le blog de l'athénée

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Coulisses

La cigarette du condamné

Posté le : 18 mars 2011 07:18 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : L'Échange

À l'Athénée, deux des acteurs de L'Échange fument une cigarette sur le balcon avant la représentation.

 

Pierre-Alain Chapuis et Aline Le Berre

 

 

Pour voir L'Échange de Paul Claudel mis en scène par Bernard Lévy, il vous reste encore ce soir à 20h et demain à 15h et 20h !

Perspective

Je ne peux pas le voir en peinture

Posté le : 17 mars 2011 07:37 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : L'Échange

En réponse à mon article consacré à Camille Claudel, un lecteur, Bernard, me faisait remarquer qu'il aurait été intéressant de publier les photos des sculptures où Camille Claudel a représenté son frère.

Je ne l'avais pas fait pour ne pas parasiter un article où, pour une fois, j'entendais détacher Camille de ses liens avec son entourage masculin, mais exauce aujourd'hui le souhait de Bernard avec cette galerie de portraits de Paul Claudel où l'on va, bien sûr, retrouver les œuvres de sa sœur.


Les portraits de Paul Claudel, qu'ils soient en photo, en peinture ou en sculpture, sont très nombreux. En voici une petite sélection par ordre chronologique :

 

Camille Claudel
Mon frère ou Jeune Romain (1882-1883).

 

Félix Vallotton
Profil de Paul Claudel, gravure sur bois d’après Jeune Romain de Camille Claudel (1898)

 

 

Camille Claudel
Paul Claudel à trente-sept ans (1905)

 

 

André Rouveyre
Une partie de Portrait de Claudel, quatre dessins exécutés d’après une photographie prise à Prague (1908-1913)

 

 

Jacques-Émile Blanche
Portrait de Paul Claudel (1919)

 

 

Léonard Foujita
Portrait de Paul Claudel (1923)

 

 

Bibliothèque du Congrès des États-Unis
Paul Claudel (1927)

 

 

Jean Bernard : Paul Claudel inspiré par les anges (1938)

 

 

Henri Cartier Bresson
Paul Claudel à Brangues (1943)
(c) Magnum Photos

 

 

Henri Cartier Bresson
Paul Claudel dans une rue de Brangues croisant un corbillard (vers 1945)
(c) Magnum Photos

 

 



Henri Cartier Bresson
Paul Claudel assis à son bureau (vers 1945)
(c) Magnum Photos



La liste complète des portraits de Paul Claudel se trouve ici.

L'Échange de Paul Claudel mis en scène par Bernard Lévy se joue encore à l'Athénée jusqu'à samedi !

 

Ce soir à 18h30, une rencontre aura lieu sur le théâtre de Claudel à la Bibliothèque Nationale de France (site Richelieu)
Le théâtre de Claudel ne laisse jamais indifférent. Ecrivain complexe et pourtant facilement caricaturé, parfois considéré comme élitiste, pourquoi séduit-il les plus grands metteurs en scène et intimide autant qu’il fascine, le public ?
Éléments de réponse avec François Angelier (journaliste), Didier Alexandre (professeur de littérature française et Secrétaire de la Société Paul Claudel), Pascale Alexandre-Bergues (professeur de littérature française), Raphaèle Fleury, (chercheuse) et Jean-Luc Vincent (dramaturge).
L'entrée est libre.

Jeudi 17 mars à 18h30
Bibliothèque Nationale de France - site Richelieu
Auditorium 5, rue Vivienne - 75002 Paris
Métro : lignes 3 (Bourse), 1 et 7 (Palais-Royal), 7 et 14 (Pyramides)
Bus : lignes 20, 29, 39, 67, 74, 85

Entretien

La journée qui dure jusqu'à ce qu'elle soit finie

Posté le : 16 mars 2011 06:24 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : L'Échange

Bernard Lévy est le metteur en scène de L'Échange de Paul Claudel. Interview avant une représentation dans la loge maquillage :

— Il existe deux versions de L'Échange : l'une date de 1893, l'autre de 1951. Pourquoi avoir choisi de monter la seconde ?
— Lors de ma première mise en scène du texte, en 1999, j'avais déjà choisi cette seconde version. Je me suis reposé la question en travaillant sur ce spectacle pour l'Athénée, mais j'ai encore une fois préféré cette version.
Je n'aime pas le personnage de Marthe dans la première version : elle est enfermée dans une image de femme un peu soumise avec un aspect lié à la chrétienté qui me semble un peu réducteur. Paul Claudel pensait d'ailleurs lui-même que les moment liés à Marthe étaient un peu ampoulés dans cette version.
Ensuite, je trouve qu'il y a une hétérogénéité de styles plus forte dans la seconde version : le vers claudélien est présent, mais il y a également du texte en prose.
Enfin, dans la seconde version, Louis Laine ne prend pas l'argent offert par Thomas Pollock Nageoire alors qu'il le prend dans la première : les interprétations sont ainsi plus ouvertes.

— Tu avais donc fait une première mise en scène de L'Échange ? Je ne me souvenais pas de cela !
— Si si, il y a douze ans. À l'instar des deux versions du texte de Claudel, le spectacle qui se joue actuellement à l'Athénée est comme une deuxième version de ma première mise en scène : je n'ai pas fait table rase de ma première mise en scène et la questionne dans cette deuxième version. L'espace n'est pas le même aujourd'hui, mais il y a des traces de ma première version : la caravane et l'écran étaient déjà là par exemple, mais pas les murs et le sols. Dans cette seconde mise en scène, le rapport entre naturalisme et théâtre  est plus mélangé, alors que la première version était plus didactique, plus distanciée. Là, les signes sont plus entremêlés.
Il y a également beaucoup de choses du texte de Claudel que je n'avais pas comprises à l'époque, ce qui est souvent le cas avec les grands textes. On peut interpréter L'Échange de plein de manières possibles : la polysémie joue son rôle. Beaucoup de nouvelles choses apparaissent aussi car ce ne sont pas les mêmes comédiens et que je suis plus mûr.
Je redoutais de revenir sur un texte que j'avais déjà monté, mais c'est finalement un très bel exercice pour un metteur en scène : il me semblait qu'il y avait quelque chose d'inachevé voire de raté dans la première version. Je suis très heureux de pouvoir revenir là-dessus, d'approfondir ce que je sentais inachevé.

— C'est un échange particulier qui est donné à voir dans la pièce...

— Effectivement, il ne s'agit pas que d'échanger de l'argent contre une femme : il s'agit aussi d'échanger un mode de vie contre un autre, la maman contre la putain…. Ces échanges-là sont des entre-deux : entre les personnages, entre le monde matérialiste et un monde idéaliste... C'est le croisement de tous ces champs-là qui crée du sens.

— Il y a quelques passages du texte qui sont projetés à l'écran pendant la représentation. Pourquoi ceux-là en particulier ?

— La première phrase, qui est présente à l'écran dès le début, est : "la journée qu'on voit clair et qui dure jusqu'à ce qu'elle soit finie !" : c'est comme une épitaphe qui apparaît alors que la journée n'a pas vraiment commencé et qui annonce la mort de Louis. Toute la pièce est l'histoire de cette journée, dans une unité de temps et de lieu.
La deuxième phrase est : "Pause. Louis Laine et Lechy causent entre eux". J'ai projeté cette didascalie car je ne voulais pas voir les personnages chuchoter, c'était un peu fabriqué.
Enfin, on projette le texte de Lechy quand elle s'approche de Louis Laine. Lechy a un trou au moment où elle est troublée par une émotion, exactement comme une actrice en répétition qui ne se souvient plus de son texte lorsque l'émotion juste arrive. Le texte projeté à l'écran vient ainsi à sa rescousse comme le sang qui coule dans les veines ; elle se raccroche au texte projeté sur le ciel.

— Pourquoi Lechy et Marthe portent-elles la même robe à la fin de la pièce ?

—Je me suis imaginé que Marthe révélait beaucoup de choses aux trois autres, qu’elle servait de révélateur. Elle révèle la femme que Lechy cherchait même si elle en a joué des centaines : la séquestrée attend depuis tant d'années...  J’imagine qu’elle met la même robe que Marthe pour retenir Louis : elle veut jouer le rôle de Marthe, mais mieux, avec du recul (comme elle le dit d’ailleurs dans la pièce). Je crois que Louis Laine révèle également la femme enfouie en Lechy : il lui révèle l'amour.
Marthe agit également comme un révélateur sur Louis : c’est gênant d'être avec quelqu'un dont on ne peut pas se cacher, car la part intime de soi est tout le temps révélée. Mais c'est Louis qui voit Marthe ainsi... Il veut fuir, y compris dans l'acte ultime de la mort. Pourquoi fuit-il ? Ce n'est pas lui qui meurt mais l'enfant qui est en lui.
Quant à Thomas Pollock Nageoire, Marthe le révèle dans son rapport au monde. Avec Marthe, il se rend compte que le monde n'est pas entièrement quantifiable.

— Pour Claudel, les personnages étaient tous les quatre au même niveau, presque au point de ne former qu'une seule entité. À t'entendre, on a quand même l'impression que le personnage de Marthe occupe une place centrale...
— C'est comme un quatuor : si tu enlèves un instrument, ce n'est plus un quatuor. Marthe serait alors le premier violon… J'ai souvent employé cette image du quatuor avec les comédiens.

— Pourquoi le plateau de L'Échange est-il en pente ?
— Pour plusieurs raisons : d'abord, c'est moins réaliste. Ensuite, lorsque le plateau n'est pas mis en pente, les gens assis au parterre ne voient pas le sol alors que le sol au théâtre me semble être une façon d'ancrer les comédiens : il manque un apport plastique très important lorsqu'on ne voit pas le sol…

— Il y a un univers sonore assez présent dans ta mise en scène...
— Pour moi, la musique est très importante. On a tous une mémoire collective liée aux grands textes : lorsqu'on découvre un "classique", on en a forcément une idée ou des images car on en a entendu parler avant d'une manière ou d'une autre. Dans mes mises en scène, j'essaie justement de me détacher de ces projections sur le texte : voilà pourquoi je lis les textes en écoutant de la musique. Cela me permet de rêver sur les mots avec la musique et de me plonger dans une atmosphère particulière.

L'Échange se joue jusqu'à samedi ! Bonne journée.

La corde verte du lapin qui siffle

Une visite sonore de l'Athénée

Posté le : 15 mars 2011 07:08 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : L'Échange

L'Athénée accueille de nombreux collégiens, lycéens et étudiants lors de ses représentations.
Certains d'entre eux ont également la chance de pouvoir participer à des ateliers, d'assister à des répétitions ou de venir rencontrer les artistes.

Jeudi dernier, une classe du lycée Simone Signoret à Vaux le Pénil est venue voir L'Échange de Paul Claudel.
Dans l'après-midi, les élèves ont pu discuter avec Jean-Luc Vincent, assistant à la mise en scène de L'Échange, de sujets aussi divers que la façon dont on monte concrètement une pièce, la différence entre naturalisme et symbolisme, les petits usages du théâtre, Paul Claudel ou encore les métiers de la scène.

Comme il leur restait un peu de temps avant de partir manger, Alexandra, qui s'occupe des relations avec le public scolaire à l'Athénée, leur a proposé une petite visite improvisée du théâtre. La ballade a duré presque trois quarts d'heure que je vous ai condensés dans une petite bande-son de trois minutes. Bonne écoute !

 

 

Si vous n'entendez rien, cliquez ici pour aller sur YouTube

 

Cet atelier a été rendu possible par Tick'Art, un dispositif de la région Île-de-France qui facilite l'accès des lycéens à la culture.
Il y a un peu plus d'un mois, je vous racontais un autre atelier organisé par Tick'Art où l'acteur Bruno Putzulu était venu rencontrer des lycéens de Saint-Denis : c'est ici.

L'Échange de Paul Claudel mis en scène par Bernard Lévy se joue jusqu'à samedi !

 

 

Merci aux élèves du lycée Simone Signoret, à Madame Lemaire, à Alexandra Maurice, à Tick'Art et à Jean-Luc Vincent.

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