La jupette 51 en forme de banane fait fondre les gélatines à 6000 degrés Kelvin
Catégorie : L'opéra de 4 notes
La première de L’Opéra de quatre notes a bien eu lieu hier soir, et dans la bonne humeur (j’avoue, les rires de certains spectateurs sont tellement caractéristiques que parfois je ne savais plus si ce qui me faisait rire était sur scène ou dans la salle, mais je m’égare).
Bref disais-je, ceux qui étaient présents ont pu entr’apercevoir ce qui fait les coulisses d’un opéra sur le principe de la mise en abyme, mais plutôt côté chanteurs. Pour ma part, lors des diverses répétitions et montages, j’ai aussi vu le côté technique et son petit vocabulaire, employé dans un certain contexte et pas toujours défini de manière orthodoxe. Voici donc ce que l'on a pu entendre ces derniers jours :
"_ Tu peux pivoter le projecteur de ce côté-là ?
_ Non, si je fais ça, je vais retourner la banane."
Définitions compilées de Gérard Vendrely, créateur lumières de L'Opéra de quatre notes, et de Denis Léger, directeur technique de l'Athénée : "le projecteur diffuse une lumière de forme oblongue. Ou, plus exactement, le rond de lumière qui apparaît au sol est plus intense dans une partie centrale en forme d'ovale, et c'est cette partie que l'on appelle banane."
Confidence de Dominique Lemaire, directeur technique de l'Athénée adjoint : "franchement, on appelle ça comme ça, mais ça n'a pas du tout une forme de banane, ou alors tu manges vraiment des bananes bizarres"
Voix d'homme : "_ Qu'est-ce que tu penses de ma jupette?
_ Pardon, c'est vrai que je ne t'ai rien dit sur ta jupette alors qu'elle est très bien, cette jupette."
Définition de Denis Léger : "une jupette est une bande de tissu servant à cacher quelque chose."
Précision de Dominique Lemaire : "c'est exactement comme pour les filles, en fait."
"_Elles sont bien ces lumières, ça me fait penser au 51.
_ Oui c'est vrai, ça me rappelle des souvenirs."
Définition de Denis Léger : "Le 51, c'est le rose mistinguette qui donne bonne mine"
Remarque indispensable de Dominique Lemaire : "Alors que le bleu 17, c'est la lumière du jour."
Prise de conscience de Denis Léger : "Dominique, je crois qu'elle comprend rien, là."
Effort de Dominique Lemaire : "on peut mettre des filtres sur les projecteurs afin de donner des couleurs à la lumière, et chaque couleur a son nuancier avec un numéro pour chaque teinte. Le bleu 17 et le rose 51 correspondent aux nuanciers des gélatines, ces petites feuilles translucides de couleur que tu mettais sur les projecteurs."
La petite pédagogie de Denis Léger : "le problème des gélatines, c'est qu'elles ne résistaient pas à la chaleur et fondaient sur les projecteurs. On utilise donc aujourd'hui des filtres, qui sont plus fins, durent plus longtemps et présentent beaucoup plus de nuances de couleurs que les gélatines. Le rose 51 et le bleu 17 n'existent donc plus en tant que tels."
Je sens que Dominique Lemaire cherche à m'embrouiller : "il y a également des filtres correcteurs qui te permettent de modifier la température de chaque nuance de couleur afin de créer une couleur beaucoup plus fine. Plus la température est élevée, plus c'est bleu. Plus elle est basse, plus c'est rouge. Par exemple, la lumière du matin est à 6000 degrés, alors que la lumière du coucher de soleil est à 2500 degrés. Je te parle en degrés Kelvin, bien sûr.
Complément de Denis Léger, qui lui aussi, cherche manifestement à m'embrouiller : "on ne parle pas en degrés Fahrenheit ni Celsius, effectivement."
Dominique Lemaire a raté une carrière de professeur : "Kelvin est un scientifique irlandais extrêmement brillant qui a mis au point une mesure de la température. C’est lui qui a inventé le zéro absolu : en fait, quand la température monte, les électrons s’agitent autour de l’atome. Le zéro absolu, c’est quand les électrons s’arrêtent complètement autour de l’atome : cela correspond à -273,15 degrés celsius, mais c’est une température que l’on n’a jamais pu atteindre sur terre, c’est l’un des grands défis de la physique !"
Je vous passe ensuite les développements qui ont suivi sur l’accélérateur de particules et le thermomètre à confiture (cette fois c’est sûr, il voulait vraiment m’embrouiller).
Pour L’Opéra de quatre notes, c’est jusqu’à samedi, et je vous souhaite un bon jeudi!