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Pleins feux

Fuir la vie importune

Posté le : 22 mai 2017 06:05 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie :

Ce soir, c’est le dernier lundi musical de la saison à l’Athénée !

Le ténor Damien Bigourdan (que vous avez vu à l’Athénée en metteur en scène du Balcon, mais aussi en chanteur dans Ariadne auf Naxos ou Les Chevaliers de la table ronde) ainsi que la soprano Élise Chauvin (aussi vue à l’Athénée dans Le Balcon, Avenida de Los Incas 3518 ou Ariadne auf Naxos) seront accompagnés du pianiste Alphonse Cemin (qui est le directeur artistique des lundis musicaux et que vous avez tellement vu à l’Athénée que je n’ose même plus tout citer) pour plusieurs mélodies du compositeur français Henri Duparc, décédé en 1933.

Henri Duparc a composé dix-sept mélodies pour piano et voix, sur des poèmes de Sully-Prudhomme, Théophile Gautier, Thomas Moore, François Coppée ou Charles Baudelaire. Vous les entendrez presque toutes ce soir, ainsi qu’un morceau pour piano seul intitulé Feuilles volantes.

Chanson triste fut la première mélodie de Henri Duparc, et c’est elle qui donne son nom au récital de ce soir. Composée en 1868, son texte est de Jean Lahor :
 
 
 
« Dans ton cœur dort un clair de lune, 
Un doux clair de lune d'été, 
Et pour fuir la vie importune, 
Je me noierai dans ta clarté.

J'oublierai les douleurs passées, 
Mon amour, quand tu berceras 
Mon triste cœur et mes pensées 
Dans le calme aimant de tes bras. 

Tu prendras ma tête malade, 
Oh ! Quelquefois, sur tes genoux, 
Et lui diras une ballade 
Qui semblera parler de nous ; 
Et dans tes yeux pleins de tristesse, 
Dans tes yeux alors je boirai 
Tant de baisers et de tendresses 
Que peut-être je guérirai. »

 

Vous entendrez aussi L’Invitation au voyage de Charles Baudelaire, que vous connaissez sans doute (« Là, tout n'est qu'ordre et beauté / Luxe, calme et volupté. »), ou encore Théophile Gautier, qui a inspiré Henri Duparc pour trois de ses mélodies :
 
« Au pays où se fait la guerre
Mon bel ami s'en est allé.
Il semble à mon coeur désolé
Qu'il ne reste que moi sur terre.

En partant au baiser d'adieu,
Il m'a pris mon âme à ma bouche...
Qui le tient si longtemps, mon Dieu?

Voilà le soleil qui se couche,
Et moi toute seule en ma tour
J'attends encore son retour.

Les pigeons sur le toit roucoulent,
Roucoulent amoureusement,
Avec un son triste et charmant;
Les eaux sous les grands saules coulent...

Je me sens tout près de pleurer,
Mon coeur comme un lys plein s'épanche,
Et je n'ose plus espérer,
Voici briller la lune blanche,
Et moi toute seule en ma tour
J'attends encore son retour...

Quelqu'un monte à grands pas la rampe...
Serait-ce lui, mon doux amant?
Ce n'est pas lui, mais seulement
Mon petit page avec ma lampe...

Vents du soir, volez, dites-lui
Qu'il est ma pensée et mon rêve,
Toute ma joie et mon ennui.

Voici que l'aurore se lève,
Et moi toute seule en ma tour
J'attends encore son retour. »
 
 
Citons enfin Soupir, de René-François Sully-Prudhomme :
 
Ne jamais la voir ni l’entendre,
Ne jamais tout haut la nommer,
Mais, fidèle, toujours l'attendre,
Toujours l'aimer.

Ouvrir les bras et, las d'attendre,
Sur le néant les refermer,
Mais encor, toujours les lui tendre,
Toujours l'aimer.

Ah ! Ne pouvoir que les lui tendre,
Et dans les pleurs se consumer,
Mais ces pleurs toujours les répandre,
Toujours l'aimer.

Ne jamais la voir ni l'entendre,
Ne jamais tout haut la nommer,
Mais d'un amour toujours plus tendre
Toujours l’aimer. »
 
 
 
Je vous souhaite un lundi plein d’amour !
 
Clémence Hérout