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Entretien

J'ai beaucoup comparé mes pièces avec mes rêves

Posté le : 03 oct. 2016 06:05 | Posté par : Clémence Hérout
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Bonjour à tous,

Suite à une mise à jour de notre fichier, il se peut que vous receviez le billet du blog de l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet pour la première fois : bienvenue ! Le blog existe depuis 2008 pour documenter la vie des coulisses du théâtre. Animé en textes, vidéos et photos par Clémence Hérout et en dessins par Le Tone, il suit un rythme de parution en fonction des spectacles.

S’il vous contrarie déjà, il faut cliquer sur le lien tout en bas de cet email (« pour vous désinscrire, cliquez ici ») pour vous enlever de la liste (snuirf). Dans le cas contraire, nous sommes ravis de vous embarquer avec nous ! 
Pour retrouver les billets parus sur la réouverture du théâtre, La Symphonie fantastique et les travaux de l’année dernière, c’est par ici http://blog.athenee-theatre.com.

Philippe Caubère, qui jouera à partir de demain à l’Athénée sa Danse du Diable et Le Bac 68, nous a accordé une longue interview à découvrir en plusieurs parties. Voici la première, où il présente les deux spectacles.



« – Vous êtes l’auteur et l’interprète de La Danse du Diable, créée en 1981, rejouée en 2014 et de nouveau sur les planches en 2016. Quelles différences entre les trois versions ?

– C’est difficile à définir : le temps change les choses. C’est un spectacle physique, qui évolue donc en fonction de mon corps. Parce que le théâtre est vivant, le spectacle respire évidemment. Si les mots ont beaucoup changé au fil du temps, ils sont à peu près fixes désormais, d’où l’édition finale du texte aux éditions de l’Avant-Scène. Le texte est important, mais la façon dont on joue la pièce achève de l’écrire. À chaque fois que je le joue, c’est comme si je le revivais.

En fait, votre question, c’est comme si l’on me demandait comment changent les relations avec les personnes dont on est amoureux. C’est toujours et jamais pareil, même si cela paraît contradictoire… C’est dans la nature d’une pièce de théâtre que le texte fixé change malgré tout chaque soir. Il s’agit ici en plus d’une pièce autobiographique jouée par son auteur, donc la relation avec le texte est presque d’ordre psychanalytique – un peu comme un rêve. J’ai beaucoup comparé mes pièces avec mes rêves, car c’est aussi faux et aussi vrai que des rêves. Je ne cherche pas à savoir ce qui change ou non, ni à connaître le nombre de personnages que j’interprète : je n’en sais rien et cela m’ennuie. Mais à chaque fois que je le rejoue, c’est comme un voyage.

Ce qui change tous les jours en revanche, ce sont les spectateurs : je ressens une affinité extrême avec le public qui imprime sa marque, son influence et fait que ce qui se passe entre le public et l’acteur est à chaque fois différent. C’est pourquoi le sentiment qu’une représentation est la même que celle de la veille ne pardonne pas.



– Pouvez-vous expliquer en quoi Le Bac 68 est une adaptation d’une scène de votre cycle L’Homme qui danse ? [L’Homme qui danse est un cycle en plusieurs épisodes : Claudine, Le Théâtre, Octobre, Avignon, Ariane et Ferdinand, NDLR]

– Le Bac 68 est une scène du deuxième spectacle. Je voulais rejouer cette scène qui s’appelle Le Bac. Je joue comment je me souviens avoir passé le bac en 1968 et comment cela me plaît de m’en souvenir. J’avais très envie de rejouer cette scène car elle est surréaliste, d’une nature comique différente du reste, moins satyrique. Mais comment faire sans reprendre toute la pièce ? J’ai repris cette scène et complété le texte pour enrichir cet épisode.

Dans deux tiers du Bac 68, on voit la mère qui supplie son fils de passer le bac ; l’autre tiers, c’est le bac lui-même. Cela m’a permis de développer une sorte de chronique familiale française : Ferdinand parle de son père, de la guerre de 1914, de l’Occupation… Il s’agit d’éléments contenus en bribes dans la première version et que j’ai pu développer.
J’ai failli choisir le sous-titre “Chroniques familiales”, mais j’ai finalement choisi “une comédie française”. De développer cette scène en la transformant en spectacle m’a permis de construire une histoire complète, de réaliser un petit roman français de 1914 à 1968.

Une de mes motivations consistait aussi à mieux jouer La Danse du Diable, puis je me suis rendu compte que cela devenait un spectacle sur le bac : qu’est-ce que c’est que ce truc, ce truc qui ne sert à rien et qui polarise tant d’énergie, d’angoisse et d’espérance ? C’était amusant de montrer à travers le bac à quel point la société peut être aussi folle qu’un individu. C’est un passage symbolique, abstrait, au contraire du permis de conduire qui donne l’autorisation concrète de conduire une voiture.

C’est en passant son bac que Ferdinand improvise pour la première fois, car il ne sait rien et doit faire semblant de tout savoir. Le fait qu’il doive tout inventer et que le spectacle soit bâti sur de l’improvisation offre une double improvisation totalement burlesque et étrange. C’est ainsi que cette scène est devenue un spectacle indépendant de par son thème et sa structure. »


La suite de l'entretien paraîtra bientôt sur le blog. En attendant, Philippe Caubère commencera demain son Bac 68 dans la grande salle avant une alternance avec La Danse du diable, pendant que Clémence Massart jouera son Asticot de Shakespeare en salle Christian-Bérard. On espère vous voir aux premières demain !

Bon lundi.

Clémence Hérout