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La corde verte du lapin qui siffle

Au pied de la cascade

Posté le : 09 déc. 2016 05:55 | Posté par : Clémence Hérout
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Vendredi dernier, nous avons abordé les images qui ont inspiré la scénographie de l’opéra L’île du rêve. Hier, nous avons précisé la scénographie qui a été imaginée.

Nous passons aujourd’hui à l’étape concrète de la conception et de la fabrication du décor, qui doit prendre en compte la réalité financière du spectacle, les possibilités techniques des salles accueillant le spectacle, le transport et le temps de montage des éléments, la mise en lumière, la transposition dans la réalité des idées de mise en scène et la réception des spectateurs.

La créatrice des lumières, Anne Terrasse, a été associée à la réalisation de la scénographie dès le début, car l’éclairage d’un décor est primordial dans son rendu.

Amélie Lauret, la collaboratrice artistique à la scénographie, explique : « je réfléchis à des procédés visuels et des dispositifs pratiques mettant en valeur les idées que nous avons eues. Je modélise ainsi le décor en trois dimensions sur un logiciel dédié. Comme une maquette, cela permet d’avoir une idée concrète du décor et des matériaux utilisés. On ne peut pas valider une scénographie si on ne sait pas comment la fabriquer… 



 @Amélie Lauret
 
 
Pour créer le paysage de Tahiti, Amélie Lauret et le metteur en scène Olivier Dhénin ont par exemple choisi de reproduire des peintures de John Webber sur plusieurs panneaux disposés en perspective, donnant l’impression que les chanteurs évoluent dans un paysage en relief.

Pour Olivier Dhénin, « l’image flotte et apparaît dans cette sorte de boîte magique où une représentation de Tahiti est reproduite et retravaillée en reprenant un tableau d’il y a deux cent cinquante ans sur un matériau contemporain ».
Amélie Lauret complète : « le procédé amène du rythme et du volume dans l’image. Les plaques peuvent se superposer et créer un buisson, ou donner l’impression que les acteurs passent dans le paysage ».



 @John Webber View of Otapia Bay in Otaheite

 
Amélie Lauret explique avoir choisi le plexiglas après plusieurs tests sur des échantillons, car ce matériau permet de créer à un coût raisonnable un jeu de transparence tout en offrant de nombreuses possibilités d’opacité et de couleur.



 @Amélie Lauret
 
 
Le palais présent dans l’œuvre est seulement suggéré : des bandes de plexiglas colorées sont ainsi placées comme des arcades.

Trois photographies de Paul-Émile Miot sont également imprimées sur deux bâches de sept mètres sur trois pour occuper toute la largeur du plateau dans le fond. Ces photos qui ouvrent chaque acte de l’opéra étaient projetées sur les précédentes représentations de L’Île du rêve, mais ont dû être imprimées pour l’Athénée dont la configuration ne permettait pas d’accueillir le cyclorama (qui sert de surface de projection).



 @Compagnie Winterreise
 
 
Enfin, une cascade présente dans des dessins réalisés par Pierre Loti lui-même est évoquée par un voile aluminium mis en lumière : Olivier Dhénin indique avoir essayé de projeter l’image de la cascade ou de la reproduire avant d’abandonner l’idée de la représenter, car elle lui paraissait finalement irreprésentable. Il explique qu’il s’agit de « donner une amorce au spectateur pour qu’il puisse rêver cette île du rêve ».

Ces plaques métalliques au sol évoquent également les passerelles des bateaux dans cette histoire où il est beaucoup question de marins.



 @Pierre Loti
 
 
Olivier Dhénin explique également avoir souhaité des tranchées pour l’acte 1, mais avoir dû renoncer à cette idée pour des raisons techniques : comment les reboucher avant l’acte 2 ?

Si le plexiglas et les bâches ont été réalisés par des fournisseurs sous la direction d’Amélie Lauret, les lattes de bois symbolisant la forêt et les plaques d’inox et d’acier au sol faisaient partie du stock de décors de la compagnie. Des tests de fabrication et d’impression ont été réalisés, mais l’équipe a découvert l’intégralité du décor à sa livraison à l’Athénée, quelques jours avant le spectacle.
 

 @Compagnie Winterreise
 

Entre la décision de monter L’Île du rêve et ses premières représentations, il se sera donc écoulé environ une année pendant laquelle l’équipe artistique et technique a réfléchi à la mise en scène, la scénographie, les lumières, les costumes, les maquillages ou les accessoires.

De votre côté, pour découvrir L’Île du rêve, il ne vous reste que trois jours : ce soir, demain et dimanche à 16 h.
Bon week-end !

 
Clémence Hérout