le blog de l'athénée

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Coulisses

Pop pop up

Posté le : 13 juin 2018 05:00 | Posté par : Clémence Hérout
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Nous avons vu avant-hier comment la scénographe Elsa Ejchenrand avait travaillé en collaboration avec la metteuse en scène Catherine Dune et la créatrice de costumes Élisabeth de Sauverzac sur les deux opéras Manga-Café et Trouble in Tahiti.

Elle nous donne aujourd’hui plus de détails sur la scénographie elle-même :

« Nous avions déjà créé Trouble in Tahiti à Tours il y a deux ans, également sur une double soirée (l’autre opéra binôme étant La SADMP de Louis Beydts).
C'est avec la rencontre initiée par Patrice Martinet, le directeur de l’Athénée, qui a présenté à la Catherine Dune le chef d’orchestre Julien Masmondet, qu'a été envisagée cette reprise (ou plutôt, cette suite) en lui adjoignant la commande d’une œuvre au compositeur contemporain Pascal Zavaro, Manga-Café.

Il s’agit de deux histoires d’amour : même si les époques, intrigues et styles sont différents, une continuité dramaturgique et scénographique doit exister entre les deux opéras.

Pour la création de Trouble in Tahiti à Tours, j’avais conçu un décor très construit, solide, architecturé. J’en ai conservé les miroirs avec des colonnes-miroir et un miroir central au sol, la couleur bleu Tahiti et des barrières blanches représentant la maison témoin des banlieues américaines dont il est question dans l’histoire. Sauf qu’au lieu de m’inscrire dans une scénographie architecturée en trois dimensions, j’ai préféré opter pour une scénographie du papier plié, comme les livres pop-up.
 

Trouble in Tahiti (c) Élisabeth de Sauverzac
 
 
Les saynètes s’entremêlent en effet, à chaque fois dans des lieux différents. Tout se superpose, donc j’aimais cette idée de scènes qui s’ouvrent en s’imbriquant, sans non plus tout donner à voir. Par exemple, je pense qu’on peut suggérer un lieu, comme une maison de banlieue américaine, sans en montrer tous les objets et accessoires.  En général, j’aime faire rêver le spectateur.


Trouble in Tahiti (c) Odile Motelet
 
 
J’ai aussi travaillé sur l’image du papier découpé pour Manga-Café, sachant que les colonnes-miroir et la couleur bleu Tahiti y sont aussi présents. Les héros de mangas sont des figures très fortes pour leurs lecteurs, qui vivent des choses à travers leurs lectures.

En m’inspirant des manga-cafés où l’on peut lire des mangas qui existent au Japon, j’ai pensé à un espace rythmé par des bibliothèques découpées en forme de bulle de manga. Elles sont obliques, de travers, un peu agressives… Je voulais donner au public l’image d’une bibliothèque élisabéthaine avant de rentrer dans les éléments du manga avec la projection vidéo de livres.

Manga-Café (c) Odile Motelet
 
 
Mais, comme dans Trouble in Tahiti, je ne donne pas toutes les images. La recherche de l’amour dans le couple est l’aspect le plus important de ces opéras : il me paraît donc nécessaire de laisser une grande part aux spectateurs. »

Pour rêver à deux histoires d’amour plus ou moins heureuses, c’est à l’Athénée ce soir et demain avec Trouble in Tahiti de Leonard Bernstein et Manga-Café de Pascal Zavaro, mis en scène par Catherine Dune et dirigés par Julien Masmondet. À très vite !
 
Clémence Hérout

Coulisses

Les gros bras

Posté le : 11 juin 2018 05:00 | Posté par : Clémence Hérout
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Jusqu’à jeudi, deux opéras qui parlent de la difficulté d’aimer se jouent à l’Athénée dans la même soirée.
Mis en scène par Catherine Dune et dirigés par Julien Masmondet, Trouble in Tahiti de Leonard Bernstein et Manga-Café de Pascal Zavaro ont été scénographiés par Elsa Ejchenrand, qui a inventé un dispositif scénique différent pour chaque œuvre tout en conservant une continuité.

Elsa, avec qui j’avais déjà échangé en 2012 au sujet du bel arbre naturel de Voyage d’hiver, m’a expliqué comment elle travaillait :

« Je commence par des petits croquis pour essayer de comprendre les différences scènes : je réfléchis rapidement à différents espaces en réalisant le découpage des lieux présents dans l’œuvre, comme un synopsis.
 

 Croquis réalisé pour Manga-Café


 Croquis réalisé pour Trouble in Tahiti


 
J’élabore ensuite très vite des maquettes en volume, parce que j’ai besoin de travailler en trois dimensions, mais aussi parce qu’il est alors plus simple de travailler en collaboration avec la metteuse en scène Catherine Dune : on a tous notre interprétation du dessin. Et pour construire mes volumes dans la maquette, j’ai besoin de me poser des questions : comment, pourquoi, à quel moment, quelle évolution…

Ensuite, c’est Catherine Dune qui m’embarque en m’indiquant ses besoins. En gros, je mets le pied à l’étrier et c’est Catherine Dune qui conduit ! Nous avons une belle complicité, ainsi qu’avec la créatrice de costumes Élisabeth de Sauverzac : Catherine Dune nous présentait hier comme son bras droit et son bras gauche et c’est juste, je crois. Nous sommes un trio.

 

Maquette pour une scène de Manga Café
 
 
Je choisis les matières et couleurs dès l’étape de la maquette – pour donner une idée du temps nécessaire à la création du spectacle, j’ai fait cette maquette il y a un an. Nous discutons beaucoup toutes les trois, Catherine, Élisabeth et moi. Il est important que nous réfléchissions ensemble, car chacune donne des idées aux autres : c'est un laboratoire !
Par exemple, les imperméables créés par Élisabeth pour Trouble in Tahiti m’ont donné envie d’utiliser de la vidéo, sachant que j’avais déjà l’idée de faire des projections pour Manga-Café.

 

 Maquette réalisé pour Trouble in Tahiti, où vous pouvez voir le rond central dont il est question ci-dessous
 
 
D’ailleurs, chaque changement de l’une a des conséquences sur le travail de l'autre : par exemple, le miroir rond central de Trouble in Tahiti était en hauteur lors de la création à Tours. Pour des raisons budgétaires, j’ai renoncé à cette surélévation. 
Cela a modifié la mise en scène de Catherine qui a dû retravailler les déplacements et gestuelles des chanteurs, ainsi que sur les costumes d’Élisabeth qui doit alors s’assurer que tous les nouveaux mouvements ainsi décidés sont faisables dans ces vêtements. »

Nous reviendrons vite sur le travail réalisé spécifiquement par Elsa Ejchenrand pour Manga-Café et Trouble in Tahiti. Vous pouvez en attendant aller voir le spectacle, qui se joue jusqu’à jeudi. Bonne semaine à tous !

Clémence Hérout

La corde verte du lapin qui siffle

Trouble à l'Athénée

Posté le : 08 juin 2018 18:00 | Posté par : Clémence Hérout
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Les deux opéras Trouble in Tahiti de Bernstein (qui a entre autres composé West Side Story) et Manga-Café de Pascal Zavaro, compositeur français né en 1959, commencent ce soir dans une direction de Julien Masmondet et une mise en scène de Catherine Dune.

Trois heures avant la représentation, je filmais le plateau en direct pour vous montrer l'équipe technique à l'œuvre. Diffusée sur nos pages Facebook et Twitter, la vidéo a donné lieu à quelques commentaires de spectateurs en direct (c'est à eux que vous m'entendrez répondre) : comme vous le verrez, il y est beaucoup question de poireau.

 
Si vous ne voyez pas la vidéo, vous pouvez cliquer .
 
Trouble in Tahiti et Manga-Café commencent ce soir et se jouent jusqu'à jeudi 14 !

Bon week-end.
 
Clémence Hérout

Perspective

La fabrique des crétins

Posté le : 28 mai 2018 18:05 | Posté par : Clémence Hérout
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Si vous allez demain voir le cabaret Eden Teatro à l’Athénée (je dis « demain » parce qu’il ne reste précisément plus que la représentation de demain), vous commencerez par entendre un autre texte de son auteur Raffaelle Viviani, où il compare cinéma et théâtre en craignant que le cinéma soit une fabrique à crétins.

Pour le plaisir de le contredire, je vous propose un florilège de belles scènes de cabaret au cinéma.

Si vous n’avez pas vu Les Feux de la rampe de Charlie Chaplin, le caractère burlesque de cette scène avec Chaplin et Buster Keaton ne doit pas vous tromper sur le caractère sombre et testamentaire de ce film magnifique (je pèse mes mots) de 1952.
 
Si vous ne voyez pas la vidéo, cliquez ici.

 
 
En 1957, Audrey Hepburn réalise dans Funny Face (Drôle de frimousse) de Stanley Donen une danse pour le moins expérimentale dans un café parisien pour prouver au personnage de Fred Astaire que la danse est un moyen d’expression :
 
Si vous ne voyez pas la vidéo, cliquez ici.

 
 
Toujours à Paris, mais avec son style bien à lui (moins sobre, dirons-nous), Baz Lurhmann proposait en 2001 sa vision du Moulin Rouge avec Nicole Kidman :

Si vous ne voyez pas la vidéo, cliquez ici.
 
 
 
Dans Tournée, Mathieu Amalric donne à voir le milieu du new burlesque (2010) :
 
Si vous ne voyez pas la vidéo, cliquez ici.

 
 
Après un beau moment de solitude, Jim Carrey propose une interprétation très personnelle d’Elvis Presley dans Man on the Moon de Milos Forman (1999) :
 
Si vous ne voyez pas la vidéo, cliquez ici.

 
 
Et bien sûr, on ne pouvait terminer cette sélection subjective sans le bien nommé Cabaret de Bob Fosse sorti en 1972, où le personnage de Liza Minelli se produit dans le Berlin des années 1930.
 
Si vous ne voyez pas la vidéo, cliquez ici.

 
 
Un petit bonus juste pour le plaisir de donner raison à Raffaelle Viviani et de vous faire saigner des yeux et des oreilles, dans la lignée de ce formidable Carmen avec Beyoncé dont je vous avais parlé il y a quelques mois, un extrait de Glitter Mariah Carey chante dans un club.
 
Si vous ne voyez pas la vidéo, cliquez ici (ou pas, finalement)

 
En espérant vous avoir mis l’eau à la bouche pour aller voir le cabaret napolitain mis en scène par Alfredo Arias demain à 19 h, je vous souhaite une excellente semaine.
 
Clémence Hérout

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