le blog de l'athénée

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Pleins feux

Bruits de couloir

Posté le : 28 janv. 2009 08:43 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : La Puce à l'oreille

Conversations avec les comédiens de La Puce à l'oreille en traînant dans les loges :

"_ Qu'est-ce que vous faites avant le spectacle, à part, comme maintenant, lire un livre en mangeant une banane?
_ Et bien, je lis un livre en mangeant une banane."

"_ J'ai pris des photos de votre loge, j'espère que cela ne vous dérange pas…
_ Je ne vois pas ce qu'elle a de spécial, mais non, cela ne me dérange pas… C'est parce que c'est le bazar, c'est ça?"

"_ Vous avez une loge plus grande que les autres, vous deux : c'est parce vous avez les premiers rôles?
_ Oh non, on n'a pas des rôles importants nous.
_ T'as pas un rôle important, toi? Non mais attends, moi ok, je suis le valet, mais toi, tu es le docteur!
_ (silence) Bon de toutes façons, qu'est-ce que c'est un rôle important, tu peux me le dire ?"

" _ Cela ne vous dérange pas d'être à deux dans une loge ?
_ Non, on se connaît déjà bien. Par contre, j'amène souvent de la musique, et j'arrive jamais à savoir si ça le gêne. Cela te gêne, alors?
_ (silence) Non.
_ Et bien voilà! C'est comme avec la thérapie de couple, il suffisait d'être avec une tierce personne pour engager le dialogue."

"_ Ce qui est bizarre avec la salle de l'Athénée, c'est qu'on a l'impression que le public est tout près."

"_Je vous préviens, ce soir j'ai une amie qui vient, et elle est très bruyante quand elle rigole au théâtre.
_ Ok, donc si on entend rien, ça veut dire que c'est nul. Merci, tu me rassures avant de jouer."

"_ C'est qui?
_ Aaaaah vous m'avez fait peur, je ne pensais pas trouver quelqu'un allongé dans le noir dans l'atelier costumes!
_ C'est pas grave, mais c'est qui?"

"_ Vous n'arrivez que maintenant, vous?
_ Parce qu'on se vouvoie?
_ Tu n'arrives que maintenant, toi?
_ Oui, je n'entre en scène qu'après une demi-heure de représentation, et je préfère ne pas être là trop tôt sinon j'ai vraiment le trac."

"_ Tu nous excuses, comme on joue bientôt, on n'est pas très bavards…"

La Puce à l'oreille continue jusqu'au 7 février, mais veuillez bien noter qu'en raison du mouvement de grève de la majorité de l’équipe de l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet et de l’équipe artistique de La Puce à l’oreille, la représentation de demain est annulée.

Bonne journée !

Coulisses

Wanted : cheveux

Posté le : 22 janv. 2009 09:02 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : La Puce à l'oreille

Nous avons appris avec beaucoup de surprise que Paul Golub, metteur en scène de La Puce à l'oreille actuellement en représentation à l'Athénée, avait eu Patrice Martinet comme professeur de français à New York en 1972.

Le professeur et l'élève se sont ensuite retrouvés par hasard à une représentation du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare mis en scène par l'élève il y a douze ans, en Corrèze.

Impressions des intéressés :

Patrice Martinet : "_ Il portait un uniforme qu'il devait détester, et il était extrêmement sage. Je ne devais pas être très convaincant en professeur de français puisqu'il n'a pas continué dans les lettres"

(Allons Patrice, pas de fausse modestie, il a quand même émigré en France où il fait du théâtre, ce n'est pas exactement comme s'il s'était lancé dans la contrebande)


Paul Golub
: "_ Alors que je n'ai habituellement pas un souvenir très net de mes professeurs, je me rappelle très bien les cours de Patrice Martinet, et j'ai gardé une très bonne impression de lui.
C'était quelqu'un de très ouvert qui demandait à ses élèves de diriger la classe à sa place pendant une heure à sa place alors qu'on avait onze ou douze ans…
Et vous saviez qu'à l'époque, il avait les cheveux longs?"

Inutile de vous dire que depuis cette révélation fracassante, je suis prête à payer quiconque pourrait me donner une photo de Patrice Martinet version beatnik. À vos archives!

Bon jeudi...

D'hier à aujourd'hui

Viva l'Italia

Posté le : 21 janv. 2009 09:03 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : La Puce à l'oreille

Après tout, pourquoi rester dans un bureau pour travailler alors qu'on a une jolie salle juste à côté…

Bon, en vrai, Églantine Desmoulins, attachée aux relations avec le public, et Guillaume Bourgain, secrétaire général, étaient dans la salle avant le début des représentations de La Puce à l'oreille pour déterminer s'il y avait des places à condamner : nous l'avons déjà évoqué, le théâtre à l'italienne pose quelques problèmes pratiques et si l'Athénée ne peut pas garantir une visibilité parfaite à tous ses spectateurs, il peut au moins faire en sorte que vous en voyiez le maximum.

Une fois le décor mis en place et les répétitions commencées, l'équipe de l'Athénée arpente donc la salle de l'orchestre aux balcons et s'installe à votre place pour vérifier que vous ne paierez pas votre billet pour voir un bout de parquet.

Mais ne rêvez pas, ce qui fait le charme de l'Athénée, c'est aussi d'essayer de deviner ce que l'on ne peut pas voir sur les côtés…

Bonne journée!

Entretien

"À chaque fois on s'embrasse et puis y a rien de fait"

Posté le : 20 janv. 2009 08:40 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : La Puce à l'oreille

Entretien avec Paul Golub

Ancien comédien pour le Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine, Paul Golub est le directeur du Théâtre du Volcan Bleu et metteur en scène de La Puce à l'oreille de Feydeau actuellement joué à l'Athénée. Conversation mâtinée d'un très léger accent américain :


Le rire et ses petites contrariétés

"_ J'ai été surprise de voir que vous aviez créé des spectacles appartenant à des genres plutôt sérieux, avec des auteurs comme Shakespeare, Edgar Allan Poe, Vercors ou Federico Garcia Lorca, ainsi que des auteurs contemporains tels que Marc Dugowson, Koulsy Lamko ou Mohammed Kacimi. Comment en êtes-vous arrivé à monter du Feydeau?
_ J'ai aussi monté des comédies, avec Le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare ou des farces de Molière, mais c'était il y a longtemps, c'est vrai. J’avais un besoin presque physique de revenir à la comédie et au rire : c’est important pour moi d'alterner les genres et les écritures en essayant de comprendre quel texte ou sujet s’impose comme une nécessité à creuser.

 _ Et en quoi La Puce à l'oreille correspondait-elle à vos envies?
_ Dans sa manière de parler du couple, sur comment les gens se rencontrent ou non, se méprennent et se déchirent : elle donne une vision terrifiante des relations humaines! Sous ses abords légers, La Puce à l'oreille interroge des sujets graves, notamment autour de la question du désir et du manque : comment comblons-nous nos désirs dans l'autre et par rapport à l'autre? Si Feydeau en tire une conclusion, c'est une vision très sombre de la rencontre à l'autre! Finalement tout le monde se pourchasse et personne ne fait rien : sexuellement parlant, c'est le vide... C'est une situation qui a son corollaire dans le langage des personnages qui dérape et se dérègle, entraînant des méprises, des quiproquos et une forme d’incompréhension donc de solitude très radicale, à laquelle l’être humain est réduit.

_ Quelque part, vous vous inscrivez donc en faux par rapport à une certaine vision du rire : car beaucoup d'amateurs de théâtres déprécient les comédies sous prétexte que cela n'est que du divertissement…
_ Oui, et si je peux me permettre, c'est un peu caractéristique de la France. Chez les  Anglo-saxons, il n'y a pas de jugement de valeur séparant comédies et tragédies, et d'ailleurs Shakespeare mélange toujours les deux! J'ai l'impression, même si je ne suis pas spécialiste de la question, que cela tient à la domination des règles et du ton néoclassiques, avec l’idée, un peu hautaine, que la comédie est une sorte de sous-produit culturel. Je pense au contraire que Feydeau est un génie et qu’il n’y a rien de plus noble et plus difficile que de faire rire les gens.

 
L'inquiétant Feydeau

_ Justement, qu'est-ce qui différencie Feydeau des auteurs de théâtre de boulevard que l'on ne joue plus aujourd'hui? Est-ce parce qu'il soulève des interrogations que le boulevard n'aborde pas habituellement?
_ Feydeau et le théâtre de boulevard abordent effectivement la même thématique des problèmes amoureux et de la tromperie, mais il y a chez Feydeau une préoccupation très profonde et urgente avec un vrai souci d'identité : il a connu un divorce très douloureux, ne savait pas qui était son père et est mort fou en se prenant pour Napoléon III -qui était peut-être son vrai père, d'ailleurs. Dans ses pièces, la question de la folie est omniprésente. En somme, on retrouve toutes ses problématiques dans son théâtre où, en prenant une forme théâtrale conventionnelle et préexistante, le vaudeville, Feydeau fait quelque chose de très personnel, d’unique et de quasiment miraculeux dans la finesse et la complexité de sa construction.

_ Vous êtes donc sensible à l'interprétation psychanalytique des œuvres artistiques, comme Sigmund Freud avait pu le faire avec Léonard de Vinci ou Gustav Mahler?
_ La psychanalyse et la psychologie peuvent être très réductrices en matière d'art : il y a tout un tas de gens qui ont des problèmes et qui ne sont pas des génies! Mais cela convient bien à La Puce à l'oreille où le personnage principal, Chandebise, a un sosie qui apparaît dans l'hôtel : Freud parlait justement dans L'inquiétante Étrangeté du double qui surgit dans la vie ordinaire (et qui peut être un autre soi-même, d'ailleurs), créant ainsi un sentiment d'inquiétude. De même, il y a tout un dédoublement entre l'appartement et l'hôtel qui est le lieu de tous les fantasmes, la face cachée de la vie bourgeoise que Feydeau critique de manière très virulente.


Puce-moumoute

_ On l'a vu sur ce blog la semaine dernière, vous avez utilisé beaucoup de matières différentes à poils, à plumes et à moumoute pour votre décor : pourquoi tout ce travail sur le toucher?
_ Je me suis notamment inspiré des photos de Bettina Rheims pour ce décor. Cette pièce est aussi une description sociale du milieu de la haute bourgeoise française et dépeint les mœurs d'une époque, même si ce n'est pas traité de manière réaliste, ou plutôt naturaliste : je souhaitais mettre en avant ce souci du détail propre aux intérieurs bourgeois en insistant sur l'hôtel qui reste le lieu de l'outrancier, kitsch, tout en le modernisant en reflet de notre époque."

Pour attraper la puce à l'oreille, c'est jusqu'au 7 février à l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet! Bonne journée.

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