le blog de l'athénée

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Coulisses

Le fantôme de l'Athénée

Posté le : 08 déc. 2008 08:50 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Après la répétition

Après la répétition s'est terminé samedi soir, et l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet se passe de spectateurs pour deux journées. Voici donc à quoi ressemble le théâtre lorsque vous n'y êtes pas :

Lorsqu'il n'y a ni montage ni répétition, la grande salle est entièrement éteinte : on n'aperçoit ces quelques fauteuils que grâce à la lumière du couloir filtrant par une porte entrouverte.

 

La même photo vue de dos : par la porte cette fois grande ouverte, on aperçoit une affiche datant de 1949.

 

Naguère croquée par des étudiants en beaux-arts, la grande salle éclairée est aujourd'hui désertée.

 

Les lustres sont allumés au rez-de-chaussée pour vous, spectateurs qui venez prendre vos places à la billetterie ouverte tous les après-midis du lundi au samedi.

 

Les festivités reprendront en musique dès demain soir avec la semaine consacrée à Olivier Messiaen…

Les voix d'Olivier Messiaen commence donc ce mardi avec l'Ensemble vocal Sequenza 9.3 et son Programme Jeune France.

Mercredi soir, venez au concert gratuit précédé d'une émission en direct sur France Musique! Pour y assister, rendez-vous au foyer bar de l'Athénée de 18h à 19h30. Et pour l'écouter, c'est à la même heure, mais d'où vous voulez.
Le concert gratuit Quatuor pour la fin du temps débutera ensuite à 20h.

Bon début de semaine à tous!

Perspective

Place à l'initiative

Posté le : 05 déc. 2008 08:48 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Après la répétition

Alexandra Maurice, qui vole des perruques pour ensuite se retrouver derrière les barreaux, sait aussi montrer le bon exemple à notre jeunesse : c'est ainsi que, le mardi 25 novembre dernier, elle avait organisé la venue à l'Athénée d'étudiants du lycée l'Initiative situé dans le 19e arrondissement de Paris.

Aéo, Alison, Charles, Clémence, Iolani, Jean-François, Lily, Marie, Romain, Sidonie, Valentine

On vous l'a dit, Alexandra Maurice est responsable des invitations et chargée des relations avec le public scolaire : elle est là pour accompagner les professeurs souhaitant faire découvrir le théâtre à leurs élèves, sensibiliser les jeunes au spectacle et organiser des rencontres entre artistes et étudiants. Comme on peut aussi approcher le théâtre par une stratégie du détour, pour reprendre la formule de Jean-Pierre Sarrazac, les élèves du lycée l'Initiative sont d'abord venus pour dessiner l'Athénée et le décor d'après la répétition avant d'aller voir le spectacle le soir.

C'est ainsi qu'une quinzaine de jeunes déambulèrent, appareil photo et crayon en main, pour capter pendant une heure et demie les lignes et l'esprit de l'Athénée habité par la pièce de Bergman mise en scène par Laurent Laffargue. Pendant ce temps, leur professeur, Monsieur Jean-Luc Parthonnaud, m'accorda un petit entretien tout en prenant de temps en temps ses élèves en photo.

Monsieur Jean-Luc Parthonnaud, Marie, Aurélie, Justine.

"_ Qui sont vos élèves? Et vous d'ailleurs, vous êtes professeur de quoi?
_ Mes élèves sont des jeunes qui préparent les écoles des beaux-arts. Ils sont le plus souvent issus de CAP, de bac pro ou de bac STI et le lycée l'Initiative est comme une passerelle qui les prépare aux concours très difficiles des écoles de beaux-arts de Paris, Strasbourg, Rennes, Cergy, Saint-Etienne, et caetera, avec en moyenne 90% de réussite. Ce sont souvent des gamins en échec scolaire que l'on a mis dans des formations de communication visuelle et de graphisme, qui ont été formatés par l'Education Nationale et qu'il faut absolument sortir du moule de la pensée dominante. Officiellement, je suis leur professeur de français, mais mon rôle est bien de développer leur culture, leur faire faire des découvertes, leur apprendre à argumenter et leur donner des références artistiques. Pour réussir à ces concours, il ne suffit pas d'être bon techniquement, il faut aussi avoir une culture artistique et savoir en parler.

_ En clair, vous êtes là pour former leur goût selon le sens qu'en donnait Hume dans Les Essais esthétiques, à savoir "un sens fort, uni à un sentiment délicat, amélioré par la pratique, rendu parfait par la comparaison, et clarifié de tout préjugé" ?
_ Oui, c'est un vaste programme culturel et humain que j'essaie de mener pendant mes cinq heures de cours hebdomadaires. Je les emmène au théâtre, à des expositions, voir des spectacles de danse… En ce moment, je les fais travailler sur les mythes, qui sont très présents dans l'art mais qui peuvent aussi se retrouver dans l'idéologie et l'exploitation, comme l'explique Roland Barthes. Ensuite, je passerai à Deleuze, Marx, Foucault…
C'est un travail qu'ils doivent d'ailleurs continuer pendant le week-end, car il est important qu'ils développent une sensibilité et un argumentaire personnels! Je suis là pour les aider à apprécier l'art contemporain et à former leur jugement. Cela les oblige à une grande remise en question, car plus on fait de découvertes artistiques plus le goût évolue, et c'est parfois difficile de se dire "mon dieu, comme c'était horrible ce que j'aimais avant!". Cela demande également une certaine implication financière, car il faut payer des places de spectacles ou des billets d'entrée aux expositions, mais on leur apprend que c'est surtout une question de choix et que c'est à eux de décider où dépenser leur argent.

Les étudiants continuent à parcourir le théâtre en silence et je suis, il faut bien le dire, assez étonnée de leur sérieux, de leur tenue et de leur implication manifeste.

Aéo, Sidonie, Romain, Aurélie, Marie

_ Ils sont en tout cas très agréables et souriants, et ils ont l'air contents d'être là, non?
_ Oui, ils comprennent qu'on ne se moque pas d'eux. Après des années à être passés à la moulinette de l'Education Nationale, ils se sentent valorisés ici. Ils voient que beaucoup de gens se démènent pour eux, qu'on les emmène dans des lieux prestigieux, que des artistes prennent le temps de les rencontrer et qu'on est là pour les amener à faire des découvertes. Et il y a de toutes façons une très bonne dynamique de groupe dans cette classe.

_ C'est la première fois que vous les emmenez au théâtre?

_ Cette classe-là, oui. Mais je suis un habitué de l'Athénée, je viens depuis 1978. Un de mes souvenirs le plus marquant se situe en 1997, lorsque j'avais emmené une classe de première pour L'Illusion comique mise en scène par Jean-Marie Villégier : il était venu leur apprendre à lire des passages de Corneille à la façon du 17e siècle!
_ Cela vous semble important, que vos élèves rencontre les artistes?
_ Définitivement oui, car ils ont des arguments d'autorité : si c'est moi qui leur explique qu'ils doivent travailler dur, je suis dans le rôle du vieux con. Si c'est un artiste, ils l'écoutent et cela accélère nettement leur compréhension et leur production. Je repense à Chantal Thomas, scénographe de Jacques ou la soumission et de L'Avenir est dans les oeufs, qui était venue leur expliquer son travail : elle avait amené tous les dossiers préparatoires à la création de la scénographie et avait détaillé tout le processus et le temps incroyable que cela lui avait pris… C'était le silence total dans la salle de classe, et je peux vous dire qu'après, ils ont travaillé comme des fous! D'ailleurs, Fanny Cottençon, actrice dans après la répétition, était venue au lycée à l'occasion de la sortie du film de Roger Coggio, Le Journal d'un Fou, dans lequel elle avait joué.

_ Pour vous, cela doit représenter un investissement énorme…
_ Oui, c'est épuisant, d'autant que l'on doit tout faire dans un laps de temps très court : les dates de concours avancent chaque année. Mais quel plaisir de les amener à faire des découvertes, de leur donner confiance, de les retrouver des années plus tard dans le public des salles de spectacles ou de voir qu'ils ont réussi leur vie professionnelle! J'ai d'ailleurs une ancienne élève qui va travailler avec Chantal Thomas et Laurent Pelly."

 

J'ai laissé Monsieur Parthonnaud et ses élèves terminer leur travail et assister à la représentation d'après la répétition, pour ensuite les retrouver après la pièce pour une rencontre avec Céline Sallette et Fanny Cottençon, actrices dans le spectacle. Morceaux choisis :

"_ Comment en êtes-vous venues à faire du théâtre?
Céline Sallette : _ J'étais amoureuse d'un type qui faisait du théâtre, alors à treize ans je me suis mise à en faire aussi.
Fanny Cottençon : _ Chacun doit trouver son propre moyen d'expression. Vous, ce sont les beaux-arts. Moi, ce sont les mots des autres.

_ Est-ce que vous avez joué dans des films?
Céline Sallette : _ Oui, plein, alors je te conseille d'aller voir sur le site de l'Internet Movie Database, ça ira plus vite.
Fanny Cottençon : _Il paraît qu'Allociné c'est bien aussi.

Le téléphone de Céline Sallette sonne :

_  Excusez-moi, ça doit être ma mère.

_ Comment vous préparez-vous pour entrer dans un personnage? Enfin, comment faites-vous pour dégager une émotion aussi sincère?
_ Quelles études avez-vous faites?
_ Madame Cottençon, comment fait-on pour jouer un personnage qui a bu?
_ Est-ce que cela vous a plus de jouer des actrices?
_ Est-ce que vous cherchez à plaire quand vous jouez?
Céline Sallette : _ Ah non, surtout pas! Tu imagines si tu veux essayer de plaire à tout prix, tu pleures dès que tu en entends un tousser dans la salle! Si je peux te donner un conseil : pense à ta grand-mère et fais une œuvre!
Fanny Cottençon : _ Si tu plais, tant mieux, c'est que quelque part tu as bien fait ton travail. Mais ce n'est pas en cherchant la reconnaissance que tu vas être bon!

_ Mais, finalement, enfin, après la fin de la pièce, ça se termine bien ou pas?
Fanny Cottençon : _ C'est à toi de l'imaginer. Pour toi, comment peut se poursuivre l'histoire après la fin?
_ Je ne sais pas, il n'y a pas vraiment de fin, alors je me disais que peut-être, vous, vous sauriez…"


Ces étudiants reviendront peut-être un jour à l'Athénée de leur propre initiative. En attendant, ils pourront toujours se souvenir de cette journée et remercier leur professeur de tant se démener : souhaitons-leur bonne chance pour leurs concours en espérant qu'un jour, c'est en tant que décorateurs ou scénographes qu'ils pourront déposer leur manteau sur les sièges du théâtre...


Après la répétition
se joue jusqu'à demain soir et laisse ensuite la place à une semaine consacrée à Olivier Messiaen. D'ici là, bon week-end à tous!

Entretien

Toutes les vérités sont bonnes à dire

Posté le : 03 déc. 2008 08:12 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Après la répétition

Mardi 25 novembre, je suis postée en plein milieu de l'escalier qui mène aux loges des artistes d'après la répétition en espérant bien attraper au vol Céline Sallette, actrice dans le spectacle. Une heure avant la représentation, j'entends quelqu'un courir : Céline arrive, s'arrête, me voit, me dit :

«_ Ah salut, c'est moi que tu attends ? Je suis en retard, on peut parler dans ma loge si tu veux!

Je la suis, ne sais pas où m'asseoir ("attends, ne reste pas debout, pousse tout ça et prends la banquette") Je pousse "tout ça" et m'assieds donc sur la banquette pendant que Céline Sallette se prépare pour le spectacle dans un autre style que Fanny Cottençon (plus précipité, dirons-nous) et mène l'entretien second degré battant (ou "de la difficulté de prendre des notes en pouffant de rire").

_ Tu arrives toujours au dernier moment comme ça?
_ Non, j'aime bien arriver en avance d'habitude, mais là il y avait ma mère…
_ Elle vient voir le spectacle?
_ Non non, elle vient juste me voir.
_ Elle vient te voir mais elle ne va pas au spectacle?
_ Non. Elle l'a déjà vu, je ne vais pas la traîner pour qu'elle revienne!

_ La première fois que je t'ai vue dans les couloirs de l'Athénée, tu t'es présentée en ces termes : "Bonjour, je suis Céline Sallette, je suis la compagne du metteur en scène, c'est d'ailleurs pour cela que je suis là". Tu crois vraiment que ce n'est que pour ça?
_ Non évidemment, si ce n'était que pour cela, j'en aurais honte et je ne le dirais pas… Laurent ne m'aurait certainement pas engagée si j'avais été mauvaise, mais disons que d'être sa compagne facilite le casting. Il n'a pas dû aller loin pour me trouver, si tu préfères! Mais si je plaisante avec ça, c'est aussi parce que j'ai une autre forme de légitimité, que je sais pourquoi je suis comédienne, que je ne suis pas trop mauvaise dans ce métier, enfin j'espère…

_ En mettant les pieds dans le plat dès le début, tu désamorces aussitôt les critiques sur ta légitimité et ta compétence avant même qu'elles arrivent, et en plus tu fais rire tout le monde…
_ C'est étrange, le rapport qu'on peut avoir à la vérité. Si je fais rire, c'est juste parce que j'ai osé dire la vérité! En fait, la vérité, c'est drôle.

_ Tu pourrais me parler d'Anna, le rôle que tu joues dans après la répétition?
_ C'est une "fille de". Elle a du mal à trouver sa place et elle est dans l'angoisse vis-à-vis de son métier car il est anxiogène (Elle se lave les dents et ses propos deviennent de moins en moins compréhensibles au fur et à mesure de l'entreprise) parce qu'elle doit porter le oids de chon héwitache donch elle che pohe a quechion e a éhihiwouité…

_ Je propose que tu termines de te laver les dents et que tu reprennes ta phrase après… (fin du lavage de dents)
_ Je disais : elle doit porter le poids de son héritage donc elle se pose la question de sa légitimité en tant que comédienne. Elle a été embauchée par un homme qui fait quasiment partie de sa famille : comme moi, elle n'est pas là par hasard… Elle se demande si on la désire en tant que femme comme en tant qu'actrice, et elle porte tout un bazar qui ne lui appartient pas mais qui, pourtant, fait qu'elle est là.

_ Et toi, pourquoi tu es là?

_ Je ne suis pas embarrassée par un héritage, je ne suis pas une "fille de" et j'ai fait mon propre chemin toute seule. J'ai dû aller chercher quelque chose, avancer, travailler, mais je suis complètement libre, je sais que tout cela m'appartient et que cela ne m'a pas été imposé.

_ Laurent Laffargue a-t-il été important dans ton parcours de comédienne?
_ Oui, c'est vraiment avec lui que j'ai commencé professionnellement. J'étais en faculté d'arts du spectacle à Bordeaux, je ne me projetais pas tellement dans l'avenir, j'adorais être comédienne mais je n'avais aucune idée de la réalité du métier, je croyais que les pâquerettes ça existait, tu vois… Laurent m'a vue dans un spectacle que je jouais près de Bordeaux au moment où il cherchait une Desdémone pour son Othello. J'avais dix-neuf ans, j'étais blonde, j'avais les yeux bleus, je savais chanter, apparemment je savais jouer, donc il m'a engagée. Nous avons tourné Othello et Le Songe d'une nuit d'été pendant deux ans, puis Terminus de Daniel Keene où j'interprétais un garçon de quinze ans.
Puis les personnes avec qui je travaillais m'ont convaincue de tenter le Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique. J'étais très épaulée, très bien dirigée, j'ai présenté des scènes des spectacles que nous avions joués pendant deux ans, et j'ai eu le concours. J'ai beaucoup appris au Conservatoire. Laurent Laffargue a continué à me guider, et c'est lui qui m'a conseillé de faire du cinéma.
C'est pendant ma deuxième année au Conservatoire que j'ai tourné Meurtrières de Patrick Grandperret : j'ai eu de la chance, il ne voulait pas tourner avec des comédiennes connues. C'est une grande chance d'avoir un premier rôle, cela permet d'avoir une grande visibilité, d'autant plus que le film faisait partie de la sélection officielle d'Un certain Regard du Festival de Cannes et qu'il y a obtenu le prix du Président du jury. J'ai fait d'autres films, et en sortant du Conservatoire à vingt-six ans, je n'avais finalement pas fait de théâtre depuis longtemps… (Elle mange)

_ Tu arrives à manger avant de jouer?

_ Pourquoi, tu n'y arrives pas, toi?

_ Non.
_ Peut-être que les bons comédiens ne mangent pas avant un spectacle, peut-être que je suis mauvaise parce que je dîne avant de jouer? Cela me fait penser à Sarah Bernhardt qui, à une jeune actrice lui disant qu'elle n'avait jamais le trac, avait répondu "ne vous inquiétez pas, cela viendra avec le talent". Alors je ne sais pas, peut-être que c'est l'appétit qui part avec le talent…

_ En parlant d'Anna, tu disais que le métier de comédien était anxiogène : pourquoi?
_ Parce que c'est un métier intermittent où tu ne maîtrises pas tout. Non seulement tu ne travailles pas tout le temps, mais en plus tu dépends du désir des autres. C'est très dur, et c'est sans doute pour cela que beaucoup de gens abandonnent.
J'ai décidé de tourner le problème autrement : tu ne reproches jamais aux gens de ne pas t'aimer ; quand tu es aimé, c'est parce que tu aimes. Alors je me suis dit que mon travail dépendait aussi de moi. Tout cela n'est fait que de désir, c'est pour cette raison que c'est si compliqué…

_ Tu es d'accord avec Laurent Laffargue lorsqu'il dit que les rapports de séduction entre metteur en scène et comédiens sont inévitables?

_ Oui et non. Le travail est sous-tendu par le désir des uns envers les autres, et même le vocabulaire du métier est incroyablement sexuel! Tu as déjà réfléchi au double sens que peuvent revêtir des phrases comme "cette comédienne, je la prends" ou "je veux cet acteur?" Je n'aime pas que les rapports de travail soient ambigus, qu'ils soient fondés sur la séduction. Je ne joue jamais là-dessus, en tout cas mon pouvoir de séduction ne passe pas par le fait que je sois une femme mais plutôt par l'humour.
La séduction existe toujours un peu, bien sûr, mais plutôt comme un tapis sur lequel on marche. Dans ma famille, on a toujours beaucoup joué sur l'humour. Un des petits vieux de ma famille m'avait dit un jour (elle imite une voix d'homme âgé avec accent gascon en prime) : "Alors comme ça tu fais le clown? Gagner de l'argent en faisant le clown, c'est formidable".»

Pour voir Céline Sallette "faire le clown", c'est jusqu'à samedi soir... Bon mercredi à tous.

D'hier à aujourd'hui

Souvenirs de jeunesse

Posté le : 02 déc. 2008 09:53 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Après la répétition

On se souvient toujours de sa première fois. Quelquefois douloureuse, souvent agréable, rarement ennuyeuse, la première fois reste inscrite dans la mémoire de chacun et détermine parfois ce qui va suivre. Les membres de l'équipe de l'Athénée Théâtre Louis-Jouvet à qui on en a parlé se souviennent tous sans exception de leur première fois et la racontent avec précision, sauf Patrice Martinet qui a eu besoin de chercher dans un livre de sa bibliothèque pour la retrouver -mais pour lui, il faut bien le concéder, cela date un peu.

Il y a ceux qui ont été profondément marqués par la première pièce qu'ils ont vue à l'Athénée, ceux qui ne se souviennent que de leur position (dans la salle), ceux qui avouent qu'ils n'étaient jamais venus avant d'être embauchés, ceux qui se souviennent du lieu mais pas de la pièce, ceux qui se souviennent de la pièce mais pas de l'impression que le lieu leur avait faite -on imagine qu'à force de le voir tous les jours, la première rencontre s'estompe.

Parmi les premières pièces vues, on a Elvire Jouvet 40 par Brigitte Jaques, Claudine et le Théâtre par Philippe Caubère, Quartett par Hans Peter Cloos, L'Ecole des Femmes par Jacques Lassalle, Geneviève du Brabant par les Brigands, Solness le constructeur par Sandrine Anglade, Fragments Lunaires par Pierre Friloux, Knock par Maurice Bénichou, Fin de partie par Bernard Levy, Callas par Elisabeth Macocco, Jacques ou la soumission / L'Avenir est dans les œufs par Laurent Pelly, Le Bagne par Antoine Bourseiller, Equus par John Dexter, Simplement compliqué par Christian Colin ou L'Opéra de quatre notes par Paul-Alexandre Dubois.

L'année des premières fois donne un aperçu de l'éventail des générations présentes à l'Athénée : 2000, 1986, 2004, 2001, 1986, 2002, 2003, 1988, 2006, 2008, 1978.

Nous avons eu des récits plus ou moins circonstanciés (avec mention spéciale à Dominique Lemaire : "j'étais le régisseur de la salle Christian Bérard, on avait dû démonter le parquet pour mettre à la place un plancher de verre avec des moniteurs télévisés au sol, il y avait six projecteurs carrousel, un comédien qui volait dans les airs, une balançoire et même un aquarium qui prend feu!"), d'autres très factuels, mais on a toujours été étonnée de la précision des souvenirs de chacun.

Quant à moi, c'était La Danse de mort de Strindberg par Jacques Lassalle en 2004. Je m'étais perdue en sortant du métro Opéra, j'étais arrivée en retard, j'avais dû passer les vingt premières minutes à me remettre de ma course, et je ne m'étais aperçue de la beauté de la salle qu'une fois la pièce terminée. Aujourd'hui, j'arrive à l'heure à l'Athénée mais je continue inexorablement à me perdre dans le quartier : les premières fois conditionnent, je vous l'avais dit. Et vous, votre première fois à l'Athénée, c'était pour quoi? Ceux qui sont venus après 1982 peuvent s'aider des archives du site  de l'Athénée, les autres devront consulter le livre Athénée Théâtre Louis-Jouvet édité chez Norma!

Pour ceux qui n'ont encore jamais franchi le pas, après la répétition offre une belle opportunité de première fois jusqu'à samedi!

Bon mardi.

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