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Perspective

L'Athénée à l'école

Posté le : 08 févr. 2011 06:39 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Caligula

On ne peut pas vraiment dire que les arts soient les bienvenus à l'école en France: souvent négligés à l'école primaire, réduits à une heure de musique et une heure d'arts plastiques hebdomadaires au collège, absents au lycée à moins de prendre une option, leur pratique dépend souvent de la volonté individuelle des professeurs.

Grâce à Sandra, professeure de français au lycée Jean-Baptiste de la Salle à Saint-Denis et à Tick'art, un dispositif de la région Île-de-France facilitant l'accès des lycéens à la culture, une classe de seconde a pu assister à Caligula à l'Athénée et prendre part à un atelier avec Bruno Putzulu, interprète de Caligula, pendant toute une après-midi.

Sandra O., professeure de français

 

Questions / Réponses


Une fois arrivé dans la classe où il a été accueilli par un tonnerre d'applaudissements, Bruno Putzulu a répondu aux nombreuses questions des élèves pendant une heure, comme :

"—Pourquoi y a t-il des anachronismes sur scène dans Caligula, comme les vêtements ou les Ferrero Rocher ?"
— Pourquoi Caligula tue t-il Caesonia ?
— Combien de temps avez-vous mis pour apprendre votre texte ?
— Préférez-vous le théâtre ou le cinéma ?
— Pourquoi Caligula n'a t-il pas tué Scipion ?
— Qu'aime Caligula chez Hélicon ?
— Comment ça se fait qu'à l'Athénée, il y a des places d'où on ne voit qu'une partie de la scène ?
— Est-ce que vous vous êtes documenté sur Caligula et sur Camus pour travailler ?
— Comment modifiez-vous votre visage ? Vous êtes très différent ici par rapport à quand on vous a vu sur scène…
— Est-ce que Caligula a peur de la mort ?
— Est-ce que le théâtre peut aider à être moins timide ?
— Pourquoi n'y avait-il pas d'entracte ?
— Pourquoi Drusilla revient-elle plusieurs fois ?
— Qu'est-ce que ça fait quand on joue une comédie et que personne ne rigole dans la salle?"

 

 

Atelier jeu


Après la discussion, Bruno Putzulu est passé à l'initiation au jeu de comédien en faisant venir les élèves sur scène pour une série d'exercices de base : se présenter devant tout le monde, raconter un souvenir d'enfance, avoir une discussion avec un partenaire, faire une improvisation à partir d'un canevas défini (par exemple : "vous discutez toutes les trois et ce garçon vient vous parler alors que vous n'avez pas très envie qu'il reste avec vous")…

 

 

Tant de choses qui paraissent très simples dans la vraie vie et qui se compliquent à partir du moment où l'on est seul dans une grande salle face à une quarantaine de personnes ! Comment parler assez fort pour que tout le monde entende sans hurler pour autant ? Comment se tenir ? Où mettre ses mains ? Pourquoi n'arrive t-on pas à marcher comme d'habitude lorsqu'on doit le faire devant un public ? Pourquoi les mots sont-ils si difficiles à trouver ? Pourquoi se met-on à rire nerveusement lorsqu'on commence à jouer ?

 


Quelques conseils donnés par Bruno aux lycéens, qui ont largement gagné en aisance au fil des passages :

"— Tu vois, dès que tu te retrouves devant nous, tu ne sais pas quoi faire de tes mains, tu regardes par terre, tu tires sur ton pull…
— Cela ne sert à rien de te dire de parler plus fort. Il faut que tu essaies de faire comprendre des choses et de nous intéresser. Vous voyez comme c'est étrange ! Parler normalement devient un problème à partir du moment où l'on est sur scène…
— Vous voyez, là, elle ne parle pas plus fort. Mais on l'écoute parce que sa voix est claire et qu'elle suscite l'écoute. Si le texte est récité comme une poésie de CM2, le spectateur n'attend plus rien et ne fait pas le silence.
— C'est difficile de s'adresser à quelqu'un au théâtre, de trouver à qui l'on parle.
— Tiens, tu vois, en nous racontant ce souvenir, tu t'es mis à tripoter ce qu'il y avait devant toi : c'est la preuve que, lorsqu'on est vraiment intéressé par ce dont on parle, on fait souvent des gestes qui n'ont rien à voir avec ce que l'on dit.
— Le théâtre, c'est une rencontre entre les acteurs et les spectateurs. Si vous n'êtes pas prêts à l'écoute, si vous ne vous concentrez pas, vous ne pourrez pas écouter ni voir ce qui se passe.
À deux personnes à qui il avait demandé de se tenir la main : c'est difficile d'être intime avec son partenaire. Dans le cinéma, vous arrivez sur un tournage et on vous présente quelqu'un en vous disant : voilà, elle sera ta femme pendant deux mois."

 

Et, en bonus, quelques bouts de dialogues tirés des improvisations des lycéen(ne)s:
"— Je voulais parler de la pluie et du beau temps…
— Hé ben il fait moche et puis voilà, salut."

"— Pourquoi tu viens nous parler ?
— Je sais pas, j'étais là…
— Ben rentre chez toi !"

"— J'ai vu un film, c'est un camionneur enfermé par des terroristes, et il est sous terre, et il y a un serpent et un téléphone, je ne sais plus le titre…"

"— Ça fait plaisir de te voir ! Ça fait quoi, dix, quinze ans ?
— Non, ça fait cinq minutes…"

"—Ma mère me racontait toujours des histoires avant de m'endormir, mais c'étaient des histoires qu'elle inventait, c'était pas toujours terrible… Et puis les personnages ils s'appelaient genre Gros Patapouf ou des noms idiots comme ça…"

"— Je voulais faire du basket parce que j'avais vu Michael Jordan à la télé, mais ma mère me disait que j'étais trop petit… Je l'ai convaincue à force d'insister et en lui disant que bientôt, je sauterai plus haut qu'elle. Aujourd'hui j'ai arrêté le basket, mais je saute toujours plus haut que ma mère."

"—Je m'intéresse à tout, surtout aux mangas. Enfin, pas tous les mangas."

 

Si Bruno a eu du mal à trouver des volontaires pour monter sur scène au début, ils ne voulaient plus en descendre à la fin…

 

D'autres ateliers sont prévus d'ici le mois de juin grâce aux professeurs, à TickArt et à Alexandra Maurice, qui s'occupe des relations avec les scolaires à l'Athénée.

Bonne journée !


Merci à Sandra, à sa collègue et à leurs élèves du lycée Jean-Baptiste de la Salle à Saint-Denis, à Élise et Thomas de Tick'Art, à Alexandra de l'Athénée et à Bruno de
Caligula.