le blog de l'athénée

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D'hier à aujourd'hui

Histoire de noms

Posté le : 19 nov. 2008 08:39 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Direction Patrice Martinet

Ceux qui sont déjà venus connaissent le beau bâtiment de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet, aujourd'hui classé monument historique, mais pas forcément l'histoire de sa construction. Sa complexité se reflète au gré des changements de nom de la salle, et c'est sur ces soucis patronymiques que je vais d'abord m'attarder ce matin, répondant ainsi à la question que la dite "Louise Michel" posta le 24 septembre en commentaire sur le blog.

Le premier bâtiment construit en 1883 rue Boudreau s'appelle l'Eden Théâtre puis Grand Théâtre -et le qualificatif "grand" n'est pas de trop, car c'est à l'intérieur de cet ensemble imposant comprenant jardin d'hiver, foyer, galerie de promenade, loges, scène, bureaux et vélodrome (si si) que l'on aménage en 1893 l'actuel Athénée. Cette petite salle incluse au Grand Théâtre est d'abord appelée Comédie-Parisienne pour refléter sa vocation de théâtre dévolu au vaudeville et à l'opérette.

L'Eden Théâtre-Grand Théâtre est détruit en 1895 pour permettre la percée du Square de l'Opéra et le prolongement de la rue Boudreau : la salle de la Comédie-Parisienne est modifiée mais conservée, et c'est un an plus tard qu'elle est baptisée Athénée-Comique par son nouveau directeur, Jules Lévy dit Lerville. Comique parce que prédominance du vaudeville, encore une fois.

En 1899, arrive Abel Deval qui enlève le qualificatif comique : le nouveau directeur est en effet un comédien spécialisé dans la tragédie, même si sa programmation très dense ne fait pas réellement preuve de cohérence de genre. Entre 1899 et 1914 se succèdent ainsi vaudevilles, pièces du siècle d'or espagnol, fantaisies, théâtre japonais et comédies satiriques.

L'Athénée change ensuite plusieurs fois de directeur mais pas de nom. C'est en 1934 qu'arrive l'ouragan Louis Jouvet : jusqu'en 1951, date où il mourra dans le théâtre, il préfigure ce que l'on appelle souvent aujourd'hui le "service public de la culture" en s'employant à faire de l'Athénée un théâtre d'art où se succèdent pièces exigeantes, compagnies indépendantes et recherches intellectuelles et esthétiques.

Pierre Bergé, directeur de l'Athénée de 1977 à 1981, ouvre une deuxième salle dévolue au théâtre d'essai, la salle Christian Bérard, du nom du scénographe de Louis Jouvet. La salle à l'italienne est ainsi rebaptisée salle Louis Jouvet. Si on l'appelle finalement aujourd'hui "grande salle", c'est parce qu'en 1994 avec Patrice Martinet, il a été décidé de revenir au nom d'Athénée Théâtre Louis-Jouvet, que le théâtre portait sous la direction du patron, pour rendre hommage à celui qui a façonné l'esprit du théâtre et que l'on croirait parfois sentir rôder entre les murs.

Reste à expliquer le nom d'Athénée : comme nous l'a dit Patrice Martinet dans une conversation informelle, il s'agit juste d'une enseigne. Le nom avait d'ailleurs également été donné à un théâtre rue Scribe, à un autre rue de Clichy, et désigne toujours un hôtel de luxe bien connu à Paris.
Athénée, c'est un savant grec qui aurait vécu aux alentours du troisième siècle, et ce sont aussi des lieux d'enseignement secondaire en Belgique et en Suisse. Mais l'Athénée, c'est surtout l'endroit inspiré du temple d'Athéna, le lieu où se disputaient des concours de poésie en Grèce antique, mais où poètes et rhéteurs faisaient également la lecture de leurs ouvrages : au final, un nom très adapté pour un théâtre qui a choisi de centrer sa programmation sur le texte et les acteurs qui le portent…

Bon mercredi!

Entretien

Je hais le théâtre

Posté le : 07 nov. 2008 08:55 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Direction Patrice Martinet

Carlo Cecchi, le metteur en scène de Claus Peymann…/Sik Sik, est le genre de personnage imposant à qui l'on a peur de parler. Alors pour glaner des idées sur le spectacle, on est allée voir Patrice Martinet, directeur de l'Athénée, personnage aussi imposant à qui l'on a moins peur de parler.

"_ Pourquoi avoir programmé un spectacle de Carlo Cecchi?
_ J'ai connu Carlo en accueillant au Centro di Ricerca per il Teatro, que je dirigeais à Milan, son spectacle RitterDeneVoss : comme Claus Peymann…, il s'agit d'un texte de Bernhard sur le théâtre, dont le titre français est, bizarrement, Déjeuner chez  Wittgenstein. Ritter, Dene et Voss sont en fait les noms des trois comédiens du Burgtheater de Vienne qui ont créé la pièce. J'ai ensuite programmé la pièce en 2003 dans une mise en scène de Hans Peter Cloos : nous avions souhaité l'intituler ScobRichWaneck, du nom des trois comédiens du spectacle, mais nous n'en avons malheureusement pas eu l'autorisation. Ce texte de Bernhard est un hommage aux comédiens et au théâtre, et la mise en scène qu'en avait fait Carlo Cecchi reste un grand souvenir de mon séjour en Italie.
Programmer Claus Peymann…/Sik Sik était ainsi une manière de renouer avec cette émotion tout en donnant un spectacle qui déclare son amour du théâtre : car si le personnage de Thomas Bernhard dans Claus Peymann… crie sa haine du théâtre, c'est tout simplement pour mieux montrer qu'il l'aime infiniment…
Et pour être honnête, je crois que cela faisait des années que je n'avais pas autant ri : j'ai réellement trouvé que c'était un spectacle incroyablement drôle. Il y a enfin une forme d'hommage à Louis Jouvet : comme Louis Jouvet, Carlo Cecchi est un capocomico, c'est-à-dire un metteur en scène qui dirige une compagnie et est présent sur le plateau en jouant avec les autres. Les troupes rassemblées autour d'un metteur en scène perdurent encore en Italie, bien plus qu'en France, d'ailleurs!

_ Vous qui parlez couramment italien, pensez-vous qu'on apprécie différemment le spectacle lorsqu'on n'est pas italophone?
_ Oui, car il y a une double démonstration. C'est surtout un spectacle sur les coulisses du théâtre où Thomas Bernhard va jusqu'à se mettre en scène en compagnie de Claus Peymann, qui a réellement été directeur du Burgtheater de Vienne ; de même pour Sik Sik où l'on caricature la figure du comique italien.
C'est dans Sik Sik que la maîtrise de l'italien s'avère intéressante, car on voit l'incompréhension entre deux Italiens qui essaient de parler une langue qui n'est pas la leur, mais qui est pourtant l'italien… L'italien devrait être une langue commune, mais il y a autant de dialectes que de régions, et l'unification qui a eu lieu au 19e siècle s'est accomplie en dépit du fait qu'un Napolitain ne pouvait pas comprendre un Milanais…
Dans Sik Sik, on voit donc deux personnages qui utilisent différemment l'italien : ils essaient de se comprendre en utilisant les mêmes tournures mais s'en servent mal et surtout pas de la même manière ! De toutes façons, la gestuelle napolitaine est un plaisir en soi et une langue que tout le monde comprend.

_ Pour en revenir à Claus Peymann…, je me demandais si vous vous étiez reconnu dans ce personnage de directeur de théâtre peu orthodoxe?
_ J'ai bien peur que oui. Moi aussi j'ai connu des doutes en arrivant à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet, moi aussi je réfléchis à la prochaine saison avec Christine Anglès, l'administratrice de l'Athénée, et surtout, moi aussi j'achète des pantalons."

Il vous reste jusqu'à dimanche pour découvrir un petit bout d'Italie ; quant à moi, je vous dis à lundi!

Coulisses

Mon directeur, ce héros

Posté le : 06 nov. 2008 08:25 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Direction Patrice Martinet

Vous le savez, l'événement principal à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet cette semaine reste le spectacle de Carlo Cecchi, Claus Peymann…/Sik Sik. N'en oublions pas pour autant d'autres événements qui changent la face du théâtre -ou, plus exactement, celle de son équipe.

Avant-hier, c'était en effet l'anniversaire de Patrice Martinet, directeur de l'Athénée : ne comptez pas sur moi pour vous révéler l'âge du jubilaire, et ceux qui se lanceront dans les devinettes en la matière le feront à leurs risques et périls dans leurs commentaires (je vous en prie, ne m'obligez pas à vous censurer pour préserver la paix sociale à l'Athénée).

Pour l'occasion, la face de l'Athénée en fut donc changée, et toute l'équipe du théâtre se déguisa en Patrice Martinet.
Voici à quoi ressemble l'original selon le portrait de Brigitte Baudesson que vous trouverez sur le site de l'Athénée :

Patrice Martinet



Et voici ses petits avatars affublés de lunettes rondes et d'une barbe en velours confectionnée par Marie-Noëlle Bourcart, régisseur général, et Patricia Mitaine, comptable principale :

Patrice Martinet et les sept nains

Les sept répliques (on n'a pas dit sept nains) de gauche à droite
Marie-Noëlle (régisseur général), Mathilde (stagiaire en communication et relations publiques), Eglantine (attachée aux relations publiques), Amandine (directrice du développement), Guillaume (secrétaire général), Aline (directrice de salle) et Florence (attachée à la communication).



Eglantine Desmoulins et Amandine Gougeon
Les mêmes en gros plan :
Églantine (attachée aux relations publiques) à gauche, Amandine (directrice du développement) à droite. Derrière Églantine, on aperçoit Julie (secrétaire de direction), et dans le miroir Janie (membre de l'équipe d'accueil) ainsi que Guillaume (secrétaire général).



Si j'avais eu un appareil panoramique, vous auriez également pu voir déguisés Christine Anglès (administratrice), Hélène Faget (secrétaire technique), Capucine Leboucher (coordinatrice de billetterie), Denis Léger (directeur technique), Dominique Lemaire (directeur technique adjoint), Jean-Noël De Marcovitch (régisseur général), Alexandra Maurice (attachée aux relations publiques), Yoann Perez (régisseur son) et Patricia Mitaine (comptable principale).

 

Et l'intéressé, quel tête il avait?  Visiblement ému, il s'appuyait sur une chaise comme pour ne pas chanceler.

Patrice Martinet

Patrice (directeur) et Dominique (directeur technique adjoint et guitariste de fêtes d'anniversaire en cas de besoin)

Patrice Martinet

La légende de cette photo reste ouverte. Je propose quelques possibilités et vous laisse me faire part de vos idées :
"_ Vous, là, posez cet appareil photo."
"_ On peut savoir pourquoi vous n'aviez pas de barbe?"
" _ Il est bizarre votre pull aujourd'hui."
"_ Votez pour moi" (excusez-moi, ce sont les nouvelles d'hier qui m'égarent)

Derrière Patrice Martinet, on aperçoit sans barbe Julie (secrétaire de direction), Florence (attachée à la communication), Amandine (directrice du développement) et Guillaume (secrétaire général).


Ce jour-là, c'était aussi la fête de Carlo Cecchi : pour la lui souhaiter, même avec retard, Claus Peymann…/Sik Sik se joue jusqu'à dimanche! Bon jeudi.

Coulisses

Elémentaire, mon cher Jouvet (2)

Posté le : 30 oct. 2008 08:15 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Direction Patrice Martinet

Certains se souviennent peut-être de la caverne d'Ali Martinet, directeur de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet, et de la promesse que je vous avais faite de vous montrer quelques objets.

Commençons plutôt par les choses qui n'y sont plus, car même si Patrice Martinet, à l'instar de Denis Léger, aime collectionner les objets, il sait aussi s'en débarrasser. J'en prends pour exemple cet énorme canapé légué par Pierre Bergé, ancien directeur de l'Athénée. Enorme machin à la structure défoncée et très peu élevée, ce canapé était si  bas et si confortable que personne ne semblait pouvoir un jour s'en relever. Et voilà notre Patrice Martinet condamné à supporter des rendez-vous interminables avec des interlocuteurs donnant l'impression qu'ils ne s'en iraient jamais.

Lassé de ces conversations au temps illimité car ayant un emploi du temps de directeur très occupé, Patrice Martinet prit un jour une décision raisonnée : se débarrasser du canapé. Il fut expatrié dans la coursive pour permettre aux techniciens de s'y reposer. Souvent, en fait, ils y dormaient.

Patrice Martinet fit ensuite un deuxième choix tranché : il fallait vendre ce canapé. On le mit donc sur E-Bay, mais il était tellement énorme que personne n'en voulait. C'est donc Yoann Perez, régisseur son à l'Athénée, qui l'a acheté. Pour son petit salon, le mastodonte semble vaguement démesuré, mais Yoann me dit sur un ton très enjoué : "non mais attends, il est très bien, ce canapé! C'est un endroit de squat où se reposer, et je suis très fier de posséder un canapé où tant de gens illustres ont pu poser leur fessier!".

Des photos suivront, je vous le promets. En attendant, ceux qui étaient à la première du Tribun/Finale hier sont invités à me dire ce qu'ils en ont pensé!

Bonne journée...

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