le blog de l'athénée

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Ils ont blogué pour l’athénée pendant 10 ans
D'hier à aujourd'hui

“Sourire‚ faire le bel esprit. Et taire la menace de la mort.”

Posté le : 19 nov. 2009 08:44 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne

Le mardi 10 mai 1994, Jean-Luc Lagarce, metteur en scène de La Cantatrice chauve, écrit dans son Journal :
Dois aussi appeler Martinet et l’Athénée pour un rendez-vous et parler de la saison 1995-1996. (On ne hurle pas de rire !)”

Je ne l’avais pas réalisé, mais c’est vrai, avant de mourir en 1995, Jean-Luc Lagarce est passé dans les murs de l’Athénée et a collaboré avec son directeur Patrice Martinet qui a bien voulu nous livrer ses souvenirs à ce sujet.

Lorsque Patrice Martinet prend la direction de l’Athénée en 1993, il a déjà vu et particulièrement apprécié deux mises en scène de Jean-Luc Lagarce: Le Malade Imaginaire et La Cantatrice chauve, qu’il ne pourra d’ailleurs pas programmer immédiatement à cause d’une histoire de droits exclusifs accordés à un certain Théâtre de la Huchette à Paris…
Patience étant mère de sûreté, cette Cantatrice chauve sera finalement donnée à l'Athénée en 2007 puis en 2009 (et c'est justement ce que vous pouvez aller voir jusqu'à samedi).

Patrice Martinet décide alors de programmer le spectacle que Jean-Luc Lagarce est en train de préparer: L’Île des Esclaves de Marivaux sera représenté à l’Athénée pour la première saison du mandat de Patrice Martinet qui parle aujourd’hui de Jean-Luc Lagarce comme d’un homme qui aimait le théâtre dans tous ses aspects, dans la définition que Brecht en donnait -quand le bricolage rencontre la métaphysique.

L’Athénée ferme pour travaux en fin 1995, et Patrice Martinet programme Lulu de Wedekind mis en scène par Jean-Luc Lagarce pour la réouverture du théâtre après la rénovation de sa façade.
Les répétitions sont difficiles: les travaux sont plus importants que prévus, l’équipe se retrouve à travailler dans des conditions très inconfortables et la date de la première doit être repoussée pour laisser au chantier de rénovation le temps de se terminer…
En octobre, les répétitions s’interrompent le temps de la tournée d’un autre spectacle de   la compagnie: c’est à ce moment-là, hors de l’effervescence de la création de Lulu, que Jean-Luc Lagarce est mort.

À l’exception de l’acteur Daniel Emilfork qui préfère se retirer du projet, l’équipe choisit de mener Lulu à son terme. C’est François Berreur qui en achève la mise en scène et la première a lieu le 8 janvier 1996 dans la grande salle de l’Athénée.

Au même moment, salle Christian Bérard, Mireille Herbstmeyer, qui interprète encore aujourd’hui Madame Smith dans La Cantatrice chauve, joue Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne écrit et mis en scène par Jean-Luc Lagarce.


L’Athénée est restée fidèle à Jean-Luc Lagarce: pour voir sa mise en scène de La Cantatrice chauve, vous avez jusqu’à samedi.
Et pour découvrir Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne, toujours avec Mireille Herbstmeyer mais cette fois dans la mise en scène de François Berreur, cela sera du 3 au 12 décembre prochains...

Bonne journée à tous.

Perspective

Faites-vous partie des 68% de Français qui…

Posté le : 13 nov. 2009 09:54 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne

...estiment que les bonnes manières sont importantes? Ce chiffre date d’une enquête d’opinion réalisée en 1999 ; il était de 21% en 1981.

À quoi ressemble la politesse d’aujourd’hui? À dire “s’il vous plaît” en demandant quelque chose, faire deux bises en disant bonjour à quelqu’un de proche à Paris mais plutôt trois si l’on habite dans les environs d’Avignon, ne pas saucer son assiette avec son pain ou ne pas couper sa salade.

Mais au 19e siècle, le savoir-vivre consistait à ne pas sortir sans ses gants, à ne pas porter de pierres précieuses lorsqu’on était une jeune fille ou, si vous étiez un homme, à offrir systématiquement son bras gauche à une femme qui vous accompagnait en promenade.
La cravate et la canne permettaient de se distinguer et, pour les hommes, l’habit noir était de rigueur.


C’est qu’il existe en effet non seulement une géographie des bonnes manières (la politesse est loin d’être internationale et n’est même parfois pas la même entre deux régions françaises) mais surtout une histoire: parfait reflet de la société qu’elles régentent, les règles de civilité témoignent de la conception des relations humaines d’une époque donnée.
Si révélatrice, la bienséance, que les Révolutionnaires tentèrent d’ailleurs de l’atomiser en tant que signe persistant de l’Ancien Régime nauséabond: incompatible avec l’idée de démocratie, la politesse serait le signe de l’hypocrisie, de la hiérarchie, voire de l’arbitraire -il est vrai en effet que l’émergence et la perpétuation de telles règles seraient impossibles sans l’existence de groupes sociaux solides et bien distincts.

Aujourd’hui, la politesse aurait davantage la fonction de sécuriser nos relations avec l’autre en canalisant l’agressivité de chacun, ou de rétablir un peu de civilité dans une société où l’on a voulu détruire les inégalités sociales, les distances ou les liens de subordination.

Alors, la politesse, relent de l’aristocratie, règne de l’arbitraire ou règle indispensable à la vie en commun?
Explosée par Ionesco dans La Cantatrice chauve, moquée par Jean-Luc Lagarce dans Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne (à l’Athénée en décembre), la civilité est aussi le sujet du dernier livre de Frédéric Rouvillois, Histoire de la politesse de 1789 à nos jours, dont je tire mon billet d’aujourd’hui.

Frédéric Rouvillois sera justement l’un des invités du café-débat de demain, “Besoin d’ordre, envie de désordre”, en partenariat avec Philosophie Magazine: autour de trois spectacles programmés à l’Athénée (La Cantatrice chauveLes Règles du savoir-vivre dans la société moderne et Au Temps des croisades), Christophe Bourseiller, Mireille Herbstmeyer, Frédéric Rouvillois et Fred Tousch débattront des règles et de leur transgression dans une discussion modérée par Lola Gruber, rédatrice des programmes et brochures à l'Athénée.

Pour y assister, c’est à partir de 17h demain au foyer-bar de l’Athénée: l’entrée est libre!
Côté spectacle, La Cantatrice chauve continue jusqu'à samedi prochain!


Pour ma part, je serai au bord du lac Léman dès ce soir et ne pourrait donc vous faire de compte-rendu de ce café-débat: si, dans le cadre des billets du blog ouverts aux spectateurs, l’un d’entre vous assistant à cette discussion souhaitait me livrer ses impressions (en texte, vidéo, dessin ou photo), qu’il n’hésite évidemment pas!

Bon week-end à tous.

Perspective

“La culture, ça fait mal à la tête!”

Posté le : 04 nov. 2009 08:45 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne

MME SMITH: _Bonsoir, chers amis! Excusez-nous de vous avoir fait attendre si longtemps. Nous avons pensé qu’on devait vous rendre les honneurs auxquels vous avez droit et, dès que nous avons appris que vous vouliez bien nous faire le plaisir de venir nous voir sans annoncer votre visite, nous nous sommes dépêchés d’aller revêtir nos habits de gala.
M. SMITH, furieux: _Nous n’avons rien mangé de toute la journée. Il y a quatre heures que nous vous attendons. Pourquoi êtes-vous venus en retard?”

La politesse pulvérisée par Ionesco dans La Cantatrice chauve est-elle une convention étouffante ou une règle nécessaire à la vie en société?
De manière générale, comment concilier la nécessité d’ordre et la tentation de la transgression?


C’est l’objet du premier café-débat organisé par l’Athénée autour de trois spectacles: La Cantatrice chauve, Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne et Au Temps des croisades. “Besoin d’ordre, envie de désordre” aura lieu le samedi 14 novembre à 17h à l’Athénée en partenariat avec Philosophie Magazine et avec les invités suivants :

- Christophe Bourseiller, comédien et journaliste
- Mireille Herbstmeyer, comédienne dans La Cantatrice chauve
- Frédéric Rouvillois, auteur d’une Histoire de la politesse de la Révolution à nos jours
- Fred Tousch, poète et clown, cofondateur des manifs de droite aux slogans tels que “Faites des enfants, pas des intermittents”, “Non à Victor Hugo” ou “Plus d’indemnités pour Jean-Marie Messier!” (pour voir un court-métrage réalisé par Arnaud Contreras sur le sujet, c’est ici)



Et en attendant le 14 novembre, rendez-vous dès samedi pour une rencontre autour de Jean-Luc Lagarce, le metteur en scène de La Cantatrice chauve!
Autour de Gwenola David de la revue Mouvement, retrouvez François Berreur et Mireille Herbstmeyer pour évoquer l’auteur et metteur en scène aujourd’hui disparu.
Cela se passe à 16h au forum de la FNAC des Ternes (26 avenue des Ternes, dans le 17e arrondissement de Paris) samedi 7 novembre!


Bon mercredi et à demain pour la première de La Cantatrice chauve!