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Perspective

Le concert qui tue

Posté le : 25 mars 2015 11:47 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Concert Le Balcon

J’imagine que vous n’avez pas oublié Le Balcon, l’ensemble en résidence à l’Athénée depuis 2013. Ils seront là vendredi et samedi avec un concert pour orchestre et soprano d’oeuvres du 20e siècle.

Les Quatre Chants pour franchir le seuil ont été composés en 1998 par le français Gérard Grisey, qui les a conçus comme “une méditation musicale sur la mort en quatre volets : la mort de l’ange, la mort de la civilisation, la mort de la voix et la mort de l’humanité.”

Les textes de ces quatre chants sont tirés de sources différentes : La Mort de l’ange vient des Heures de la nuit du poète français Christian Gabriel/le Guez-Ricord (décédé en 1988). Les paroles de la Mort de la civilisation proviennent de hiéroglyphes figurant sur les parois de sarcophages et bandelettes de momies de l’Égypte du Moyen Empire. Le dernier, La Mort de l’humanité, a été composé sur le récit du déluge dans l’Épopée de Gilgamesh.

La Mort de la voix, qui est placé en troisième, a été écrit sur des vers d’Érinna. On ne sait quasiment rien d’Érinna de Télos (ou Ténos), à part qu’elle aurait vécu en Grèce au 4e siècle avant J.-C. et qu’elle serait morte à dix-neuf ans. Son contemporain Asclépiade de Samos écrit ainsi d’elle :

D'Érinna, voici les oeuvres, douces à lire. Le livre n'est pas gros,
c'est celui d'une jeune fille de dix-neuf ans,
mais il a plus de force que beaucoup d'autres. Si Hadès
vers elle n'était pas si vite venu, qui possèderait un nom plus illustre ?


Il ne nous reste que quelques fragments de l’oeuvre déjà brève de la jeune Érinna. Les voici dans la traduction d’Yves Battistini:

Pilote, poisson aux matelots faisant escorte pour naviguer bonne navigation,
puisses-tu escorter depuis la poupe mon amie qui me charme !”
 
“À la parole douce, femmes aux cheveux blancs, vieillesse en fleurs pour les mortels...”
 
“D’ici jusqu’au pays d'Hadès le vain écho passe le fleuve,
silence chez les morts, ténèbre s'empare des deux yeux.”


Les textes d’Érinna (et des autres !) seront chantés par Julie Fuchs, que vous connaissez déjà puisqu’en plus d’avoir obtenu deux Victoires de la musique et s’être produite à plusieurs reprises à l’Athénée, elle a remporté le convoité strapontin d’or, trophée remis par l’équipe de l’Athénée à la personne “la plus” (non, il ne manque aucun mot).

Le concert se donnera deux fois, vendredi et samedi.

Bonne journée !


Clémence Hérout