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Coup de théâtre

Portrait de spectatrice (2) : Laetitia

Posté le : 08 juin 2011 06:08 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Vénus

Chers tous,

Il y a quelques jours, j'ai publié sur le blog un portrait d'Antoine, stagiaire à l'Athénée qui avait réalisé un clip dans le Théâtre en vue de gagner un concours permettant de rencontrer la chanteuse Lady Gaga.
J'ai le plaisir de vous annoncer aujourd'hui qu'Antoine a terminé dans les dix finalistes (sur plus de neuf cents candidats) et qu'il a ainsi remporté le fameux sésame lui permettant d'approcher son idole! Merci à vous pour l'aide précieuse que vous lui avez apportée en visionnant sa vidéo.


Puisque nous parlons de vous, donc, passons du portrait de stagiaire au portrait de spectateur.
Après le portrait d'Alekssandre, un spectateur que j'avais rencontré à l'occasion du spectacle Guillaume et les garçons, à table !, je vous invite aujourd'hui à découvrir Laetitia.

Un jour, Laetitia m'a laissé sur le blog un commentaire qui m'avait fait hurler de rire : et de commentaires en mails, nous en sommes venues à nous dire qu'il serait temps de se rencontrer.
À l'instar d'Alekssandre que j'imaginais autrement, Laetitia est une médecin métisse très grande âgée de vingt-neuf ans là où je m'étais représenté une petite blonde de dix-huit ans étudiante en lettres modernes (allez savoir pourquoi). Quant à elle, elle m'a reconnue immédiatement… grâce à mon appareil photo.

J'ai rencontré Laetitia avant une représentation de Vénus en mars 2010 : nous avons pris un verre de jus de goyave au bar du Théâtre en nous vouvoyant et sans que je prenne de notes dans mon carnet —quand on rencontre quelqu'un pour la première fois après lui avoir écrit pendant des mois, on n'a pas tellement envie de rester encore une fois le nez collé dans ses notes.
Comme vous le voyez si vous calculez bien, j'aurai donc mis plus d'un an à écrire ce portrait : il y a parfois des choses plus difficiles que d'autres….

Laetitia a découvert le théâtre par ses parents qui, comme elle le mentionne avec humour, « ne se sont jamais remis de la mort de Vitez » : la première pièce qu'elle a vue est donc La Vie de Galilée de Brecht mis en scène par Antoine Vitez.
Aujourd'hui, c'est plutôt elle qui emmène ses parents au théâtre —faisant ainsi écho malgré elle avec le sujet du débat qui avait lieu à l'Athénée ce jour-là et dont je sortais au moment de notre entretien : « peut-on échapper à sa famille ? ».

 

Un petit bout de Laetitia photographié dans le bar de l'Athénée

 

Derrière nous, le bar se remplit peu à peu de spectateurs sortant du débat et/ou arrivant pour Vénus pendant que je questionne Laetitia sur ses sorties théâtrales.
Si elle est parfois un peu déçue de devoir planifier ses sorties à l'avance comme la loi des foules parisiennes l'ordonne, Laetitia se définit d'elle-même « comme une enfant » lorsqu'elle va au théâtre : « je prends soin de mon habillement —sauf les soirs en semaine où je reste en jean, parce que bon… J'aime bien amener mes amis au théâtre aussi, surtout ceux qui n'ont pas forcément l'habitude d'y aller. J'aimerais bien tenir un blog pour y écrire des critiques des spectacles que je vois, mais c'est un exercice très difficile, et puis je me trouve nulle en informatique… »

Laetitia vient régulièrement à l'Athénée
: l'année où nous nous sommes vues, elle était allée voir Minetti, Vénus et Une maison de poupées.
Le mail qu'elle m'a envoyé après Une maison de poupées avait d'ailleurs particulièrement vu juste dans les intentions de son metteur en scène, Nils Öhlund : « Je sors d'Une maison de poupées, et si Nils Öhlund vous dit qu'une fan hystérique l'a accosté à la sortie du théâtre, c'était moi, qui lui ai dit tout le bien que je pensais de la pièce (mais je n'ai pas demandé d'autographe, j'ai quand même mes limites).
En effet, après l'avoir vu au Théâtre de la Colline, l'effet de surprise ne pouvait plus jouer, d'autant que si le texte était sans doute par endroits différents, on retrouve de nombreux effets de la mise en scène (notamment la danse hystérique de Nora qui s'entraîne pour la tarentelle, les chaussures, les bas) qui doivent être décrits précisément dans le texte. Néanmoins il m'a semblé déceler un peu plus d'humour, et les ombres et lumière respectives de chaque personnage, les subtilités m'ont paru plus évidentes.
Cette fois-ci, est-ce parce que j'ai lu l'interview du blog, j'ai mieux compris Torvald (qui est, presque autant que Nora, victime de son époque). Là où la première fois je n'avais vu que la charge féministe (ou égalitariste !), certes visionnaire en son temps, et criante d'actualité aujourd'hui, j'ai aussi vu l'homme trahi. Torvald est intransigeant car il a toujours respecté les règles du jeu tandis que Nora n'a fait qu'écouter son coeur. Si elle force notre admiration par son changement radical et sa décision sans appel, in fine son choix est tout de même égoïste. Elle ne laisse pas de seconde chance, elle ne pardonne pas. Je crois qu'une Nora d'aujourd'hui agirait avec plus de douceur.
Est-ce que le progrès par rapport à l'époque d'Ibsen ne serait-il pas qu'une situation semblable donnerait lieu à moins de drames ? L'espoir de Nils Öhlund ne serait-il pas de réconcilier Nora et Torvald ? »

Comme avons continué à nous écrire de temps en temps, je sais qu'elle s'était abonnée cette année pour les spectacles Oncle Vania, Les Trois Soeurs, La Cerisaie, Caligula, L'Échange et Une Visite inopportune.
J'ignore si elle s'est abonnée pour la saison prochaine, mais j'espère qu'elle n'est pas déçue par l'absence de l'auteur Pirandello dont elle espérait qu'il soit reprogrammé à l'Athénée (Monsieur le directeur, si vous nous entendez….).

Après les représentations à l'Athénée, Laetitia va souvent manger avec ses amis dans un restaurant japonais de la rue Sainte-Anne, à deux pas du théâtre : depuis, je pense à elle à chaque fois que je vais dans cette rue dont j'ai moi aussi adopté les dîners d'après-spectacle.

J'ai laissé Laetitia à ce moment de la conversation, car il était temps qu'elle rejoigne la salle pour la représentation de Vénus. Je l'ai rejointe après le spectacle mais ai renoncé à lui poser d'autres questions tant elle semblait émue par ce qu'elle venait de voir : on n'embête pas une spectatrice bouleversée avec des histoires d'endives au jambon…

Je lui ai donc posé cette question rituelle du blog quelques jours plus tard, par mail.
Voici sa réponse, qui reflète bien son style plein de grâce et d'humour : « Je suis désolée de vous avoir fait attendre, surtout pour pas grand chose, car j'attendais l'inspiration sur les endives au jambon et celle-ci n'est pas venue. Elle n'écoute que son bon vouloir. Ce qui me rend d'autant plus respectueuse devant votre aptitude à "pondre" votre billet chaque jour de la semaine, que l'inspiration soit là ou pas, de bonne ou mauvaise humeur, en grève, en RTT, qu'elle soit restée à la maison garder un enfant malade ou partie plus tôt pour aller chez le dentiste.
Vous saurez donc seulement que j'aimais les endives au jambon jusqu'à ce que j'arrête de consommer de la viande, pour une multitude de raisons. Mais, j'avoue, quand j'en sens l'odeur, je ne la trouve pas désagréable, tel un fumeur repenti s'enivrant de la fumée de cigarette des autres… »


La saison prochaine (car oui, je serai toujours là la saison prochaine, une vraie sangsue !), vous découvrirez le portrait de Floriane, que j'ai interviewée il y a quelques mois.

J'espère également rencontrer de nouvelles personnes : n'hésitez pas à vous manifester
par mail (clemence(at)athenee-theatre.com) ou à me demander à l'Athénée les soirs de représentation !

Bonne journée.