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La corde verte du lapin qui siffle

Fous ta cagoule

Posté le : 17 mars 2017 16:30 | Posté par : Clémence Hérout
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La Petite Renarde rusée de Janacek se joue jusqu’à dimanche : nous avions parlé la semaine dernière de la volonté de sa metteure en scène, Louise Moaty, de la concevoir comme un film fabriqué en direct et à vue.

Sauf que, concrètement, s’il est possible de filmer des chanteurs et marionnettes avant d’incruster un décor autour d’eux, comment le faire en direct, c’est-à-dire filmer des chanteurs et retransmettre leur image instantanément intégrée à un décor ?

Entourée de Nicolas Roger, Philippe André, Benoît Labourdette et l’équipe technique de l’ARCAL qui produit le spectacle, Louise Moaty commence les essais d’incrustation sur fond noir : en gros, les chanteurs sont filmés sur un fond noir, que le logiciel d’incrustation retire pour le remplacer par un autre décor, lui aussi filmé en direct.
 
 
L’un des décors filmé en direct.

 
Le problème, c’est que le logiciel retire du coup tous les éléments noirs, comme les pupilles des yeux, les cheveux trop foncés ou les ombres. C’est pour cette raison que les effets spéciaux sont généralement réalisés sur fond vert au cinéma, car vous n’avez jamais de vert sur vous, sauf si vous êtes très très malade. Sauf que là, le film est réalisé en direct, et que Louise Moaty ne veut pas caser des panneaux verts sur scène.

Les premiers essais étant concluants, l’incrustation sur fond noir est retenue. Les interprètes trop bruns passeront par la case teinture et lentilles, et tous seront éclairés plus que la normale pour éviter les ombres. Lorsqu’une ombre passe sur la personne en effet, elle devient transparente, créant des disparitions rappelant le cinéma de George Méliès -dont Louise Moaty jouera plus tard dans sa mise en scène.
Concrètement, une personne entièrement habillée et cagoulée de noir filmée sur fond noir ne verra que son visage apparaître incrusté dans le décor.


 
 
 
La personne entièrement habillée de noir est filmée avec un masque : seuls son visage et le masque apparaissent à l’écran dans le fond, incrustés dans le décor fleuri que vous avez vu plus haut.

 
Une fois la faisabilité assurée, il faut la mettre en œuvre : Louise Moaty écrit alors intégralement le spectacle dans ses moindres détails (déplacements, actions, costumes, effets, utilisation d’accessoires…) pour en assurer la réalisation technique.

Elle a ensuite conduit une première session de travail avec les chanteurs, sans la vidéo : il s’agissait de travailler la mise en scène de l’opéra dans ses aspects uniquement théâtraux et musicaux, pour s’assurer que ce qui se déroule sur la scène soit aussi intéressant qu’à l’écran, et qu’il ne s’y passe pas la même chose.
Cette période a permis de vérifier l’existence propre de la mise en scène indépendamment de la vidéo, tout en offrant aux interprètes de travailler leur rôle théâtral et musical sans les contraintes de la technique, qui n’est intervenue qu’ensuite.



 
Aidées de figurants, Louise Moaty et l’équipe technique ont ensuite mené dix jours de travail technique pour construire la création vidéo avant que les chanteurs ne s’intègrent au dispositif. 
Aucun cadre n’est dessiné sur scène : les chanteurs connaissent les angles de prise de vue des caméras et sont ainsi responsables de leur propre cadrage.

Il ne vous reste que deux représentations pour découvrir cette Petite Renarde rusée lyrico-marionnetto-cinématograpique : samedi et dimanche. Bon week-end !
 
Clémence Hérout