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Pleins feux

C'est l'extase

Posté le : 27 mars 2017 06:30 | Posté par : Clémence Hérout
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C’est ce soir le deuxième lundi musical de la saison — un peu chamboulé, le chanteur Stanislas de Barbeyrac ayant été contraint d’annuler pour maladie.

Vous entendrez donc ce soir le ténor Cyrille Dubois accompagné par le pianiste Alphonse Cemin dans un programme intitulé Les Amours des poètes.
Les trois œuvres programmées aujourd’hui ont en effet été composées sur de la poésie : Robert Schumann choisit des poèmes de Henrich Heine, Gabriel Fauré ceux de Paul Verlaine et Benjamin Britten ceux de Michel Ange.


Pour Dichterliebe, Schumann met en musique seize des soixante-six poèmes composant l’Intermezzo lyrique de Heine. En voici quelques extraits traduits par Gérard de Nerval, mais vous les entendrez en allemand :

« Quand je vois tes yeux, j’oublie mon mal et ma douleur, et, quand je baise ta bouche, je me sens guéri tout à fait.
Si je m’appuie sur ton sein, une joie céleste plane au-dessus de moi ; pourtant, si tu dis : “Je t’aime !” soudain je pleure amèrement. »

« Quand j’entends résonner ma petite chanson que ma bien-aimée chantait autrefois, il me semble que ma poitrine va se rompre sous l’étreinte de ma douleur.
Un obscur désir me pousse vers les hauteurs des bois ; là, se dissout en larmes mon immense chagrin. »



Gabriel Fauré compose ses Cinq Mélodies de Venise sur des extraits des Fêtes galantes et Romances sans paroles de Paul Verlaine, comme :

« C’est l’extase
C’est l’extase langoureuse,
C’est la fatigue amoureuse,
C’est tous les frissons des bois
Parmi l’étreinte des brises,
C’est vers les ramures grises
Le chœur des petites voix.
Ô le frêle et frais murmure !
Cela gazouille et susurre,
Cela ressemble au cri doux
Que l’herbe agitée expire...

Tu dirais, sous l’eau qui vire,
Le roulis sourd des cailloux.
Cette âme qui se lamente
En cette plainte dormante
C’est la nôtre, n’est-ce pas ?
La mienne, dis, et la tienne,
Dont s’exhale l’humble antienne
Par ce tiède soir, tout bas ? »


Benjamin Britten utilise quant à lui sept sonnets écrits par le peintre Michel-Ange dans Seven Sonnets of Michelangelo, qu’il laisse en italien. Voici la traduction de l’un d’entre eux proposée par Guy Laffaille :

« Esprit bien né, en qui est réfléchi et vu
Dans tes beaux membres, honnête et cher,
Tout ce que la nature et le ciel peuvent créer,
Surpassant toute autre œuvre de beauté ;
Esprit gracieux, en qui on espère et on croit,
Demeurent, comme ils apparaissent sur ton visage,
Amour, pitié, miséricorde, choses si rares
Et jamais trouvées dans la beauté avec une telle foi ;
L’amour me prend, et la beauté me lie ;
La pitié, la miséricorde avec de doux regards
Avec un ferme espoir remplissent mon cœur.
Quelle règle ou quel gouvernement du monde,
Quelle cruauté de ce temps ou de plus tard,
Pourrait empêcher la mort d’épargner un si beau visage ? »


À ce soir ! Le concert commence à 20 heures et dure 1 h 10.
 
Clémence Hérout