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Perspective

L'évolution des moeurs

Posté le : 06 janv. 2011 14:02 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie : Phi-Phi | Entre nous - d'abord

Hier soir, Philippe Cathé, musicologue, est venu au foyer-bar de l'Athénée pour donner quelques clés de compréhension sur Phi-Phi, créé le lendemain de l'armistice de 1918.

Il a d'abord expliqué que l'opérette avait été inventée par Hervé (nom de naissance : Florimond Ronger) et non par Offenbach comme on l'imagine souvent. Né en 1825, Hervé nous a laissé des œuvres comme Don Quichotte et Sancho Pança, L'Œil crevé, Chilpéric ou Le Petit Faust (qui parodiait le Faust de Gounod).

Philippe Cathé a ensuite évoqué le rôle primordial de la première guerre mondiale dans l'économie du spectacle : avec la Grande Guerre et les années qui l'ont suivie, la jeunesse a été décimée et les nouveaux riches sont apparus.
Plus vieux, moins aristocratique, ayant envie de s'amuser, ce nouveau public qui a le pouvoir et l'argent guide le spectacle vers des opérettes légères, drôles et plus faciles à comprendre que l'opéra.

La première guerre mondiale a également changé la place des femmes : le travail des femmes inauguré en temps de guerre devrait-il s'arrêter alors que l'on connaît une importante pénurie d'hommes après la guerre ? Donc non seulement les femmes travaillent désormais, mais l'on préfère en plus épouser une femme qui travaille plutôt qu'une femme qui possède des biens, ces derniers perdant leur valeur avec l'inflation galopante des années d'après-guerre.

L'évolution des mœurs des femmes prend ainsi la forme d'une certaine autonomie que l'on retrouve dans Phi-Phi où souffle une liberté correspondant pleinement à l'esprit des années folles, même si la société n'était pas forcément prête à accepter un tel vent de changement : à ce titre, le scandale provoqué par le roman La Garçonne écrit en 1922 par Victor Margueritte (où l'on découvre l'histoire d'une femme prenant de multiples amants) montre que l'on ne plaisantait pas encore complètement avec les mœurs de ces dames...
Phi-Phi est ainsi un bon indicateur de la place des femmes dans la société des années folles, d'autant plus que l'œuvre ne se clôt pas sur une fin bien rangée où tout le monde rentrerait dans le rang…

Philippe Cathé a conclu sur la richesse de Phi-Phi qui permet des mises en scènes très différentes, qu'elles jouent sur les anachronismes de la Grèce Antique ou en proposent une relecture radicale : de son point de vue, la mise en scène de Johanny Bert actuellement à l'Athénée est à la fois dans la fidélité et la relecture  décapante de l'œuvre, mais également dans la continuité du travail des Brigands qui proposent de voir autrement le répertoire de l'opérette.


Le prochain "d'abord", ces rencontres d'une demi-heure au foyer-bar vous proposant quelques clés de compréhension sur les œuvres, aura lieu le 14 janvier pour Le Journal d'un disparu, opéra pour piano (ou cycle de mélodies, selon la définition) de Janacek mis en scène par Christophe Crapez.

Demain, de 12h30 à 14h, vous pourrez assister à une conférence en musique sur le renouveau de l'opérette en France. C'est sur le site Richelieu de la Bibliothèque Nationale de France, 2 rue Vivienne dans le 2e arrondissement de Paris (plus d'informations en bas de cette page)

Phi-Phi se joue jusqu'à dimanche !



Merci à Philippe Cathé, en espérant ne pas avoir déformé ses propos