le blog de l'athénée

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Ils ont blogué pour l’athénée pendant 10 ans
D'hier à aujourd'hui

L’Athénée se tape l’affiche (2)

Posté le : 04 mars 2009 07:18 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Archives

Puisque nous avions constaté le 9 février que les affiches semblaient vous intéresser, je vous propose aujourd'hui de continuer notre voyage dans les années 1980 entrepris le 10 décembre dernier.

L’Athénée n’a pas toujours privilégié le texte sur ses affiches, mais le changement et la surprise, si. Reprenons donc où nous nous étions arrêtés en saluant encore une fois l'abnégation de Dominique Lemaire, directeur technique adjoint de l'Athénée, qui a pris toutes les photos.

 



Octobre 1987 : dans un commentaire en date du 10 décembre, un lecteur dénommé Antoine nous posait des questions sur l’ancien logo de l’Athénée en s’en moquant légèrement : cher Antoine, vous voilà donc servi en grand format !



Février 1988 : tout le monde devrait savoir qu’il faut enlever son chapeau à l’intérieur, même les bustes.



Avril 1988 : pour les débats qui ont lieu entre des gens aussi divers qu’Anne Alvaro, François Berléand, Charles Berling, Evelyne Didi ou André Engel afin de promouvoir les rencontres entre artistes et souligner la volonté d’indépendances des comédiens membres de l’APA (Acteurs Producteurs Associés), l’Athénée en vient à l’épure.



Septembre 1988 : humour et cruauté.



Janvier 1989 : ou comment résumer l’esthétique des années 80.

 

En attendant Godot partage une affiche noire, blanche et rose avec Cosi fan tutte et Riders to the Sea que vous verrez dès la semaine prochaine dans le métro. Quant aux représentations, elles commencent demain! Bon mercredi.

Pleins feux

Glorieux comme un pet

Posté le : 18 déc. 2008 07:17 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Archives

Pet : bruit, claquement.

Lâcher quelqu'un comme un pet : le quitter précipitamment.

Faire du pet : faire du tapage.

Porter le pet : porter plainte.

Envoyer péter : envoyer promener.

Péteur : se dit d'un homme que l'on a honteusement chassé d'un endroit.

Péteux : peureux ou pédant, prétentieux.

Pétaud : personnage légendaire aux occurrences multiples, tour à tour roi péteur ou homme solitaire et fugueur cherchant sa propre maison.

En 1593 circule sous le manteau la Satyre Ménippée (que personne ne me reprenne encore sur l'orthographe de Satyre, c'est de l'ancien français!), violent pamphlet destiné à faciliter l'accession au trône du futur Henri IV face au Duc de Guise soutenu par le Roi d'Espagne dans un contexte de guerre de religion.
Pétaud y est un roi chez qui règne le désordre, et l'on parle alors de "La Cour du roy Petauld, où chascun est maître" (là aussi c'est de l'ancien français, vous suivez?).

Pétaudière, de la locution "Cour du Roi Pétaud" dans la Satyre Ménippée: lieu où règnent la confusion et l'anarchie.

La Cour du Roi Pétaud, opéra-bouffe de Léo Delibes sur un livret d'Adolphe Jaime et Philippe Gille, se joue à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet à partir de ce soir et jusqu'au 4 janvier.
Vous y retrouverez la compagnie des Brigands que vous avez déjà vue à l'Athénée dans Arsène Lupin Banquier, Les Brigands, Toi c'est moi, Ta Bouche, Le Docteur Ox ou Geneviève de Brabant.

A ce soir pour la première, et bon jeudi!


Merci au Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales.

D'hier à aujourd'hui

L'Athénée se tape l'affiche (1)

Posté le : 10 déc. 2008 08:28 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Archives

Nous avions évoqué le 13 octobre dernier les correspondances entre un événement culturel et sa communication mais n'avons pas parlé des modes en matière de graphisme. Vous avez vu lundi une affiche de 1949 au graphisme que nous définirons comme spartiate -il faut dire qu'à l'époque, on parlait davantage de maquettistes.

Les photos que Dominique Lemaire a prises des affiches de l'Athénée depuis 1982 nous donnent un petit aperçu de l'évolution de la communication visuelle avec le temps :

Mai 1982 : l'Athénée est le "rendez-vous des compagnies théâtrales subventionnées" et vous sert du Bouillon le cœur sur la main.

 

Février 1983 : l'Athénée aimait déjà le rose et avait manifestement déjà embauché quelqu'un pour espionner la vie de ses coulisses.

 

Septembre 1983 : et pourtant, Pierre Desproges n'avait pas encore déclaré son vibrant "Je hais les cintres. Le cintre agresse l'homme! Par pure cruauté!"

 

Février 1985. A cette époque, le texte était apparemment déjà central à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet.

 

Octobre 1985. Une affiche qui parle à tout le monde.

 

Octobre 1986 : le premier spectacle que Patrice Martinet, aujourd'hui directeur, vit à l'Athénée, avec sa deuxième version en 1987 :

 

La communication de l'Athénée a donc toujours eu la bougeotte, et vous aurez la suite des années 80 au prochain épisode!

Les voix d'Olivier Messiaen continue jusqu'à dimanche : ce soir, émission en direct sur France Musique suivie d'un concert gratuit donné par des élèves de conservatoires de Paris! Bon mercredi.


PS à ceux qui ne comprennent pas le titre : il fallait être plus jeune.
(Pardon, il fallait que je me venge, je n'étais même pas née au moment des quatre premières affiches...)

Perspective

Place à l'initiative

Posté le : 05 déc. 2008 08:48 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Archives

Alexandra Maurice, qui vole des perruques pour ensuite se retrouver derrière les barreaux, sait aussi montrer le bon exemple à notre jeunesse : c'est ainsi que, le mardi 25 novembre dernier, elle avait organisé la venue à l'Athénée d'étudiants du lycée l'Initiative situé dans le 19e arrondissement de Paris.

Aéo, Alison, Charles, Clémence, Iolani, Jean-François, Lily, Marie, Romain, Sidonie, Valentine

On vous l'a dit, Alexandra Maurice est responsable des invitations et chargée des relations avec le public scolaire : elle est là pour accompagner les professeurs souhaitant faire découvrir le théâtre à leurs élèves, sensibiliser les jeunes au spectacle et organiser des rencontres entre artistes et étudiants. Comme on peut aussi approcher le théâtre par une stratégie du détour, pour reprendre la formule de Jean-Pierre Sarrazac, les élèves du lycée l'Initiative sont d'abord venus pour dessiner l'Athénée et le décor d'après la répétition avant d'aller voir le spectacle le soir.

C'est ainsi qu'une quinzaine de jeunes déambulèrent, appareil photo et crayon en main, pour capter pendant une heure et demie les lignes et l'esprit de l'Athénée habité par la pièce de Bergman mise en scène par Laurent Laffargue. Pendant ce temps, leur professeur, Monsieur Jean-Luc Parthonnaud, m'accorda un petit entretien tout en prenant de temps en temps ses élèves en photo.

Monsieur Jean-Luc Parthonnaud, Marie, Aurélie, Justine.

"_ Qui sont vos élèves? Et vous d'ailleurs, vous êtes professeur de quoi?
_ Mes élèves sont des jeunes qui préparent les écoles des beaux-arts. Ils sont le plus souvent issus de CAP, de bac pro ou de bac STI et le lycée l'Initiative est comme une passerelle qui les prépare aux concours très difficiles des écoles de beaux-arts de Paris, Strasbourg, Rennes, Cergy, Saint-Etienne, et caetera, avec en moyenne 90% de réussite. Ce sont souvent des gamins en échec scolaire que l'on a mis dans des formations de communication visuelle et de graphisme, qui ont été formatés par l'Education Nationale et qu'il faut absolument sortir du moule de la pensée dominante. Officiellement, je suis leur professeur de français, mais mon rôle est bien de développer leur culture, leur faire faire des découvertes, leur apprendre à argumenter et leur donner des références artistiques. Pour réussir à ces concours, il ne suffit pas d'être bon techniquement, il faut aussi avoir une culture artistique et savoir en parler.

_ En clair, vous êtes là pour former leur goût selon le sens qu'en donnait Hume dans Les Essais esthétiques, à savoir "un sens fort, uni à un sentiment délicat, amélioré par la pratique, rendu parfait par la comparaison, et clarifié de tout préjugé" ?
_ Oui, c'est un vaste programme culturel et humain que j'essaie de mener pendant mes cinq heures de cours hebdomadaires. Je les emmène au théâtre, à des expositions, voir des spectacles de danse… En ce moment, je les fais travailler sur les mythes, qui sont très présents dans l'art mais qui peuvent aussi se retrouver dans l'idéologie et l'exploitation, comme l'explique Roland Barthes. Ensuite, je passerai à Deleuze, Marx, Foucault…
C'est un travail qu'ils doivent d'ailleurs continuer pendant le week-end, car il est important qu'ils développent une sensibilité et un argumentaire personnels! Je suis là pour les aider à apprécier l'art contemporain et à former leur jugement. Cela les oblige à une grande remise en question, car plus on fait de découvertes artistiques plus le goût évolue, et c'est parfois difficile de se dire "mon dieu, comme c'était horrible ce que j'aimais avant!". Cela demande également une certaine implication financière, car il faut payer des places de spectacles ou des billets d'entrée aux expositions, mais on leur apprend que c'est surtout une question de choix et que c'est à eux de décider où dépenser leur argent.

Les étudiants continuent à parcourir le théâtre en silence et je suis, il faut bien le dire, assez étonnée de leur sérieux, de leur tenue et de leur implication manifeste.

Aéo, Sidonie, Romain, Aurélie, Marie

_ Ils sont en tout cas très agréables et souriants, et ils ont l'air contents d'être là, non?
_ Oui, ils comprennent qu'on ne se moque pas d'eux. Après des années à être passés à la moulinette de l'Education Nationale, ils se sentent valorisés ici. Ils voient que beaucoup de gens se démènent pour eux, qu'on les emmène dans des lieux prestigieux, que des artistes prennent le temps de les rencontrer et qu'on est là pour les amener à faire des découvertes. Et il y a de toutes façons une très bonne dynamique de groupe dans cette classe.

_ C'est la première fois que vous les emmenez au théâtre?

_ Cette classe-là, oui. Mais je suis un habitué de l'Athénée, je viens depuis 1978. Un de mes souvenirs le plus marquant se situe en 1997, lorsque j'avais emmené une classe de première pour L'Illusion comique mise en scène par Jean-Marie Villégier : il était venu leur apprendre à lire des passages de Corneille à la façon du 17e siècle!
_ Cela vous semble important, que vos élèves rencontre les artistes?
_ Définitivement oui, car ils ont des arguments d'autorité : si c'est moi qui leur explique qu'ils doivent travailler dur, je suis dans le rôle du vieux con. Si c'est un artiste, ils l'écoutent et cela accélère nettement leur compréhension et leur production. Je repense à Chantal Thomas, scénographe de Jacques ou la soumission et de L'Avenir est dans les oeufs, qui était venue leur expliquer son travail : elle avait amené tous les dossiers préparatoires à la création de la scénographie et avait détaillé tout le processus et le temps incroyable que cela lui avait pris… C'était le silence total dans la salle de classe, et je peux vous dire qu'après, ils ont travaillé comme des fous! D'ailleurs, Fanny Cottençon, actrice dans après la répétition, était venue au lycée à l'occasion de la sortie du film de Roger Coggio, Le Journal d'un Fou, dans lequel elle avait joué.

_ Pour vous, cela doit représenter un investissement énorme…
_ Oui, c'est épuisant, d'autant que l'on doit tout faire dans un laps de temps très court : les dates de concours avancent chaque année. Mais quel plaisir de les amener à faire des découvertes, de leur donner confiance, de les retrouver des années plus tard dans le public des salles de spectacles ou de voir qu'ils ont réussi leur vie professionnelle! J'ai d'ailleurs une ancienne élève qui va travailler avec Chantal Thomas et Laurent Pelly."

 

J'ai laissé Monsieur Parthonnaud et ses élèves terminer leur travail et assister à la représentation d'après la répétition, pour ensuite les retrouver après la pièce pour une rencontre avec Céline Sallette et Fanny Cottençon, actrices dans le spectacle. Morceaux choisis :

"_ Comment en êtes-vous venues à faire du théâtre?
Céline Sallette : _ J'étais amoureuse d'un type qui faisait du théâtre, alors à treize ans je me suis mise à en faire aussi.
Fanny Cottençon : _ Chacun doit trouver son propre moyen d'expression. Vous, ce sont les beaux-arts. Moi, ce sont les mots des autres.

_ Est-ce que vous avez joué dans des films?
Céline Sallette : _ Oui, plein, alors je te conseille d'aller voir sur le site de l'Internet Movie Database, ça ira plus vite.
Fanny Cottençon : _Il paraît qu'Allociné c'est bien aussi.

Le téléphone de Céline Sallette sonne :

_  Excusez-moi, ça doit être ma mère.

_ Comment vous préparez-vous pour entrer dans un personnage? Enfin, comment faites-vous pour dégager une émotion aussi sincère?
_ Quelles études avez-vous faites?
_ Madame Cottençon, comment fait-on pour jouer un personnage qui a bu?
_ Est-ce que cela vous a plus de jouer des actrices?
_ Est-ce que vous cherchez à plaire quand vous jouez?
Céline Sallette : _ Ah non, surtout pas! Tu imagines si tu veux essayer de plaire à tout prix, tu pleures dès que tu en entends un tousser dans la salle! Si je peux te donner un conseil : pense à ta grand-mère et fais une œuvre!
Fanny Cottençon : _ Si tu plais, tant mieux, c'est que quelque part tu as bien fait ton travail. Mais ce n'est pas en cherchant la reconnaissance que tu vas être bon!

_ Mais, finalement, enfin, après la fin de la pièce, ça se termine bien ou pas?
Fanny Cottençon : _ C'est à toi de l'imaginer. Pour toi, comment peut se poursuivre l'histoire après la fin?
_ Je ne sais pas, il n'y a pas vraiment de fin, alors je me disais que peut-être, vous, vous sauriez…"


Ces étudiants reviendront peut-être un jour à l'Athénée de leur propre initiative. En attendant, ils pourront toujours se souvenir de cette journée et remercier leur professeur de tant se démener : souhaitons-leur bonne chance pour leurs concours en espérant qu'un jour, c'est en tant que décorateurs ou scénographes qu'ils pourront déposer leur manteau sur les sièges du théâtre...


Après la répétition
se joue jusqu'à demain soir et laisse ensuite la place à une semaine consacrée à Olivier Messiaen. D'ici là, bon week-end à tous!

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