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La corde verte du lapin qui siffle

Avec Richard et Fabrice

Posté le : 21 nov. 2013 06:50 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Pantagruel

Lorsqu’une compagnie joue son spectacle dans plusieurs théâtres, c’est normalement la même équipe technique qui assure toute la tournée : les personnes responsables de la régie générale, de la régie plateau, de la régie son, de la régie lumière, des costumes ou encore des maquillages connaissent en effet très bien le spectacle et sont les mieux à même de l’adapter à chaque nouveau théâtre.

La bonne collaboration entre les équipes des spectacles et les équipes des théâtres est donc essentielle, l’enjeu étant de parvenir à ne plus former qu’une seule équipe le temps des représentations pour assurer la bonne marche de la pièce.
Les équipes du théâtre de l’Athénée sont ainsi amenées à s’approprier pleinement le spectacle pour réussir à prendre le relais : certains techniciens du spectacle, après avoir géré le montage et la passation, quittent en effet l’Athénée après deux ou trois représentations.

Richard est régisseur lumières à l’Athénée. Fabrice est le régisseur du spectacle Pantagruel : ce sont eux que vous avez vus côte à côte sur cette photo il y a quelques jours.
Le jour de la première, Richard et Fabrice étaient tous deux tassés dans la régie lumière située tout en haut de la salle : c’était Fabrice qui était chargé de faire les lumières pendant que Richard l’observait en prenant des notes dans la perspective de devoir assurer seul quelques jours plus tard.

Il y a très peu de place dans cette régie, mais il y a des bonbons : c’est ainsi que Richard et Fabrice ont accepté que je m’incruste avec eux pendant toute la première de Pantagruel pour que je regarde comment ils travaillent.

Les jours qui ont précédé la première, chaque état lumineux du spectacle a été préenregistré dans la console lumière sous un numéro : c’est ce qu’on appelle la conduite.  Par exemple, à l’état lumineux n°4, il y a tels et tels projecteurs allumés avec telle ou telle intensité lumineuse.
Les transitions elles-mêmes entre les états lumineux sont également déjà réglées : le passage de l’un à l’autre peut se faire de manière imperceptible en plusieurs minutes, ou bien en “cut”, c’est-à-dire en moins d’un quart de seconde.

Je vous laisse donc imaginer le travail réalisé en amont pour mettre chaque projecteur à sa place et incliné exactement dans la bonne direction (c’est au centimètre près), régler la durée des transitions, mais aussi faire en sorte que les artistes et éléments présents sur scène soient également placés très précisément ; c’est la raison pour laquelle vous apercevrez des bouts de scotch de couleur sur la scène : ils servent de repères pour placer des décors, ou pour que les acteurs sachent exactement où se mettre à chaque déplacement.

On peut donc avoir l’impression que l’essentiel est fait avant la représentation : les projecteurs étant en place et les effets préenregistrés, il ne resterait donc plus au régisseur lumière qu’à appuyer sur une touche pour enchaîner ces effets pendant le spectacle.

“Plus qu’à”, ah ah : parce qu’évidemment, ce n’est pas aussi simple que cela. En effet, il faut à la fois suivre le texte mais aussi la machinerie ou les artistes pour déclencher chaque effet. Ainsi l’état lumineux n°22 sera-t-il déclenché sur un mot du texte, mais le n°12  à un geste discret de la main par le comédien ou le n°4 quand il tape du pied –ce qui implique que le régisseur soit extrêmement réactif, car ce genre d’effet où toutes les lumières s’éteignent quand le comédien claque des doigts est particulièrement raté s’il y a une seconde de retard.

On imagine ainsi la difficulté à repérer et surtout anticiper tel ou tel geste du comédien ou à assurer les changements de lumière si ce dernier se trompe dans le texte, mais également à manipuler la console tout en regardant le spectacle tout en écoutant les comédiens tout en lisant le texte.
Surtout lorsqu’on ajoute que le régisseur lumière, qui est en général le seul à voir le spectacle de face, donne aussi des “tops” au reste de l’équipe technique (pour le lancement de machineries par exemple).

En plus, tous les effets ne sont pas préenregistrés : une tempête dans Pantagruel oblige ainsi le régisseur lumière à passer en mode manuel. J’ai filmé les mains de Fabrice sur la console lumière à ce moment-là : vous verrez, on dirait qu’il joue du piano.

(la vidéo dure moins de 30 secondes. La bande-son que j’ai ajoutée ne provient pas du spectacle, que je ne voulais pas dévoiler. Je m’excuse d’ailleurs de la relative qualité de cette vidéo filmée à l’Iphone, mais je n’avais pas la place d’amener plus gros).

 

La vidéo est ici sur YouTube

Dans un spectacle, la lumière a ceci d’ingrat que les spectateurs la remarquent surtout lorsqu’elle est ratée. Alors, si jamais vous êtes placés en galerie, tout en haut de l’Athénée, n’hésitez pas à dire bonjour aux régisseurs derrière leur vitre.
Sachez d’ailleurs que ce sont eux que les comédiens saluent lorsque, pendant les applaudissements, ils font un grand geste de la main se dirigeant vers le fond de la salle, derrière vous.

Pantagruel mis en scène par Benjamin Lazar, avec des lumières conçues par Pierre Peyronnet et mises en œuvre par Fabrice Guilbert et Richard Fischler, se joue jusqu’au 30 novembre.

Clémence Hérout