le blog de l'athénée

Retrouver les billets du blog postés de 2008 à 2018

Ils ont blogué pour l’athénée pendant 10 ans
Pleins feux

L'emmerdeuse

Posté le : 28 oct. 2010 07:28 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Oncle Vania

J'aime bien prendre des photos de spectacles à l'Athénée, mais c'est quasiment impossible de le faire sans gêner les spectateurs.
Du coup, pour Oncle Vania, j'ai préféré gêner les acteurs en me postant dans les coulisses pendant la représentation.

Voici donc ce que donne Oncle Vania vu de profil :
(NB : j'étais dans les coulisses situées à droite lorsqu'on regarde la scène. Sur les photos, le public se trouve donc sur la gauche)

 

Robin Renucci, Judith d'Aleazzo, Serge Lipszyc et Estelle Clément-Bealem (derrière)

 

Judith d'Aleazzo, Serge Lipszyc et Robin Renucci

 

Estelle Clément-Bealem, Robin Renucci, Laurent Huon, René Loyon et Judith d'Aleazzo

 

Robin Renucci et Judith d'Aleazzo

 

Robin Renucci

 

Michèle Gaulupeau et Laurent Huon

 

Robin Renucci, Estelle Clément-Bealem, Serge Lipszyc et Danièle Gauthier

 

Michèle Gaulupeau, Danièle Gauthier et Laurent Huon

 

Toute l'équipe d'Oncle Vania quelques secondes avant les saluts.

 

Estelle Clément-Bealem, Robin Renucci, Danièle Gauthier et René Loyon sortant de scène pendant les saluts.

 

 

Une petite entorse à la vue de profil : Robin Renucci vu dans l'entrebâillement d'une porte (mal fermée) qui mène à la salle.
Pardon au spectateur assis juste derrière cette porte et qui a dû se demander d'où venait ce drôle de bruit d'obturateur dans son dos…

 

 

Oncle Vania se joue encore ce soir, demain et samedi à 15h et 20h.

Perspective

Nous nous reposerons

Posté le : 27 oct. 2010 07:27 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Oncle Vania

Oncle Vania se termine par une longue réplique où Sonia, interprétée par Estelle Clément-Bealem, évoque la paix de l'âme après la mort :

« Nous allons vivre, oncle Vania, toi et moi. Nous allons vivre une longue, longue, série de jours, et de longues soirées ; nous allons supporter patiemment les épreuves que le destin nous enverra ; nous allons travailler pour les autres, maintenant et plus tard, quand nous serons vieux, sans connaître de repos, et, quand notre heure sera venue, nous mourrons docilement et, là-bas, de l'autre côté du tombeau, nous dirons combien nous avons souffert, combien nous avons pleuré, combien nous avons eu la vie amère, et Dieu aura pitié de nous, et toi et moi, mon oncle, mon oncle bien-aimé, nous verrons une vie lumineuse, splendide, pleine de grâce, et nous nous réjouirons, et, en nous retournant sur nos malheurs de maintenant, nous aurons un sourire de compassion —et nous nous reposerons. Je crois, mon oncle, je crois avec ardeur, passionnément… Nous nous reposerons ! Nous nous reposerons ! Nous entendrons les anges, nous verrons tout le ciel constellé de diamants, et nous verrons le mal terrestre, toutes nos souffrances se noyer dans la charité qui remplira le monde entier, et notre vie deviendra douce, tendre, légère, comme une caresse. Je crois, je crois… Mon pauvre, mon pauvre oncle Vania, tu pleures… Tu n'as pas eu de joie dans ta vie, mais, attends un petit peu, oncle Vania, attends… Nous nous reposerons… Nous nous reposerons ! Nous nous reposerons ! »

La semaine dernière, je vous parlais du genre musical du Lied à propos du concert qui a eu lieu samedi à l'Athénée. Il se trouve que nous pouvons en reparler aujourd'hui à propos de Rachmaninov qui a composé un Lied sur une partie de cette réplique.

Né en 1873 en Russie et mort en 1943 aux États-Unis où il a émigré après la révolution russe de 1917, Rachmaninov est surtout resté célèbre pour ses œuvres pour piano. Influencé par Tchaïkovski et appartenant au post-romantisme, il a aussi laissé des cycles de Lieder où l'exigence littéraire dans ses choix de textes et la finesse des sentiments laissent transparaître des thèmes récurrents comme la recherche de la sérénité, un certain pessimisme quant à son époque et la joie de la contemplation de la nature.

En 1906, il a écrit un cycle de quinze romances pour piano et voix (opus 26) où l'on trouve des auteurs russes variés comme Tolstoï, Tchekhov, Tioutchev ou Merejkovski.
La troisième romance de ce cycle (op.26 n°3), My otdokhniom, est une mise en musique profonde, émouvante et spirituelle d'extraits de cette dernière réplique d'Oncle Vania.

Voici, du russe traduit en français, l'extrait choisi par Rachmaninov :
« Nous nous reposerons ! Nous entendrons les anges, nous verrons tout le ciel constellé de diamants, et nous verrons le mal terrestre, toutes nos souffrances se noyer dans la charité qui remplira le monde entier, et notre vie deviendra douce, tendre, légère, comme une caresse. Je crois, je crois… Nous nous reposerons ! Nous nous reposerons ! »

Vous pouvez écouter cette romance interprétée par le baryton finlandais Kalevi Olli en cliquant ici. Elle dure moins de trois minutes.

Vous pouvez voir Oncle Vania de Tchekhov mis en scène par Serge Lipzsyc avec Robin Renucci à l'Athénée jusqu'à samedi.

Coulisses

On nous ment.

Posté le : 26 oct. 2010 06:26 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Oncle Vania

En tant que fouineuse professionnelle, je me dois de rôder dans les coulisses pendant les représentations.

Voici ce que j'y ai vu lors d'une représentation d'Oncle Vania à l'Athénée :

 

Sylvain Méallet, assistant à la mise en scène et comédien, prépare le vin qui sera servi sur scène quelques minutes plus tard.
Note : oui, il y a un truc. Tout est faux. Le vin que les acteurs boivent sur scène n'est pas du vrai vin. La vodka n'est pas de la vraie vodka. Ne croyez pas tout ce qu'on vous dit à la télé.

 

Michèle Gaulupeau, qui joue la nourrice, patiente entre deux scènes en suivant la pièce dans les écrans de retour.

 

Sylvain Méallet et Michèle Gaulupeau dans le miroir du foyer des comédiens.


Sylvain Méallet termine la préparation du vin-qui-n'est-pas-du-vin-mais-bon.

 

Judith d'Aleazzo et Estelle Clément-Bealem, comédiennes, se changent et se recoiffent entre deux actes.

 

Judith d'Aleazzo remet le col d'Estelle Clément-Bealem.

 

Oncle Vania se joue jusqu'à samedi.

Hier après-midi, Robin Renucci, qui interprète Oncle Vania, était l'invité du Grand Entretien sur France Inter : vous pouvez écouter l'émission ici (puis cliquez sur "en un clic : écoutez l'émission du lundi 25 octobre 2010" dans la colonne rouge "réécouter" située sur la droite).

Bon mardi !

Pleins feux

La gaufre, la gaufre !

Posté le : 25 oct. 2010 07:00 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Oncle Vania

Tchekhov a une réputation d'écrivain un peu sombre. Toujours très touchants, ses personnages sont souvent les victimes d'un monde où les valeurs sûres s'effondrent et l'humanité s'effrite.

Mais les pièces de Tchekhov sont aussi truffées d'humour et de clins d'œil, pour peu qu'on les mette un peu en avant. À l'Athénée, la mise en scène de Serge Lipszyc navigue d'une émotion à une autre en provoquant quelques éclats de rire.
Pour les sceptiques, voici un choix partiel et partial de répliques comiques tirées d'Oncle Vania :


«— Et j'ai beaucoup changé depuis ?
— Beaucoup. Tu étais jeune dans ce temps-là, tu étais beau ; maintenant tu te fais vieux. La beauté, c'est plus ça. Et la vodka, faut dire aussi, tu craches pas dessus. »

« — Ferme tes écluses, La Gaufre ! »

 « — Oh oui, j'étais un homme phare, mais qui ne donnait de lumière à personne… »

« — Pendant vingt-cinq ans, il parle et il écrit sur ce que les gens intelligents savent depuis belle lurette et qui n'intéresse pas les imbéciles. […] Il est à la retraite, son nom ne dit rien à personne, c'est l'inconnu parfait. […] Mais regarde-le : il marche, on dirait Jupiter ! »

« — Quand même, il fait beau, aujourd'hui… Pas trop chaud…
— Un temps à se pendre avec plaisir… »

« — La vérité, c'est que, grâce à moi, tout le monde est à bout, tout le monde s'ennuie »

«— C'est vrai que je ne connais pas la campagne, mais j'ai beaucoup lu. »

Après s'être fait surprendre dans une position délicate, faisant comme si de rien n'était :

« —Aujourd'hui, très cher Ivan Petrovitch, il ne fait pas trop mauvais. Ce matin, le ciel était couvert, on aurait dit qu'il allait pleuvoir, et maintenant — du soleil. À dire vrai, l'automne est splendide… et les blés d'hiver non plus, ils ne viennent pas mal. Mais voilà, les jours ont raccourci... (Il sort) »

« — Tu n'es pas fou, tu es simplement toqué. Un bouffon de bas étage. Avant, je pensais que tous les toqués étaient malades, pas normaux, et maintenant, l'opinion que j'ai, c'est que l'état de l'homme est d'être toqué. Tu es parfaitement normal.»

 

(La traduction française est d'André Markowicz et Françoise Morvan)



Oncle Vania monté par Serge Lipszyc avec Robin Renucci se joue jusqu'à samedi! Bon lundi.


NB : « La Gaufre » est le surnom du personnage de Téléguine interprété par Laurent Huon. Le texte explique pourquoi, mais ne comptez pas sur moi pour révéler l'information!

voir plus de billets