Ampoule nue sur un trépied tout droit, je brille seule sur le plateau vide d'après la répétition.
Je connais mon moment de gloire entre les mains du comédien Didier Bezace dans les dernières minutes d'après la répétition, mais d'habitude vous ne me voyez jamais : c'est normal, on ne me sort qu'après votre départ.
On m'appelle aussi sentinelle, car je suis là pour veiller lorsqu'il n'y a plus personne. Allumée entre les représentations, j'évite que le théâtre soit entièrement plongé dans le noir et vous empêche de vous cogner dans les projecteurs éteints ou de vous emmêler dans les fils.
A ma lumière fragile, vous devinez même le décor de la pièce de Bergman montée par Laurent Laffargue.
Demain, je serai peut-être allumée le matin avant le concert 2x4 du quatuor Psophos à 15h, mais sans doute pas après, car l'équipe de techniciens de l'Athénée replacera le décor d'après la répétition pour la représentation de 20h.
Prise en photo par Dominique Lemaire, directeur technique adjoint de l'Athénée, je ressemble à cela :
En anglais, mon nom est Ghost lamp, car je repousse les fantômes les soirs de relâche -les ghost nights. Je suis une mesure de sécurité autant qu'un esprit protecteur et, grâce à moi, le théâtre ne meurt jamais.
On m'appelle la servante.