le blog de l'athénée

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Perspective

Amen (ou Awomen, selon votre genre)

Posté le : 11 avr. 2011 07:11 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Une visite inopportune

Si vous avez vu Une visite inopportune mise en scène par Philippe Calvario, vous aurez sans doute remarqué d'étranges silhouettes apparaître à la fin du spectacle.

Si vous plongez vers le programme pour en savoir plus, vous lirez du côté de la liste des acteurs : "Louis Arène, Sissi Duparc, Michel Fau, Éric Guého, Marianne James, Lionel Lingelser et Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence".

Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, c'est une association qui fait de la prévention contre le SIDA, aide les personnes séropositives, cherche à donner une image positive des homosexuels au sein de la société et combat les discriminations, le tout dans un esprit pour le moins festif et décalé.

Voici les vœux des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence tels qu'elles les ont formulés sur leur site internet  :
«- la promotion de la joie multiverselle ou omniverselle, bref partout sur la Terre et pour tous les créatures,
- l’expiation de la honte et de la culpabilité stigmatisante,
- la paix et le dialogue entre communautés,
- la charité,
- l’information et la prévention du VIH et des IST,
- le droit et le devoir de mémoire,
ce qui, vous en conviendrez, n'est déjà pas si mal.
Certaines rajoutent l'amour, le droit à la différence, la joie et la fête.»

Chez les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence donc, pas de prévention gnan-gnan par des jeunes gens en tee-shirt bleu ciel enfilant des préservatifs sur une banane en t'expliquant qu'il ne faut pas le mettre à l'envers, mais des happenings joyeux, colorés et efficaces faits par des personnes bien renseignées sur le fond et très originales sur la forme.

Pour ceux et celles qui n'ont pas vu Une visite inopportune, vous pouvez découvrir les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence en photo ici.

(Et je précise avant qu'on m'en fasse la remarque que les Sœurs ne sont pas là pour se moquer des catholiques. Elles précisent ainsi : «nous avons choisi l’image de la nonne qui, dans l’inconscient collectif, reste une figure de bonté, d’amour et de don de soi. Nous ne cherchons en rien à les ridiculiser. »)

Deux Sœurs de la Perpétuelle Indulgence apparaissent à la fin d'Une visite inopportune, dont le personnage principal est en train de mourir des suites du SIDA. Pour les voir, vu qu'Une visite inopportune s'est terminée à l'Athénée, il faudra aller à Nevers où le spectacle se jouera demain et après-demain.

L'Athénée accueillera Ali Baba ou les quarante voleurs, un opéra de Cherubini, dans deux semaines !


PS : j'aurais bien aimé avoir trouvé la blague du titre toute seule, mais la paternité en revient aux Sœurs de la Perpétuelle Indulgence.

Entretien

L'art du kitsch

Posté le : 08 avr. 2011 07:08 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Une visite inopportune

La semaine dernière, alors que je faisais quelques recherches sur Copi, je tombai sur le nom d'Isabelle Barberis, qui a écrit des articles et consacré sa thèse à l'écrivain argentin.

Son nom me disait quelque chose, et pour cause : Isabelle et moi avons plusieurs amis en commun sur Facebook, et je l'avais souvent vue laisser des commentaires à des articles liés au théâtre que publiaient nos contacts communs.

Je pus ainsi la contacter assez facilement par Facebook et échanger quelques messages avec elle : Isabelle est agrégée de lettres, chercheuse et enseignante en études théâtrales, elle connaît le blog de l'Athénée (ouf) et surtout, heureux hasard (ou presque, car les spécialistes français de Copi ne sont pas légion), elle est intervenue auprès de comédiens suivant un stage sur Copi auprès de Philippe Calvario, le metteur en scène d'Une visite inopportune.

Voici un extrait de nos échanges où elle a répondu avec beaucoup d'enthousiasme et de précision à mes questions, inaugurant le genre de l'interview-Facebook sur le blog et démontrant combien le travail universitaire peut se mêler avec beaucoup de grâce et de naturel au travail artistique :


«— En quoi ont consisté vos interventions auprès des acteurs de Copi ?
— Le principe en était assez simple et humble : j'ai répondu aux questions des comédiens de Philippe Calvario sur Copi, sa biographie, ses textes, sans séparer l'anecdote du concept. Les pièces sont plus complexes qu'on ne se le représente en général à cause de leur dimension carnavalesque —or le carnaval, c'est quelque chose d'éminemment complexe!
Bien sûr, il ne s'agissait en aucun cas d'adopter une position professorale, cela c'est passé sur le mode de la conversation libre bien que soutenue. J'ai été étonnée par la curiosité que Copi suscitait chez les comédiens, mais cela s'explique par la nature même de ce théâtre qui fonctionne en grande partie sur le principe du malentendu. Le malentendu, le code switching (1) inextricable, renvoient à la situation de l'étranger ou de l'exclu cherchant à se faire comprendre des "autochtones"... Eh bien nous avons ensemble essayé de dissiper des malentendus pour entendre Copi. C'était sur ce mode, plus que sur celui de l'analyse de texte, encore moins de l'"interprétation". J'ai été rassurée sur le fait qu'un travail universitaire puisse arriver jusque sur le plateau de manière naturelle.

Une visite inopportune est-elle une sorte de parodie et si oui, de quoi ?
— Cela demanderait de définir la parodie - qui renvoie à la parodos, un terme grec pour désigner les commentaires du choeur et le "contre-chant". L'écriture de Copi n'est pas étranger au chant et à la glossolalie (2).
Même si c'est moins visible dans Une visite inopportune que dans d'autres pièces, les personnages se battent pour avoir leur "grand air" et occuper le devant de la scène. Je pense qu'avant d'être parodique, le théâtre de Copi relève d'une mimesis (3) affolée, d'une superposition de masques. Dans la parodie, on arrive en général à discerner quel est le "modèle" parodié et la plupart du temps subverti ou mis à mal. Cela implique une distance critique dans lequel le théâtre sentimental de Copi ne se retrouve pas. La parodie froide y alterne avec des moments d'empathies sincères, en insufflant par alternance le chaud et le froid.
Ce théâtre mixant allègrement les modèles et les références de tous ordres dans une "cuisine" impure, difficile de discerner l'objet de la parodie à proprement parler, même si on repère aisément des morceaux de Molière, des morceaux de Proust, des morceaux de Genet, des morceaux de Tennessee Williams, des morceaux de Cocteau entre autres... et bien sûr des morceaux de Copi. C'est un texte-arlequin.
Une visite inopportune est une parodie de comédie bourgeoise et de vaudeville, donc une parodie de parodie, une parodie au carré dans laquelle le sens de la relation parodique ... est sens dessus dessous. C'est cet excès qui permet la carnavalisation du Sida, car tout est permis. A part dans la performance, je ne connais pas de théâtre aussi libre.

— Copi, c'est kitsch ?
— Eh bien là aussi, cela revient à tenter une définition du kitsch! La pièce la plus kitsch de Copi est sans doute Le Frigo, dans laquelle Copi se kitschise lui-même. Le kitsch est une momification du souvenir, et c'est bien le sujet d'Une visite inopportune. Mais c'est un kitsch hautement conscient et distant, qui recoupe plus la définition du Camp (4) comme détournement par imitation, mimicry (5) plus que mimesis. "Campy" est aussi plus précis, car le terme appelle le jeu et le geste de l'acteur-diva, celui qui investit tous ses signes morts pour leur donner vie, dans un dernier regard par-dessus l'épaule.»


Pour découvrir sur le plateau cette écriture carnavalesque où s'entremêlent les références, les humeurs et les genres, il vous reste encore trois représentations de la mise en scène de Philippe Calvario : ce soir, demain à 15h et demain à 20h. Bon week-end à tous !

 

(1) Permutation, inversion, changement
(2) Terme employé par Artaud pour désigner une manière de parler en "langue étrangère"
(3) Imitation
(4) Sur le Camp, on peut lire un article de Susan Sontag ici.
(5) Proche du terme français "mimétisme"

Entretien

Lorsque j'étais barman à l'Athénée

Posté le : 07 avr. 2011 07:04 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Une visite inopportune

Mardi, je publiais la première partie des interviews vidéo réalisées avec les acteurs d'Une visite inopportune de Copi : on y voyait Michel Fau parler de l'écriture de Copi, Sissi Duparc à qui j'ai demandé une variation autour de la robe de chambre et Louis qui évoquait le monologue qu'il a écrit et mis en scène sur le métier de comédien.

Voici aujourd'hui Marianne James que j'ai interrogée sur son personnage à la fois drôle et inquiétant et Éric Guého qui nous raconte un épisode méconnu : il y a dix ans, il était barman à l'Athénée.

 

La vidéo se trouve ici sur YouTube.


Une visite inopportune de Copi mis en scène par Philippe Calvario se joue encore ce soir, demain soir ainsi que samedi à 15h et à 20h !


Bonne journée.

Pleins feux

Où est le couteau du rosbeef ?

Posté le : 06 avr. 2011 09:55 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Une visite inopportune

À l'Athénée, la chambre d'hôpital d'Une Visite inopportune continue à se déconstruire jusqu'à samedi. Pour ceux et celles qui ne l'ont pas (encore) vu, un aperçu du spectacle vu des coulisses, du balcon et du gril.

Il s'agit de photos de répétitions.

 

Sissi Duparc

 

Michel Fau

 

Michel Fau

 

Sissi Duparc et Éric Guého

 

Éric Guého

 

Michel Fau et Lionel Lingelser

 

Michel Fau

 

Marianne James

 

Marianne James et Michel Fau

 

Bonne journée ensoleillée (en tout cas chez moi) à tous.

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