le blog de l'athénée

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Entretien

Une histoire à laquelle on ne comprend pas tout

Posté le : 20 mai 2011 07:03 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Fondation Royaumont : 4 récitals pour 6 chanteurs

Isabelle Druet interprétait le rôle de Didon dans Didon et Énée passé récemment à l'Athénée.
Demain à 15h, elle donnera un récital intitulé Complaintes et berceuses à l'Athénée, accompagnée de la pianiste Anne Le Bozec : en partance pour Bruxelles où elle était invitée sur le plateau de la RTBF, Isabelle a accepté de répondre à mes questions. Conversation téléphonique depuis la Gare du Nord de Paris :



« — Pourquoi avoir appelé ce concert "complaintes et berceuses" ?
— J'avais depuis un moment l'envie de travailler sur le thème de la berceuse et de la complainte : ce sont les complaintes qui me touchent le plus, ces histoires un peu tragiques dans les musiques traditionnelles. J'ai expérimenté ce répertoire avant de venir au chant lyrique : c'est ce qui m'attirait chez certains compositeurs allemands, mais l'on trouve également des correspondances chez les Français Duparc et Chausson.

Au départ, nous avions pensé à un récital autour la berceuse uniquement, mais je n'avais pas envie que cela soit trop calme ou trop monotone. La complainte permettait d'avoir deux visions, de vivre deux aventures différentes : l'apaisement de la berceuse et le côté tragique de la complainte. Ce sont deux styles qui se marient bien et qui permettent d'aborder des compositeurs moins connus en allant d'un genre à l'autre  : il ne s'agit pas du tout des mêmes univers musicaux, et pourtant il y a des liens.


— Effectivement, le programme semble hétéroclite à première vue : Duparc et Chausson (deux compositeurs français fin 19e-début 20e), Zemlinsky (un Autrichien du début du 20e siècle), Britten (un Britannique du 20e siècle) et Montsalvatge (un Espagnol disparu en 2002).
Est-ce que tu peux expliquer comment s'est constitué le programme musical de ce concert ?

— Cela s'est construit en plusieurs temps et les œuvres se sont imposées petit à petit pour former un ensemble qui s'articule bien. En fait, nous avions participé à un concert donné à la salle Pleyel dans un but humanitaire et où nous avions joué des œuvres de Britten, Montsalvatge et Strauss sur l'idée de la berceuse.
Anne Le Bozec [qui accompagne Isabelle Druet au piano] et moi-même avons eu envie de développer ce programme en jouant les cycles entiers et d'y ajouter Duparc, Chausson puis Zemlinsky. Cela nous permettait de balayer un sceptre musical assez large sans pour autant proposer un programme incohérent.

J'aime beaucoup le poète Maeterlinck, c'est comme cela que je suis venue à Zemlinsky [compositeur des Maeterlinck Lieder] ; et au niveau de l'atmosphère, les textes des trois Lieder de Chausson vont très bien avec Maeterlinck. Avec Duparc, on commence par la complainte pour terminer par un pays où se fait la guerre, tandis qu'A charm of Lullabies de Benjamin Britten est assez drôle et pas toujours apaisé, pour ce qui est censé être un cycle de berceuses! On passe par exemple d'une berceuse très douce à une pièce où la mère menace son enfant qui ne veut pas s'endormir : ce n'est pas du tout uniforme.
Quant à Montsalvatge, c'est Anne Le Bozec qui avait très envie de faire ce cycle : c'est une poésie très évocatrice qui fait un peu penser aux comptines enfantines dont l'on ne comprend pas bien d'où peuvent venir les paroles.

— C'est sûr que ces histoires de pomme de reinette et de pomme d'api ou de souris verte, c'est pour le moins étrange…

— Oui, ou "Bateau sur l'eau, la rivière au bord de l'eau" : je ne sais pas quoi répondre à mon fils lorsqu'il me demande ce que signifient ces paroles !… Pour en revenir à Montsalvatge, ce sont des mélodies avec une atmosphère espagnole et une touche de poésie qui permettent de terminer sur une envolée un peu étrange. Le cycle est très varié : on passe d'une mélodie très rythmée évoquant un lézard et une lézarde qui pleurent à des choses lyriques très douces.
J'aime bien ce côté médiéval où l'on imagine une dame avec sa harpe qui chante des chansons dans sa tour : j'ai envie de retrouver cette atmosphère un peu magique où on se laisse emporter par un conte auquel on ne comprend pas toujours tout. »


Pour vous laisser emporter par les contes d'Isabelle Druet, c'est demain à l'Athénée à partir de 15h pour le récital Complaintes et Berceuses qui dure 1h.

Le Récit de la Servante Zerline mis en scène par Yves Beaunesne reprendra ses droits le soir-même à 20h et se joue jusqu'à la semaine prochaine !

Bon week-end.

 

PS : mardi, j'ai publié deux des poèmes mis en musique dans ce récital : pour les (re)lire, c'est ici.

Pleins feux

Prenez garde, on y voit à peine

Posté le : 18 mai 2011 07:45 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Fondation Royaumont : 4 récitals pour 6 chanteurs

Ceux qui ont vu Didon et Énée il y a dix jours à l'Athénée se souviendront sans doute de la mezzo-soprano Isabelle Druet, qui interprétait Didon.
Et ceux qui ne l'ont pas vu seront peut-être contents d'apprendre qu'une séance de rattrapage aura lieu samedi après-midi : à 15h, Isabelle Druet viendra pour un récital sur le thème de la complainte et de la berceuse.

Quelques-unes des œuvres choisies sont des poèmes mis en musique : Alexander von Zemlinsky, un compositeur autrichien du début du 20e siècle, a utilisé des poèmes du belge Maurice Maeterlinck, tandis qu'Ernest Chausson, un compositeur français du 19e siècle, a repris des poèmes du français Camille Mauclair.

Voici l'un des poèmes de Maeterlinck mis en musique par Zemlinsky dans ses Maeterlinck Lieder, suivi d'un poème de Camille Mauclair utilisé par Chausson dans ses Lieder opus 27:


MAURICE MAETERLINCK - Quinze chansons


IX
« Elle est venue vers le palais
— Le soleil se levait à peine —
Elle est venue vers le palais
Les chevaliers se regardaient
Toutes les femmes se taisaient.

Elle s’arrêta devant la porte
— Le soleil se levait à peine —
Elle s’arrêta devant la porte
On entendit marcher la reine
Et son époux l’interrogeait.

Où allez-vous, où allez-vous ?
— Prenez garde, on y voit à peine —
Où allez-vous, où allez-vous ?
Quelqu’un vous attend-il là-bas ?
Mais elle ne répondait pas.

Elle descendit vers l’inconnue
— Prenez garde, on y voit à peine —
Elle descendit vers l’inconnue
L’inconnue embrassa la reine
Elles ne se dirent pas un mot
Et s’éloignèrent aussitôt.

Son époux pleurait sur le seuil
— Prenez garde, on y voit à peine —
Son époux pleurait sur le seuil
On entendait marcher la reine
On entendait tomber les feuilles. »




CAMILLE MAUCLAIR - LES HEURES

« Les pâles heures, sous la lune,
En chantant jusqu'à mourir,
Avec un triste sourire,
Vont une à une
Sur un lac baigné de lune,
Où, avec un sombre sourire,
Elles tendent, une à une,
Les mains qui mènent à mourir;
Et certains, blêmes sous la lune
Aux yeux d'iris sans sourire,
Sachant que l'heure est de mourir,
Donnent leurs mains une à une
Et tous s'en vont dans l'ombre et dans la lune
Pour s'alanguir et puis mourir
Avec les Heures une à une,
Les Heures au pâle sourire. »

 

Accompagnée d'Anne Le Bozec au piano, Isabelle Druet interprétera des œuvres de Henri Duparc, Benjamin Britten, Ernest Chausson, Alexander von Zemlinsky et Xavier Montsalvatge dans le cadre de la résidence de la Fondation Royaumont à l'Athénée. Rendez-vous samedi à 15h à l'Athénée !

Le Récit de la Servante Zerline d'après Hermann Broch mis en scène par Yves Beaunesne continue à se jouer jusqu'au 28 mai. La devinette de lundi est toujours active sur le blog !

Pleins feux

L'art de prendre des photos en concert

Posté le : 14 mars 2011 06:14 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Fondation Royaumont : 4 récitals pour 6 chanteurs

Le concert de Karine Deshayes et Hélène Lucas - samedi 12 mars 2011 à 15h

 

L'Athénée propose quelques concerts le samedi à 15h en partenariat avec l'Orchestre de Paris et la Fondation Royaumont : les artistes n'étant là que pour un après-midi, en parler sur le blog est toujours un peu difficile car les délais sont très courts.

 

Avant-hier, je ne voulais pas déranger Karine Deshayes et Hélène Lucas pendant leur raccord (ou petite répétition). Je ne voulais non plus déranger les spectateurs pendant le concert avec le bruit de mon appareil photo.

Voici donc quelques photos volées prises de la galerie (ou poulailler, les fauteuils situés tout en haut) et de l'extérieur de la salle par l'entrebâillement d'une porte mal fermée.

 

 

 

 Le piano a été placé dans le décor de L'Echange.
Ici, Hélène Lucas (à gauche) et Karine Deshayes (à droite) saluent à la reprise de l'entracte.
Photo prise de la galerie.

 

 

 Hélène Lucas, sa tourneuse de page et Karine Deshayes entre deux airs.
Photo prise de la galerie.

 

 

 

 

Karine Deshayes boit de l'eau entre deux airs.
Photo prise de la galerie.

 

 

 


Hélène Lucas et Karine Deshayes pendant le concert.
J'ai pris la photo de l'extérieur de la salle, dans l'entrebâillement d'une porte (porte visible sur cette photo dans les deux parties marron qui encadrent les musiciennes)

 

 

 

Le café-débat sur la notion d'échange - samedi 12 mars 2011 à 17h30

 

Après le concert de Karine Deshayes (chant) et Hélène Lucas (piano) a eu lieu un café-débat.

Réunissant Bernard Lévy (metteur en scène de L'Échange), et Frédéric Lordon (économiste), la discussion portait sur la notion d'échange.

 

Qu'est-ce que l'échange ? Qu'échange t-on ? Quelle est la différence entre échange économique et échange symbolique ? Quelle est la nature spécifique de l’échange dans la pièce éponyme de Claudel ?

Pour avoir quelques réponses à ces questions, n’hésitez pas à aller écouter la captation sonore du débat qui sera mise en ligne sur le site de l’Athénée d’ici quelques jours.

 

 

De gauche à droite :
Bernard Lévy, metteur en scène de
L'Echange
Lola Gruber, qui écrit les programmes à l'Athénée et modérait la rencontre
Frédéric Lordon, économiste

 

 

L'Échange de Paul Claudel mis en scène par Bernard Lévy se joue jusqu’à samedi ! Bon début de semaine.

Pleins feux

Vous ne savez pas quoi faire de votre samedi ?

Posté le : 09 mars 2011 06:30 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Fondation Royaumont : 4 récitals pour 6 chanteurs

Ce samedi, l'Athénée vous a concocté un emploi du temps béton :


À 15h, vous pourrez venir écouter la mezzo-soprano Karine Deshayes, qui a été consacrée artiste lyrique de l'année lors des dernières Victoires de la Musique Classique.
Je vous propose de l'écouter ici dans un air de Cendrillon de Rossini :



Samedi, elle chantera des œuvres de Poulenc, Fauré et Duparc accompagnée au piano de Hélène Lucas dans le cadre de la résidence de la Fondation Royaumont à l'Athénée.



Après le concert, à 17h30, vous pourrez participer à un débat sur le thème de la valeur de l'échange, avec Bernard Lévy (metteur en scène de L'Échange) et Frédéric Lordon (économiste).


Et après le café-débat, à 20h, vous pourrez assister à une représentation de L'Échange de Paul Claudel mis en scène par Bernard Lévy.


Vous pourrez dormir dimanche.


Bon mercredi !

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