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Perspective

C'est fantastique

Posté le : 20 sept. 2016 06:30 | Posté par : Clémence Hérout
Catégorie :

Tourné en pleine Occupation, le film La Symphonie fantastique de Christian-Jaque raconte la vie d’Hector Berlioz avec Jean-Louis Barrault dans le rôle-titre, mais aussi Bernard Blier, Lise Delaware et Renée Saint-Cyr.
 
Après s’être fait renier par sa mère (en toute simplicité, à base de « tu es mort pour nous », « ma malédiction te suivra partout » et « nous n’avons plus d’enfant ») et repousser par l’actrice irlandaise dont il est tombé amoureux après l’avoir vu jouer à l’Odéon mais qui, elle, ne l’a pas remarqué (et on peut la comprendre), le personnage de Berlioz commence à composer sa Symphonie fantastique dans cette scène hallucinée, suivie de sa réception chez des éditeurs peu séduits.



Si vous ne voyez pas la vidéo, retrouvez-la ici sur YouTube :
https://youtu.be/EAgdF-rLHxs?t=26m30s

 
Nous sommes en 1830 : Hector Berlioz a moins de trente ans, il vient d’abandonner ses études de médecine et n’a composé qu’une dizaine d’autres œuvres. Comme Le Tone vous l’a raconté la semaine dernière, La Symphonie fantastique est teintée de théâtre puisqu’il suit une histoire, que Berlioz avait fait publier séparément quelques jours avec sa première audition.
Un jeune musicien tombe amoureux d’une femme et se laisse aller à ses rêveries. Partout où il se rend, la pensée de sa bien-aimée s’impose à lui. Un soir, alors qu’il se promène dans les champs, son idée fixe trouble une jolie scène pastorale. Le musicien rêve ensuite qu’il a tué cette femme et qu’on le mène à l’échafaud : il s’imagine enfin à ses propres funérailles où se déroule un sabbat.
 
De cette influence du théâtre dans la musique de Berlioz, le compositeur Paul Dukas écrit dans La Revue Hebdomadaire en 1894 : « La première conviction qui s’impose après l’audition de la musique de Berlioz, quel que soit le sujet auquel elle s’applique, quelle que soit la forme particulière qu’elle revête, c’est celle de la nature dramatique du style de son auteur. Tout, avec Berlioz, […] devient drame. […] Une telle compréhension de la musique est avant tout dramatique, et l’on peut dire que Berlioz est compositeur dramatique, même quand il n’écrit pas pour la scène. »
 
Si la puissance expressive de La Symphonie fantastique fait en grande partie son caractère singulier, il faut y ajouter son souffle mélodique, sa créativité rythmique et son exploitation complète des possibilités des instruments de l’orchestre.
C’est ainsi que le compositeur Edgard Varèse déclarait par exemple « Berlioz est le créateur de la symphonie dramatique et l’inventeur de l’orchestre moderne. S’il vivait aujourd’hui, il serait certainement un des premiers à déplorer la stagnation de la musique et à vouloir de nouveaux instruments et de nouveaux moyens sonores » (cité par Fernand Ouellette).
 

 
C’est la raison pour laquelle on peut imaginer que Hector Berlioz ne renierait pas la transcription/réorchestration/arrangement de sa Symphonie fantastique par Arthur Lavandier, qui d’ailleurs a moins de trente ans lui aussi.
On espère vous voir samedi ou dimanche pour fêter la réouverture de l’Athénée et découvrir cette version inédite de La Symphonie fantastique !
 
Bonne journée
 
Clémence Hérout
 
 
Sources
La Symphonie fantastique, film de Christian-Jaque sorti en 1942
Paul Dukas, Roméo et Juliette d’Hector Berlioz, Revue hebdomadaire no 31, décembre 1894
Fernand Ouellette, Edgard Varèse, éditions Seghers, Paris, 1966.
Article consacré à Berlioz dans Guide de la musique symphonique, François-René Tranchefort (direction), Fayard, Paris, 1986.