le blog de l'athénée

Retrouver les billets du blog postés de 2008 à 2018

Ils ont blogué pour l’athénée pendant 10 ans
Entretien

Chandebise, Poche, David, les pizzas et moi.

Posté le : 05 févr. 2009 07:55 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : La Puce à l'oreille | Artistes de la saison

Entretien avec David Ayala

David Ayala est le comédien principal de La Puce à l'oreille actuellement représentée à l'Athénée dans la mise en scène de Paul Golub : méconnaissable lorsqu'il passe du rôle de Monsieur de Chandebise à celui du valet Poche, il est encore physiquement différent dans la vie au point qu'on pourrait presque ne pas le reconnaître en le croisant dans les escaliers de l'Athénée :

"_ Oui, Chandebise et Poche sont extrêmement dissemblables : Chandebise est un financier un peu bling-bling et très bien coiffé là où Poche est un homme à la marge, une sorte de Boudu sauvé des eaux qui arrive toujours comme un chien dans un jeu de quilles. C'est vraiment un défi pour un acteur, mais cela s'est finalement fait assez facilement.

_ C'est vrai que Chandebise a des goûts bling-bling, il n'y a qu'à regarder les tableaux qu'il met dans son salon…

_ ça? C'est un Jean-Michel Basquiat!
_ Ah? Hem oui bon voilà voilà voilà, ce n'était pas marqué dessus en même temps, changeons de sujet : tu connais Paul Golub, le metteur en scène, depuis longtemps?
_ Oui, il a été mon professeur en 1990 dans le cours Acting in English de l'École du Passage. Et il a été lui-même l'élève de Patrice Martinet, le directeur de l'Athénée : c'est assez drôle, toute cette histoire de filiation et de transmission sur ce projet…

_ Tu as été professeur toi-même?
_ Oui, beaucoup, mais moins maintenant. La pédagogie n'est pas ce que je préfère, et maintenant que je m'occupe de la compagnie La Nuit Remue, j'ai beaucoup moins de temps à y consacrer. C'est une compagnie pour laquelle je suis metteur en scène, mais j'ai également en charge la production et la diffusion des spectacles : on en a créé onze en treize ans, c'est donc beaucoup de travail.
Nous jouons notre prochain spectacle, Scanner, du 2 au 21 mars au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis : c'est une sorte de non-spectacle déambulatoire qui dénonce le spectacle selon la définition qu'en donne Guy Debord, c'est-à-dire la société sous l'emprise capitaliste dans laquelle on vit. Cela me prend beaucoup de temps de m'occuper à la fois de la mise en scène, de la gestion, de la logistique et de la communication, même si j'ai heureusement des gens qui m'aident! Mais à côté de cela, Feydeau est une récréation…

_ Jouer La Puce à l'oreille est donc une détente pour toi? Pas de fatigue, pas de trac?
_ La fatigue si, bien sûr, elle existe, et La Puce à l'oreille est une récréation épuisante. Mais j'ai beaucoup de plaisir à jouer, il y a une magie Feydeau qui crée une sorte de contamination du rire qui est très agréable. Quant au trac, je l'ai eu, mais malheureusement ce n'est plus le cas maintenant.

_ Malheureusement?
_Oui, quelque part c'est gênant cette anémie en trac : je rentre en scène comme je pénètre dans mon salon! Enfin je te rassure, mon salon n'a pas la même déco que celui de Chandebise. J'ai davantage peur en faisant de la mise en scène, c'est sûr…

_ Pourquoi tu as plein de bagues aux doigts? Tu en as combien, d'ailleurs?
_ J'en ai six. Chacune correspond à un souvenir, un voyage, une personne… Mais je les enlève évidemment pour jouer !

_ Et à part enlever tes bagues, tu as d'autres rituels avant une représentation?
_ Pas vraiment. Je m'habille, je me prépare, je fume, je raconte des conneries : faire des blagues c'est ma forme d'échauffement, je veux que la représentation soit vivante. À ceux qui font du yoga, je m'amuse à dire en passant que cela ne sert à rien, un peu comme Edward Bond qui disaient aux acteurs qui s'échauffent : "it's useless"…

Cédric, responsable du bar de l'Athénée où nous nous trouvons avec David, se passionne peut-être secrètement pour le yoga puisqu'il demande :
_ Il y a des acteurs qui font du yoga avant de jouer?
_ Non, pas sur La Puce à l'oreille. Mais après tout chacun ses rituels! Lorsque les comédiens demandaient à Edward Bond ce qu'il fallait donc faire pour s'échauffer, il répondait : "It's a secret…". (Son téléphone sonne) Oui, je vais chercher les pizzas et j'arrive! (Il raccroche) Tu m'excuses, je vais devoir y aller, enfin si tu n'as pas d'autres questions bien sûr. En fait, mon échauffement de ce soir, c'est d'aller chercher des pizzas."


L'histoire des pizzas ne s'arrête pas là : pour la suite du diptyque, rendez-vous demain!


Et pour voir David Ayala et toute la troupe de La Puce à l'oreille, vous avez jusqu'à samedi… Bon jeudi.