gestion financière de la suppression de la publicité sera conduite avec justice -et également plus de précision, si vous voyez ce que je veux dire. Parce que côté spectacle vivant, au-delà du plaisir de collaborer avec certaines entreprises sur des projets à long terme, précisons que les structures culturelles ne se sont pas lancées dans le mécénat par philanthropie non plus.

Avènement (ou retour, c'est à voir) d'une télévision dépendant complètement de l'État avec tous les risques que cela comporte en matière de culture officielle mais aussi les avantages que cela représente pour votre temps de cerveau disponible d'un côté, spectacle vivant à qui l'on explique qu'il faut aller chercher son argent ailleurs de l'autre, cherchez l'erreur.

Bon mardi!

Coup de théâtre

Les autres fantômes de l'Athénée

Posté le : 22 déc. 2008 08:25 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Partenariat et mécénat

Je vous parlais il y a deux semaines de l'Athénée déserté en vous présentant des photos de fauteuils vides et de salles éteintes. Dominique Lemaire, directeur technique adjoint, et Amandine Gougeon, directrice du développement, ont eu plus de chance que moi, car il existe manifestement à l'Athénée des fantômes capables d'impressionner les pellicules:

À quelle représentation imaginaire nos fantômes bien habillés pouvaient-ils assister? Peut-être à une Cour du Roi Pétaud version début 20e… Pour la version début 21e, c'est jusqu'au 4 janvier 2009!

A demain...

Perspective

Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

Posté le : 28 oct. 2008 09:03 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Partenariat et mécénat

En arrivant à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet, vous trouverez sur votre gauche la caisse où acheter vos billets, sur votre droite le coin "invitations" (là où se trouvait la perruque de vendredi dernier) : dans le monde du spectacle en général, à qui sont-elles destinées? Essentiellement aux journalistes, aux représentants des tutelles, aux mécènes ou aux membres de l'équipe du théâtre. Parfois aussi aux professionnels de la culture, à la femme du metteur en scène ou aux petits débrouillards.

Avec les récents débats sur la gratuité des musées, l'on pourrait imaginer le coin de gauche condamné et le coin de droite pris d'assaut : des invitations pour tous, après tout pourquoi pas? Cette proposition de la gratuité (essentiellement des musées) était la pierre angulaire du volet culturel du programme présidentiel de Nicolas Sarkozy et a ensuite été confirmée dans la lettre de mission qu'il a adressée à Madame la ministre de la culture Christine Albanel. Un seul but : favoriser l'accès de tous à l'art.

La démocratisation est devenue une obsession française au point d'absorber la question de la politique culturelle dans son ensemble, et étudier les programmes politiques des candidats à la présidence était en ce sens assez parlant : hormis José Bové et Frédéric Nihous (à ma connaissance), tous les prétendants en appelaient à la démocratisation culturelle en termes relevant souvent davantage de l'incantation que du véritable programme. L'accès à la culture finit par devenir une sorte de tarte à la crème hexagonale, le passage obligé de tout projet relatif aux arts, mais souvent sans que l'on se pose la question des moyens à mettre en oeuvre. La proposition de la gratuité a le mérite de casser le caractère prophétique des appels à la démocratisation en soulevant un vrai débat de fond.

On part donc de l'idée que la culture est un bien commun auquel tout le monde doit pouvoir accéder, ce qui n'est pas forcément le cas dans d'autres pays. On associe ainsi l'art à l'utile en estimant que la culture est un droit fondamental permettant l'avènement d'une pleine citoyenneté -le préambule de notre Constitution le rappelle d'ailleurs explicitement. Ce présupposé est rarement remis en cause en France et se continue logiquement dans le débat sur les moyens de diffusion et de compréhension de la culture : éducation artistique à l'école, diffusion massive des oeuvres d'art par les nouvelles technologies, développement des services de développement des publics dans les structures culturelles, baisse des prix, gratuité…

J'attends avec impatience les suites de l'expérience de gratuité menée de février à juin dans quatorze musées et monuments nationaux français, même si les enjeux ne sont pas exactement les mêmes pour le spectacle vivant. Formidable idée généreuse et démocratique, la médaille de la gratuité a aussi son revers. Elle semble résoudre la question de l'accès matériel, mais sans prendre en compte l'intégralité des dépenses liées à une sortie culturelle comme le transport, le verre au bar du théâtre ou l'achat d'un livre à la boutique du musée. Elle paraît répondre au credo de la démocratisation mais peut-être sans poser la question de l'accès intellectuel aux oeuvres d'art ; certes, la gratuité augmente la fréquentation, mais beaucoup de visiteurs reviennent plusieurs fois, et l'on ne peut s'empêcher de penser que quelqu'un qui n'a jamais eu l'idée d'aller à l'opéra n'ira pas davantage si l'entrée est gratuite : en clair, la gratuité semble avoir peu de sens si elle n'est pas liée à un processus d'accompagnement et de sensibilisation du public. Enfin, tout en posant la question des ressources à trouver pour compenser la baisse des recettes propres qu'elle induit, la gratuité sous-entend que la culture ne coûte rien (et de là à affirmer qu'elle ne vaut rien, il n'y a peut-être qu'un petit pas).

Certains d'entre vous ont peut-être également leur avis sur cette question : je vous attends en commentaire sur le blog!
Et ceux que la démagogie et la rhétorique politique intéressent peuvent donc aller voir Le Tribun/Finale à partir de demain….

Bonne journée à tous.

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